Accueil

Accueil
Retour à l'Accueil

dimanche 18 novembre 2018

Le Signal - Maxime Chattam

2018

 
En préambule à cette chronique: un avertissement.
J'avais ouvert le présent article antérieurement à ma lecture du roman sous le titre temporaire de "A suivre". Il comportait l'illustration de couverture seule.
Un commentaire bienvenu (merci Jim) et sa réponse sont antérieurs à la date de mise en ligne de la totalité de l'article (16/12/2018).
Tous les commentaires antérieurs sont donc a considérer comme tels.



Quatre de couverture:
"La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls.
Un havre de paix.
Du moins c’est ce qu’ils pensaient....
Meurtres sordides, conversations téléphoniques brouillées par des hurlements inhumains et puis ces vieilles rumeurs de sorcellerie et ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents...
Comment le shérif dépassé va-t-il gérer cette situation inédite?
Ils ne le savent pas encore mais ça n’est que le début…
Avez-vous déjà eu vraiment peur en lisant un livre ? "

La 4 de couverture ne dit pas grand chose.
Tout est à l'intérieur, entre les pages bordées de noir. On dirait des faire-part de décès empilés les uns sur les autres. Ils symbolisent sans doute toutes les morts violentes en attente de lecteur. L'illustration de couverture donne le ton:  le noir, le sombre, la nuit seront omniprésents ...

"Le signal" est mon premier Chattam lu. J'en sors enchanté comme d'un long voyage qui a tenu, presque, toutes ses promesses. L'écrivain semble avoir ses aficionados qui lui reviennent fidèles à chaque nouvelle parution. J'ai voulu comprendre. Je ne regrette pas...

La peur promise par la 4 de couverture est au rendez-vous. Elle surgit de temps en temps, à point nommé, à la conclusion d'instants clés de l'intrigue. Un Fantastique sauce gore est alors à l’œuvre, violent et définitif. En préalable, savamment dosée et montée en graine, l'angoisse monte peu à peu à la faveur d'un Fantastique soft plus classique. Le mal-être atteint son apex via une accélération progressive de l'action ou brutalement aux détours d'un clame trompeur. Les vieilles recettes, les vieilles ficelles sont à l’œuvre mais très efficacement utilisées. La méthode est rodée, le rendu est intense, certaines descriptions et situations sont dantesques. Les lecteurs sensibles iront chercher la tête sous le livre ouvert une protection illusoire. J'ai lu certains chapitres en milieu de nuit: l'imagination travaille alors au-delà du raisonnable, noue réalité et cauchemar. Les craquements auxquels j'étais d'ordinaire habitué devinrent "autres choses" comme extirpées des pages lues, posées sur la réalité.

"Le Signal" se revendique en exergue, des influences conjointes de Stephen King et de Lovecraft. Le "à la manière de" issu du premier est plus prégnant. On y sent le papa de "çà" à plein nez. Son empreinte typique marque certains ingrédients au menu: des noms de lieux connus du King-addict, l'écrivain en mal d'inspiration (le père de famille), le regard tout particulier posé par la jeunesse sur l'irrationnel, le chien qui sent derrière le réel avant ses maîtres, la famille qui dans l'union trouve sa force. Ne manquent au roman, du moins à mon sens, que les longues digressions en ponctuations tranquilles qu'affectionne Stephen King. Apartés que j'ai toujours appréciés chez l'auteur comme instants de littérature blanche au cœur d'un roman catalogué "mauvais genres". Chattam passe rapidement d'une horreur à l'autre, marque peu de respirations, décoche des rafales fantastiques en tirs successifs serrés.

Le long épilogue, de surcroît apocalyptique, est très science-fictif de fond.

En conclusion, un long et excellent moment de lecture.



32 commentaires:

  1. De Chattam, je me souviens n’avoir lu qu’un bouquin, il y a longtemps : L’âme du mal, classique jeu du chat et de la souris entre flics et tueur, sur fond esotérique (en référence à l’enfer de Dante, si ma mémoire ne me trahit pas...)
    À part ça, je ne me rappelle de rien.

    Je suis curieux de ton avis sur ce dernier roman.

    RépondreSupprimer
  2. je n'ai pas écrit de chronique pour cette lecture, que j'ai adorée, car j'étais sure que tu saurais mieux décortiquer les impressions et sensations éprouvées tout au long des pages.

    j'espère que cela t'aura donné envie de poursuivre avec Chattam!

    PS: j'avoue, je fais partie des aficionados dont tu parles plus haut :-D

    RépondreSupprimer
  3. Il semblerait que l'auteur change de registre à chaque publication..?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. non, pas forcément à chaque publication...mais il peut y avoir des surprises ;-)

      Supprimer
  4. Le tout est quand même très cinématographique, non ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je me suis souvent fait la réflexion, en lisant les thrillers de Chattam, que ce serait bien en adaptation ciné.. et même la série fantastique " Autre monde".
      Peut-être un jour!

