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dimanche 5 mai 2019

Status Quo, les bûcherons du boogie-rock (période 1973-1977)


                 


                Mon intérêt pour ce groupe anglais remonte à 1973 et dure jusqu'en 1977, de "Hello" à "Blue for you", le temps de quatre albums studio et d'un live. J'étais alors dans la mouvance Deep Purple, Led Zeppelin, Black Sabbath et parallèlement dans celle, d'un tout autre registre, de Genesis version Peter Gabriel.

                De part et d'autre de cette parenthèse temporelle de 5 ans il y eut, pour le combo, un avant et un après . D'un côté les années psychédéliques et celles des premiers pas boogie-rock durant lesquelles son renom fut moindre, de l'autre celles où le versant hard-rock s'assagit. Dès "Rockin' All Over The World", au gré de tournées d'adieux s'enchaînant sans fin, annoncées comme suit: "C'est la dernière fois que vous les verrez sur scène", le groupe prend le cap d'un boogie plus soft.

                1973- 1977 furent mes années Status Quo. Celles résolument hard du groupe. Je ne renie pas cette période à une musique simplissime consacrée. Le hard-boogie-rock du groupe me chopa alors le temps de quelques albums. Corps et âme. Le coup de foudre vint, la magie s'installa et s'est ensuite évanouie doucement au gré d'autres rencontres rock plus sophistiquées. La routine musicale qu'imposa le groupe, quelques albums si semblables les uns aux autres, lui fut presque fatale.
                                                                                                                            
                1973-1977 fut pour le groupe l'intervalle de temps où il s'installa dans un son hard-blues archétypal, graisseux, gras, puissant, asséné au marteau-pilon. Ce fut le début du "sold out" des concerts "all over the world" (même si le titre ne vint en studio qu'en 78).

                Pourtant, en 1973, le groupe n' avait absolument rien inventé, pompant, s'inspirant, mettant au goût du jour un style fort prisé des bluesmen noirs américains des années 20: le boogie. Le roulement lancinant des wagons le long des rails.

                Pas de sophistication musicale, pas de dentelle ni de finesse, pas de recherche; du brut de pomme, de l'essentiel, du primordial réduit à sa plus simple expression; un balancement métronomique incessant; du bourrin bien binaire rentre-dedans et dansant. Des riffs musclés, épais, répétés et martelés jusqu'à la fin du monde. Les leitmotiv étaient répétitivité lancinante, schémas réitérés jusqu'à plus soif au sein d'un même morceau, d'une plage à l'autre, d'un album au suivant. Des refrains entêtants comme sortis des gorges d'un stade de rugby britannique. Les maitres-mots étaient pêche, énergie, électricité, headbanging, bonheur et sueur du corps qui danse jusqu'à se vider de toutes ses calories. Un critique rock disait d'eux qu'ils avaient boosté les ventes de manches à balai-guitare et celles des miroirs sur pied. MDR. Les cheveux longs des garçons tournaient inlassablement autour des têtes en longues gerbes dorés ou brunes, au sol comme des gifles de chasse poussière. Secoues ton crâne camarade, il en jaillira la bonne parole du boogie.  Les membres du Quo se firent bûcherons du boogie-blues, scièrent inlassablement, lames brûlantes, dans une masse compacte de refrains à tue-tête chantés, de riffs lourds et tranchants et de soli acérés. Status Quo sur scène devint une fête offerte à qui veut bien communier, le balancement prit la foule...et le mythe naquit.


                "Hello" entre en scène en 1973 sur les platines HIFI. Le saphir gratte et grappille le son au fond du sillon de
vinyle. Le bras de lecture s'échoue en bout de face, revient et repart, inlassablement. Des centaines de fois revient sur l'ouvrage. Incontournables boogies aux sempiternelles refrains qui vrillent les cervelles: "Roll over lay down" et "Caroline". "Hello" et sa pochette noire corbeau où les silhouettes à peine visibles des musiciens debout, lèvent les bras au ciel, comme en écho à ce qu'ils montrent en fin de show,  en signe de victoire. Magie des pochettes 33 tours d'antan où il y avait à voir et à toucher. Mépris pour ces minuscules carrés de cd d'aujourd'hui: art envolé, design avorté.
 
 
                "Quo", l'album de 74, tourne et retourne sans cesse sur la platine. Jusqu' à la corde ! Jusqu' à l' usure! Jusqu' à la démesure ! La sauce délibérément hard qu'avait initiée le groupe avec l'opus précédent prend corps. Le nouveau son semble montrer un caractère définitif. Le zénith de la formation est atteint, marque un palier qui va tenir encore le temps de deux productions studio et d'un live miraculeux  Le Quo emballe la planète.




                En 75 et 76, le groupe tient la rampe avec "On the level" et "Blue for you". Deux albums du même tonneau. On ne change pas une équipe qui gagne. Les mêmes bonnes vielles recettes. Pas de changement de cap.


