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mardi 10 septembre 2019

Le Sphinx - Graham Masterton




The Sphinx, 1978 - Première parution VF en 1999 aux éditions Naturellement, collection "Forces obscures", n°4.

Illustration ci-dessus: Presses Pocket  - Collection "Terreur" - 9256 - réédition avril 2001

Graham Masterton, écossais né en 46, trace, entre autres et surtout, son chemin littéraire reconnu sur le fil du rasoir d'un Fantastique de Terreur.

Mon avis est mitigé. Du pour du contre. En égales proportions. La faute à pas de chance, sans aucun doute. Je ne suis pas tombé, semble t'il, pour une presque première approche de l'auteur, sur le roman de Masterton qui marque, qui impose l'auteur. D'autres avis, ailleurs, confirment, peu ou prou, l'impression. Il me faudra donner à l'auteur une autre chance. "Le portrait du mal" m'attire, il semble faire l'unanimité.

 Je m'explique et argumente mon ressenti mi-figue mi-raisin.

 A Washington, de nos jours, Gene Keiller (qui devient Keller en 4 de couverture Presses Pocket), un jeune politicien aux dents longues, jette son dévolu amoureux (fou et obstiné) sur Lorie Semple, une belle égyptienne aux yeux verts.
Masterton lui offre le look beauté fatale. On entrevoit, en décalage complet du récit réaliste en cours, la rousse et plantureuse vamp de "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?". Elle fréquente les cocktails diplomatiques de sa silhouette hautaine et distante, se prétend à mots couverts très lointaine descendante d'une énigmatique tribu jadis pourchassée par les Pharaons, celle des Ubastis, adorateurs de Bast, le dieu-lion. Ce furent et ce sont toujours "Ces gens là", dont il faut taire le nom et ne pas parler.
L'étrange relation de Gene et Lorie, qui n'a rien de charnel, débouche néanmoins rapidement sur le mariage (même si la belle lui arrache presque la langue au premier baiser fougueux) ... et les ennuis commencent pour notre amoureux transi, coureur frénétique de jupons pris à son propre piège. Les évènements irrationnels macabres se bousculent. Ils tendent tous à prouver que Lorie n'est pas ce qu'elle montre.

La suite appartient au roman et il y a du chemin à faire au cours du bref récit présenté.

Une vieille demeure victorienne gardée par des molosses (ou autre chose d'encore plus carnassier), un vigile muet et peu avenant, accessoirement garde du corps; une maman cougar ayant pour le moins le sens de la famille; un mari disparu dans de bien étranges circonstances. les ingrédients s'ajoutent aux ingrédients, il formeront au final un tout bien homogène.

On (qui se reconnaîtra, merci à toi, Jim) m'avait prévenu: "C'est un de ses romans dont on ne parle jamais, sans doute pas assez marquant (en bien comme en mal...)". Toujours est t'il qu'armé du recul d'un seul ouvrage de Masterton ("Magie Vaudou" de la série des Jim Rook dont je ne garde qu'un vague souvenir), et ayant voulu pousser plus avant dans l'oeuvre de Masterton, qui semble aimanter son lectorat, je suis dans une impasse avec "Le Sphinx". Il ne se suffit pas pour porter appréciation. Je ne le sens pas représentatif. A suivre.

J'ai été attiré:
_par la faible épaisseur du roman (passer beaucoup d'heures de lecture au coeur de la prose charnue d'un classique de la littérature générale prédispose à poursuivre avec quelque chose de moins touffu);
_par cette illustration de couverture qui montre un sphinx aux yeux incandescents vers lesquels, à maintes reprises, en cours de lecture je n'ai cessé de revenir, hypnotisé.
_par cette propension intéressante que semble avoir l'auteur de naviguer, d'un roman l'autre, de mythologies en mythologies, ayant existées ou qu'il invente. Ici l'égyptienne pharaonique où mes lectures sont rares, m'a tentée. Histoire de retrouver les atmosphères du Bilal BD de "La trilogie Nikopol" et "Les voies d'Anubis" de Tim Powers.

"Le Sphinx" m'a semblé avancer, comme annoncé, sans cesse en équilibre instable, entre un intérêt certain mais toujours en suspens, en attente de la phrase suivante, d'événements qu'on voit venir de loin et une présentation de la gente féminine pour le moins misogyne. Mais bon, rien de rédhibitoire, on y trouve les qualités du dépaysement et de la distraction, la maitrise des codes littéraires du fantastique à suspense.

L'ouvrage est plus thriller (le héros va t'il s'en sortir ?), voire même roman policier de déduction au décours d'une énigme de situation que l'auteur propose au lecteur de résoudre. Le tout est plaisant et rapide à lire, distrayant, voir didactique quand le psychologue consulté débriefe la personnalité de l'héroïne, mais on est quand même loin de la Terreur annoncée, j'y ai davantage vu le roman d'aventure bien mené, rythmé en diable.

Le style d'écriture est agréable, efficace, d'un métier certain.