      Supprimer
  5. Je trouve deux plus à ce roman:
    _la mise en œuvre du déclenchement de la peur chez le lecteur,ses mécanismes de création sont parfaitement maitrisés. Du moins, çà a fonctionné sur ma sensibilité personnelle. PS: Je n'ai jamais été à l'aise sur ce genre de fantastique exacerbé.
    _le clin d’œil destiné à Stephen King.

    Je trouve en parrallèle un moins. Trop long. Je ne suis dis: "quel choc si le tout avait été plus concentré..!"
    Certains commentateurs signalent aussi un hommage à Masterton, mais n'ayant lu qu'un roman de cet auteur, je ne peux en percevoir les signes.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je ne connais pas du tout l'auteur que tu cites. moi j'ai seulement vu les clins d'oeil à King et le style qui s'en rapproche.

      Supprimer
    2. L'auteur cité est cher à Jim..!

      Supprimer
    3. _ « Les vieilles recettes, les vieilles ficelles sont à l’œuvre mais très efficacement utilisées. La méthode est rodée, le rendu est intense (...) »

      Le fantastique sanglant, comme le policier du même type, se prête bien à ces mécaniques implacables qui font les bons page-turners.

      _ « Ne manquent au roman, du moins à mon sens, que les longues digressions en ponctuations tranquilles qu'affectionne Stephen King. Apartés que j'ai toujours appréciés chez l'auteur comme instants de littérature blanche au cœur d'un roman catalogué "mauvais genres". »

      Je n’ai lu King que par bribes mais ce sont aussi ces passages que je préfère.
      La critique reconnaît aujourd’hui Stephen King, par-delà l’écrivain de mauvais genres, comme un grand peintre des Etats-Unis d’Amérique.

      _ « Certains commentateurs signalent aussi un hommage à Masterton, mais n'ayant lu qu'un roman de cet auteur, je ne peux en percevoir les signes. (...) L'auteur (...) est cher à Jim..! »

      Alors... l’écossais Graham Masterton, s’il est populaire, n’est pas un écrivain de la trempe de Stephen King.
      C’est essentiellement un auteur de séries B dont les marques de fabrique sont l’utilisation de folklores fantastiques du monde entier et une propension à pousser très loin les curseurs du gore (et ce dès les premières chapitres de ces romans).
      Il a tendance de se reposer un peu trop sur des formules par lui éprouvés et me semble parfois bâcler la fin de ses récits, mais quand il est en forme, je trouve ses histoires d’horreur fort dépaysantes et accrocheuses.
      Son meilleur titre est sans doute Le portrait du mal, dérivé du Portrait de Dorian Gray, qui bénéficie d’une fin forte et originale.

      Supprimer
    4. @Jim:
      Citation: "Le fantastique sanglant, comme le policier du même type, se prête bien à ces mécaniques implacables qui font les bons page-turners."
      Tiens c'est marrant, tout du long de la lecture j'ai pensé au qualificatif "page-turner", et il ne m'est jamais venu sous le clavier. Et pourtant, il convient à merveille au roman.

      Supprimer
    5. @Jim:
      Citation: "La critique reconnaît aujourd’hui Stephen King, par-delà l’écrivain de mauvais genres, comme un grand peintre des Etats-Unis d’Amérique". Un bon pour la postérité ? Tout le bien qu'on lui souhaite, au final..! Les "mauvais genres" vaincront...!

      Supprimer
    6. @Jim:
      Citation: "C’est essentiellement un auteur de séries B dont les marques de fabrique sont l’utilisation de folklores fantastiques du monde entier". Ici, Chattam utilise le Wendigo. "une créature surnaturelle, maléfique et anthropophage, issue de la mythologie des Amérindiens algonquiens du Canada, qui s'est étendue dans tout le folklore d'Amérique du Nord" dixit Wikipedia.

      Supprimer
    7. @Jim:
      Citation: " et une propension à pousser très loin les curseurs du gore". C'est bel et bien le cas ici, on n'est plus dans le suggéré mais dans celui du descriptif sans fard.

      Supprimer
    8. @Jim:
      Citation: " Son meilleur titre est sans doute Le portrait du mal, dérivé du Portrait de Dorian Gray, qui bénéficie d’une fin forte et originale." Eh ben, tu vois Cheyenne on a du pain sur la planche.

      Merci, Jim, d'être passé..!

      Supprimer
    9. ça me dirait bien de le lire ce roman ( le portrait du mal) .. puisque j'ai déjà lu le Dorian Gray :-D

      Supprimer
    10. Ben voilà...! Jim a encore frappé. Et c'est une excellente source de bonnes lectures (depuis le temps que je le connais). C'est lui qui m'a appris Ballard, Priest et quelques autres.

      Supprimer
    11. https://static.fnac-static.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/6/1/0/9782811203016/tsp20130829232916/Le-portrait-du-mal.jpg

      Supprimer
    12. oula, rien que la couverture risque de me filer des cauchemars!