                L' apothéose allait se nommer "Live" en 1977. Un 2 lp mirifique que j'allais user jusqu' à l' os, galette noire rongée, rayée, trouée. Status Quo inventa la dentelle du Puy vinylique. Un best of en terrain de prédilection: la scène. Un Quo et son public acquis d' avance; à qui il donnait et de qui il recevait. Tous les standards d'alors alignés en rafale, véritables boulets rouges lancés  vers un public répondant du pied en cadence, du briquet allumé, dodelinant de la tête comme les 2 guitaristes sur les planches. Deux fois, je vis le groupe dans ces années-là; Parfitt, Rossi et consorts enflammèrent l'auditoire comme jamais, ou presque, je ne l'ai revu depuis. Seul Rory Gallagher près de 10 ans plus tard ,allait me redonner les mêmes sensations: pas de chichis sur scène, rien que la musique.  La scène était le fief du Quo, les prestations studio n'étant que pales échos de la magie qu'il dégageait en live. Le plus étonnant fut que ces deux concerts demeurèrent les moins chargés en décibels de tous ceux auxquels j' assistais. Pas de tympans bouchés pendant trois jours. Comme quoi: inutile de franchir le mur du son pour l' éclate totale.

                "Live" en 1977 marque le point d'orgue d'une époque. Au delà le groupe s'essouffle, impuissant à se renouveler. Son public s'échappe peu à peu. Le clonage devient de rigueur. Le groupe s'enfonce, déclin des ventes malgré quelques titres phares. Le batteur part vers d' autres cieux. "Rock & Folk" aborde le spectre de la séparation. Le groupe entame sa première tournée d' adieux. La relève vient d' Australie et emporte tout sur son passage. ACDC, dans le même registre ou presque, surgir et bouscule tout en quelques LP majeurs.

                Mais le Quo ne peut mourir. C'est un phénix qui renaît de ses cendres.  "Rockin' All Over The World" grimpe au hit-parade, une palanquée de titres phares déboulent, tous à la traîne de 33 tours.  Le Status Quo nouveau est arrivé. Il cartonne. Encore et toujours les mêmes tempos à tombeau ouvert, breaks, solos et refrains. Le fond n' a pas changé, la forme si: l' arrière plan hard s' est volatilisé, la rythmique devient plus soft, sucre et mollesse. Du neuf avec du vieux.

                Les désormais papys bûcherons du boogie-rock ont abandonné la râpe, la scie sauteuse et le marteau pilon pour le coton et chamallow (pas tapé..!). Continuent les disques et les tournées d'adieux malgré le décès de Rick Parfitt. En 2014, la formation d' "Hello" à "Live" remonte sur scène le temps du Frantic Tour Reunion: la magie renaît le temps d'une brève reformation.
 

                Quelle influence le Quo de l'époque 1973 à 1977 a t'il eu sur la scène internationale..?
Le boogie-rock, sur la poussée du groupe britannique,  était alors en pleine expansion hexagonale. Penchant hard du disco qui allait prendre forme jusqu'à l'omniprésence et mourir. Maints groupes s'accrochèrent au "Status Quo way of music".
                Ganafoul par exemple, à Givors (banlieue industrielle au sud de Lyon), emboîta le wagon du genre, plus âprement, plus techniquement que ne le fit jamais le Quo. Rhône Alpes, avec les succès conjoints de la scène lyonnaise d'alors (Factory, Starshooter, Ganafoul) sonnait aux accents du rock. Fierté provinciale et revendication de clocher. Ganafoul et sa pêche, sa magie, sa force brutale et pourtant son échec. Trop tôt ? Trop tard ? Non, tout simplement français et sans espoir de distribution efficace.
                Les britanniques de Wishbone Ash fricotèrent quelque peu avec le boogie rock, la dentelle et la subtilité en plus. La sophistication ne paie pas forcément, la technique instrumentale non plus. Le groupe devint mythe, n' intéressant qu' un minuscule noyau de fans dithyrambiques. Le groupe tourne toujours. Si de part chez vous il passe: ne le loupez pas. C'est un miracle des seventies où se tressent la magie de twin guitars qui tressent des soli et des rythmiques de toute beauté, le chant n'y est pas hard et s'essaie à la douceur des harmonies.

                Status Quo est musique de fête, musique de joie, musique de danse.
                Sans fioriture, sans prise de tête... Rien que la joie simple d'être là et de bouger ...
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        Long Live The Quo..!

Ps: Junior's Wailing,  étant en studio hors période 1973-1977, car inclus dans l'album "Ma Kelly's Greasy Spoon" (1970), n'apparaît ici en lien video que grâce à la magie de la voix annonçant le groupe sur scène. Je ne pouvais l'omettre, les mots choisis collent à merveille au show à venir.

 








     
    

    

    


    

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