Rendez-vous avec "Le portrait du mal". Faut t'il lire Oscar Wilde et "Dorian Gray" au préalable ?

14 commentaires:

  1. au final tu as été déçu car la réalité de cette lecture ne collait pas avec l'étiquette annoncée...

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    1. C'est, effectivement, un peu çà.
      1. Je n'avais, en tête, pas cette image-là de l'auteur. Mais, sans souci aucun, je pressens que "Le portrait du mal" rééquilibrera le tout.
      _La 1 de couv est un tantinet trompeuse, l'ombre du sphinx est maigrelette sur le tout.

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  2. Ce que tu dis du personnage féminin (son ascendance, sa mère possessive, l’explication didactique de sa psychologie) me laisse penser que Masterton s’est inspiré de La féline, le classique de Jacques Tourneur, et de sa suite.

    Pas d’escapade en terre d’Égypte, alors ? Avec ce que promettait la belle illustration de couverture, je comprends que tu sois déçu.


    Concernant Le portrait du mal, nul besoin d’avoir lu le roman de Wilde auparavant (en tout cas, ce n’était pas mon cas et je n’y ai trouvé aucune gêne).

    Par contre, si tu n’apprécies pas ce roman-là de Masterton, possiblement son meilleur avec une fin (pour une fois) originale, ce ne sera peut-être pas la peine d’insister avec cet auteur.

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    1. @☺Jim.
      Citation: "Ce que tu dis du personnage féminin (son ascendance, sa mère possessive, l’explication didactique de sa psychologie) me laisse penser que Masterton s’est inspiré de La féline, le classique de Jacques Tourneur, et de sa suite.
      >>>>>>>
      Alors je suis allé voir (car je ne connaissais pas)

      http://www.dvdclassik.com/critique/la-feline-tourneur
      ainsi que pour le trailer (malheureusement pour moi en V.O.)
      http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19420798&cfilm=942.html

      ... et, ma foi,le pitch est très très voisin et parlant de cette similitude: il y a du spoil dans l'air. La plus grosse divergence étant que le pays à l'honneur dans le film est la Serbie, l'Egypte dans le roman. Dans le lien ci-dessus la seconde photo montre Anubis, et là, je ne comprend plus. Il faut voir le film et l'astuce scénaristique associée, sans nul doute, pour comprendre.

      Le plus préjudiciable dans le roman est la tournure misogyne que prennent les rapports mari/femme dans les dialogues, surtout. Je me suis même pris à penser que cette vision n'était quand même pas issue de la fin des 70's, de là à penser que le roman avait été écrit bien avant ? Les considérations psychologiques diagnostiques apportées par le spécialiste le sont moins et semblent dans l'air de la période d'écriture

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    2. @Jim:
      Citation:"Pas d’escapade en terre d’Égypte, alors ? Avec ce que promettait la belle illustration de couverture, je comprends que tu sois déçu."
      >>>> Si peu égyptien, ce roman, en fait. Il est fait mention des raisons d'être des Ubastis, rien de plus, loin des centres pharaoniques éternels. Même le sphinx.....

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    3. En fait, Masterton est prisonnier du format court. Tout pour l'action. Boycott de l'aspect documentaire.Je m'attendais bêtement au Simmons de Drood et de Terreur. Ce n'était pas possible vu le peu de signes à sa disposition.

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  3. Tiens, on parle égyptologie dans le journal gratuit local...
    C'est pour l'ouverture d'une chaîne Youtube spécialisée :

    https://www.20minutes.fr/toulouse/2601411-20190911-video-chat-sacre-momies-explosent-toutankatube-chaine-youtube-depoussiere-egypte-ancienne

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  4. Au passage, le musée cité dans l'article est très sympa.

    Avec un beau masque de Jacques Chirac, datant de l'époque Edo ^^ :
    https://www.museegeorgeslabit.fr/musee/inventaire/masque-de-theatre-kyogen-buaku/

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    1. La ressemblance est dingue. À croire que Chirac a pris ses mimiques de visage pour ressembler au masque.

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  5. Je n'ai pas Masterton en PAL (je le croyais) mais il fait parti des auteurs (avec Koontz) qui me semblait les références du genre. à la mode dans les années 80 (peut-être grâce à King). Au final, je ne suis pas sûr que le temps leur fasse du bien. En tout cas, ce que tu en dis en me donne pas envie de découvrir ce roman. On verra pour un autre titre.

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    1. J'ai loupé mon rendez-vous avec Masterton en n'ayant pas fait le choix du bon livre, parmi ceux conseillés par Jim sur le thread ici consacré à "Le signal" de Chattam. Je le connais depuis longtemps: nous avons des lectures qui suivent invariablement le même chemin et les mêmes satisfactions communes.
      Masterton: cela aurait dû être "Le portrait du mal". Cela le sera bientôt. Le temps que je le trouve.

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    2. Suivant ce que tu en diras, je me pencherais plus sérieusement sur l'auteur.

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