      Supprimer
    13. MDR. Bah, tu as bien survécu au coup de la fille dans la baignoire..!

      Supprimer
    14. Perso, après çà et depuis, je me contente de douches..!

      Supprimer
    15. Rien qu'en me lavant les dents je regarde le trou de la vasque d'un sale œil et me méfie des bruits qui remontent derrière le siphon.

      Supprimer
    16. Cà y gargouille le long des tuyaux et çà y bredouille des paroles sourdes comme mâchées en bouche par des pierres entrechoquées, çà me dit des trucs que je ne comprend pas..!

      Supprimer
  6. merci Jim pour ton explication concernant l'auteur écossais.. j'ai l'impression de le connaitre un peu maintenant ;-)

    RépondreSupprimer
  7. Ravi d’avoir pu vous renseigner. ^^

    _ « Ici, Chattam utilise le Wendigo. "une créature surnaturelle, maléfique et anthropophage, issue de la mythologie des Amérindiens algonquiens du Canada, qui s'est étendue dans tout le folklore d'Amérique du Nord" dixit Wikipedia. »

    C’est sans doute là, Avin, que certains commentateurs voient dans le Chattam un hommage à Masterton.
    En effet, ce dernier a une prédilection pour le folklore amérindien et a signé un « Wendigo » en 2009 (je ne l’ai pas lu, celui-là...)

    Avant ça, c’est avec Manitou, en 1975, que sa carrière a décollé.
    Ce roman, proche de l’Exorciste, a connu une adaptation cinématographique (avec Tony Curtis) et plusieurs suites.

    Personnellement, j’ai un faible pour les romans qui utilisent le personnage de Coyote, pas commode lui non plus : La maison de chair et Magie indienne (les Magie... forment une série pour la jeunesse).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai récemment lu (il y a quelques années quand même) "Magie vaudou". L'enfance, l'adolescence y tiennent une place certaine.

      Supprimer
    2. Pour revenir sur La maison de chair, je viens de relire la courte critique de Daniel Walther (archivée sur nooSFere) et j’y souscris pleinement :
      « Graham Masterton n'est pas Stephen King, mais les livres qu'il écrit tiennent ce qu'ils promettent : leur dose de frissons et d'émotions fortes, avec en prime une bonne pincée d'humour noir.
      (...) Maison de chair [est] hantée par Coyote, le Grand Monstre, l'Entité cruelle et destructrice surgie par magie et sortilège du terrible pandémonium des Peaux-Rouges d'Amérique du Nord, cette demeure qui respire, mord et déverse sur le monde sa peste d'outre-monde, est un pendant américain de Malpertuis.
      (...)
      Il y a dans ce livre un souffle parfois panthéiste et un suspense qui ne marque jamais le pas. On pourrait lui trouver des défauts, des invraisemblances, mais comme on ne s'y ennuie jamais, je ne vois pas pourquoi on irait chercher trop de puces dans le pelage de Coyote !
      Par Gitchi-Manitoo, j'ai parlé avec une langue droite ! »

      Supprimer
    3. Jim, en un post, le précédent, tu fais remonter deux de nos auteurs favoris en commun. A savoir Daniel Walther (pour la SF) et plus particulièrement Jean Ray (pour le Fantastique). Tu sais mon appétence plus prononcée pour un Fantastique soft, suggéré plus que décrit sans filtre (par exemple Fazi). Mais tu m'es tentateur concernant Masterton: je vais essayer de pousser plus avant sur le chemin amérindien ci-dessus. Tes mots associés à la force de frappe de ceux de Walther ont achevés de me convaincre. Coyote, me voilà, le beep-beep que je suis ("un jour je t'aurai") va essayer de se protéger de la frousse.

      Supprimer
  8. Je te remercie en retour de m’avoir fait me repencher sur le cas Masterton, parce que ça faisait longtemps et que je découvre aujourd’hui des parutions récentes qui peuvent m’intéresser, notamment :

    _ un essai intitulé « Graham Masterton, Le faiseur d'Histoire - L'Histoire en mode thriller »

    http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/aplat/9782343152240.pdf

    _ un roman en collaboration avec William S. Burroughs (ça, c’est une surprise), élaboré dans les années 60/70 mais paru seulement en 2010

    https://www.fantasticfiction.com/m/graham-masterton/rules-of-duel.htm

    RépondreSupprimer
  9. Pour ce que tu dis de ce Chattam, cela ressemble à l'idée que j'avais eu du premier et seul roman que j'ai lu de lui, L'âme du mal. Sauf que je n'ai pas spécialement aimé. Les "vieilles recettes" me faisaient l'effet d'avoir déjà lu et vu 1000 fois ça. Manque d'originalité mais bien écrit pour autant. Pas King mais un faux air de Cornwell. En tout cas, il ne m'a pas convaincu avec ce titre là mais peut-être est-il plus à son aise avec le fantastique?

    RépondreSupprimer

Articles les plus consultés