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mercredi 9 avril 2025

Ted Nugent – Ted Nugent (1975)

 

 

Né à Detroit, dans le Michigan, en 1948, Ted Nugent fut, dans son domaine de prédilection, à savoir le hard-rock, un virtuose de la six-cordes électrique. Il parvint à une certaine notoriété internationale ... malgré certains à-côtés moins glorieux de sa personnalité (voir plus loin). Ce fut un guitar-hero typique des 70’s, un matamore parmi tant d’autres … et, peut-être même plus qu’un autre dans la démesure qu’il appliqua à son art et le nombrilisme qui façonna sa façon d’être. LUI et son Grand Cirque Sonore parcoururent le monde des décennies durant. Le musicien, l’homme et sa zique : tout un poème tendu de bruit, de fureur et de coups de gueule à contre-courant. Il se montra « M’as-tu-vu-moi-et-ma-guitare » façon Attila du riff sauvage et du solo ébouriffé ; derrière cézigue les notes ne repoussent pas. Bienvenue en pays de hard-rock-blues où la guitare en folie atteignit son paroxysme. Au programme : chevauchées fébriles de quadruples croches en ordre de bataille, rempart de gros amplis empilés façon Tétris, vu-mètres obstinément dans le rouge. Sortez les boules Quies, prévoyez les sonotones à venir .. Nugent nous a fait frissonner les tympans.! Il en devint sourd ce qui ne l’empêcha pas d’enregistrer ses derniers albums.

Ted Nugent. Dit Gonzo (en italien :  fou, bizarre, extrême, excentrique …), Encore surnommé « Motor City Madman », du nom d’une de ses chansons fétiches. Voire « Le Grand Bison Blanc » (« Great White Buffalo », un autre de ses titres), celui aux sabots trempés dans l’électricité live qu’il rameutait à grands fracas du backstage vers l’avant-scène. On l’y voyait parfois, armé d’un arc et de flèches… si ce n’est aussi, hélas, de fusils de guerre (la face sombre de sa personnalité).

 Ted Nugent. Une bête de scène souvent torse poil, un grand corps dégingandé, jeté tous azimuts sous les à-coups de sa guitare sous nitro, des poignets de force cloutés (iconographie hard oblige), une abondante chevelure hirsute, un bandeau frontal façon jogging en sueur, une veste à longues franges en daim ... Un personnage, en somme, haut en couleurs, caricatural, presque un personnage déjanté de BD, si ce n’est qu’au-delà de la musique … une autre réalité montre le bout du nez.

Car Ted Nugent fut une p***** de grande gueule à qui le silence aurait parfois mieux convenu en politique. L’homme s’accrocha à Trump du temps de sa première mouture électorale, se positionna pro-NRA (National Rifle Association, le lobby des armes à feu. Le guitariste, pour imager le propos, se montra guitare-mitraillette au poing (comme à balles réelles ?) en une de couv de « Weekend Warriors ».

 Avec lui, en outre, affirma t’il à qui ne voulait pas l’entendre, pas de fumette, de produits illicites, rien qu’une vie saine. Ben voyons. Plutôt un excès de singularité, une façon orgueilleuse de se présenter, de ne pas se montrer, in fine, comme les autres.

Tout cela m’aurait été totalement rédhibitoire si le bougre n’avait pas eu du talent à revendre. Il savait y faire, même aux commandes d’une énorme demi-caisse Gibson Byrdland inattendue et totalement inadaptée au hard (et de ce fait totalement indispensable). Elle aurait, à priori, mieux convenu aux habits western des joueurs de country-swing, aux costards-cravates des jazzmen des 50’s-60’s. Elle se prêtait plus aux joliesses mélodieuses d’un Wes Montgomery qu’aux riffs graisseux hard-blues et à l’habit céleste de guitar-hero des 70’s que le Nuge endossa. Du coup, il obtint de sa gratte un son atypique, et aidé de ses dix doigts véloces et agiles qui allaient bien avec, le tout fit sa fortune musicale..

 Ted Nugent fut un temps recordman mondial des décibels déversés chaque soir sur scène, sono à donf les potentios, explosive et détonante déflagration flirtant avec celle du tonnerre sur l’horizon, le son comme un souffle percutant, tel le mur de la canicule au sortir de l’ombre. Mes tympans, en direct live, s’en souviennent, à deux doigts de rendre peau percée. C’étaient les 70’s quand la puissance live en watts n’était pas encore justement limitée.

Juste avant de s’acoquiner à une carrière solo, il fut de 67 à 75, avec les Amboy Dukes, un solide lead six-cordiste. Il s’y montrait plus soft, fondu dans la masse, discret (çà va vite changer), beaucoup plus psyché(délices) de forme et de fond que matamore blues-rock.. Je l’y trouve, quelques albums durant, dans l’attente retenue des déflagrations sonores qu’il mijotait déjà.

         Son premier album, éponyme, donne le ton. Mieux, la photo en une de couverture, tremblotante et frémissante, à la mise au point volontairement imparfaite et hésitante, annonce d’emblée la couleur : le hard-rock inclus sera fiévreux et explosif, excitant et énergique. Contenant et contenu sont en parfaite adéquation. Le cliché offre des promesses détonantes et la galette de cire noire sous la pointe du saphir les tient. L’image montre un corps tendu, accroché aux bends en main gauche jusqu’à la rupture des cordes. L’impact guitar-hero y apparait dans toute sa splendeur et, malheureusement, dans tout son orgueil. Mais on s’en fiche, la sauce prend et nous emporte au bout de milliers de notes bousculées jusqu’à plus soif. L’opus est une caricature de l’époque, en post Cream du pauvre, assaisonnée de piments et saupoudrée de nitroglycérine. Cette thématique graphique renaitra d’album en album. Rien n’est serein mais affiche excitation, énergie et violence.

     Le listing enquille les chevaux de bataille qui, sur scène rendront tout leur jus des années durant ; c’est un défilé de monstrueuses cavalcades rythmiques et solistes. « Strangehold », « Stormtroopin’ », « Just what the doctor ordered », « Snakeskin’ cowboys », « Motorcity madman ». Les cinq albums studio sont des incontournables du genre. « Double live - Gonzo », 2LPs Live, couvre la période. C’est un témoignage phénoménal d’une époque où le rock se maquillait outrageusement de décibels comme surgis d’un volcan en éruption, de hurlements sauvages et de frissons électriques suramplifiés.

 

Illustration sonore : « Strangehold »

« Cat scratch fever » de l’album de même titre

 

Gibson Byrdland 1962


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