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dimanche 29 septembre 2019

Rouge comme la neige - Christian de Metter



Ed. Casterman - 2014

Quelqu'un, ici, sur Babelio, a eu les mots pour me convaincre d'aller vers ce dessinateur/scénariste français, Christian de Metter, que je ne connaissais pas encore. Quand, sur le site, les coups de cœur argumentés libèrent des chroniques enthousiastes et sans fard, via des mots simples comme sortis du cœur, les livres lus sous l'impulsion ne sont presque jamais sources de désenchantement. Il est rare de ne pas être emballé à son tour. C'est le cas ici.

Je suis moins BD que roman traditionnel. Néanmoins quand elle est pavé graphique (ici 120 pages) l'envie parfois me vient d'y goûter. Il me semble y trouver plus de matière que sur une BD classique vite lue vite consommée; et, partant, plus de temps à y consacrer, à éventuellement savourer.

Je suis plus Polar que Western. L'illustration de couverture ne laissant aucun doute sur l'ancrage au pays des cow-boys, j'aurais pu passer mon tour; si ce n'était que du titre suintait un lourd parfum polar qui méritait de pousser plus avant. Le rouge, celui du sang, celui du meurtre est si typique de la matière policière. Quand à la neige immaculée ... elle n'est que la page vierge de mystères non encore écrits et élucidés.

Colorado. Hiver 1896. La Guerre de Sécession est terminée depuis un an. Jodi MacKinley et son jeune fils Sean vivent seuls dans leur ferme isolée depuis que le mari, George, est mort à la guerre dans les rangs de l'Union et qu'Abby la cadette a disparue depuis six ans, elle était alors si petite.
A la croisée des parallèles, dans la petite ville voisine, Bucky MacFly, un marginal pour le moins énigmatique, est jugé pour rapt présumé mais raté d'enfant. Le procès attire la jeune veuve avec l'espoir d'encore trouver Abby vivante.
Jody et Bucky vont se rencontrer au procès, déjà s'affronter sur le fil du rasoir d'un double jeu dominant/dominée. Le second en pervers narcissique dans l'objectif de sa simple survie. La première viscéralement maternelle et instinctive, nourrie d'espoirs incertains.
A l'issue d'une longue traque dans la neige, brutale et sanglante, les deux se verront emportés, sans espoir de retour, vers leurs destins réciproques.
Le redoutable hiver qui sévit sera le background visuel, l'écrin blanc et froid, l'échiquier naturel sur lequel s'agitent des pièces d'inégales valeurs au sein d'un jeu mortel sans règles bien précises. Personne ne sortira indemne de ce Grand Blanc, de ce Grand Nulle Part, de ce Grand Rien où la neige est tout et le sang une simple signature . Le KO est dans l'air. A qui le mat quand net et pat sont impossibles ? Chaque personnage, quel que soit son rang dans le drame en cours, simple pion ou pièce maîtresse, se verra ciselé au ras de ses mécanismes psychologiques internes via les tournures du dessin ou celles écrites dans les phylactères.

Les éléments de l'intrigue à minima ici présentés ne sont qu'un début, la suite appartient au magnifique roman graphique en cours. Je vous laisse, si l'appât vous tente, entre les mains d'un redoutable scénariste qui a plus d'un tour dans son phylactère, entre les pinceaux, crayons et couleurs d'un dessinateur attachant, maître de son art. L'histoire au terme de rebondissements bien amenés prend aux tripes, elle a du cœur et une épaisseur dramatique digne d'un roman classique.

C'est du western mais aussi du thriller pur jus. L'auteur joue de son lecteur comme les maîtres du genre l'ont fait. l'intrigue est tordue, sinueuse, alambiquée et prenante. Adaptée au cinéma l'intrigue prendrait les habits d'un road-movie dans lequel les chevaux remplaceraient les bolides automobiles.

Au niveau dessin: de Metter nous gratifie d'un crayonné léger, de peu ou pas d'encrage; presque des croquis, des esquisses/ébauches colorées proches de la photographie. La surprise première laisse place à l'ébahissement: c'est beau, c'est de l'art et çà parle au cœur et à l'âme. Les coups de crayons nous montrent la nature dans sa beauté hivernale et des hommes au ras de leurs amours et de leurs haines, de ce qu'ils sont au plus près .
Les couleurs d'automne omniprésentes, en prémisses de l'effacement de celles d'hiver, surlignent le froid régnant, la dureté des conditions, l'isolement de la tragédie en cours dans le Grand Blanc, le presque grand vide qui l'entoure.

4 commentaires:

  1. là je dois dire que tu m'as convaincue.. si je le trouve dans ma médiathèque, je le prends! y aurait pas moyen de mettre une photo de l'intérieur du livre? ( pour voir les dessins )

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    1. On voit les dix premières pages sur BDGest' (faut cliquer dessus pour les voir en grand)

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  2. je viens de vérifier.. il est dispo dans ma médiathèque!!

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