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vendredi 11 octobre 2019

Les Vacances de Maigret - Georges Simenon





Édition  sans doute originale (1948) en Presses de la cité (je ne la possède pas)

Omnibus France-Loisirs 2016 (je l'ai)

J'ai commis une erreur et un éditeur aussi, me semble t'il. La même bévue, ou presque. Involontaire me concernant; délibérée pour "France-Loisirs". Ce n'est que mon humble avis mais je vais l’ argumenter. Mais rien n'est grave et tient plutôt de l'anecdote amusante. L'erreur me fut, de mon côté, de lire dans la foulée; de l'autre d'avoir publié accolés dans un même omnibus, deux romans de Simenon : "Maigret àVichy"* et "Les vacances de Maigret". Ils se trouvent dans un gros pavé, au demeurant excellent; dans une collection dédiée à l'auteur qui vaut le détour et que je suis fier de posséder dans son intégralité, C'est de "Georges Simenon 12" dont il s'agit. L'épais volume regroupe deux romans "durs" et trois épisodes consacrés au Commissaire. Le problème est que les susnommés se ressemblent tant que lire l'un c'est presque lire l'autre. Les deux récits se mélangent dans les intentions d'auteur, dans les ressentis de lecture, empruntent des chemins similaires d'études psychologiques et d'intrigues policières; même si, au final, les criminels démasqués ne se ressemblent pas du tout. Quelle idée éditoriale d'accoler, qui plus est à la suite l'un de l'autre, deux aventures si semblables qui font doublon ? En conséquence le premier lu apporte satisfaction, le second déçoit, une impression de déjà-lu à ses talons.

Maigret, comme toujours en août, part en vacances avec Madame. Les deux romans offrent des destinations différentes: un été, Vichy, où Maigret, forcé et contraint, subit des soins thermaux fastidieux; l'autre, les Sables-d'Olonne,  où Madame, dans une clinique, se fait opérer en urgence d'une appendicite. Dans les deux cas: Maigret s'ennuie et inaugure des rituels de promenades quotidiennes monotones qui amusent un temps le lecteur. Simenon, en auteur policier professionnel, veille et se doit à son métier. Chaque épisode promet du sang, une arme du crime et une énigme à résoudre. Chose promise ... frissons dus, les meurtres tombent miraculeusement du ciel; c'est le lot de tous les héros romanesques récurrents, aventuriers, détectives ou policiers assermentés. A Vichy c'est une curiste solitaire étranglée; aux Sables-d'Olonne, une jeune malade sur un lit d'hôpital tombée, quelques jours plus tôt, d'une automobile.

Maigret en vacances sur la Côte Atlantique, pour se tirer de l'ennui et retrouver les frissons du Quai des Orfèvres, va
_cohabiter avec une police locale qui aura toujours un temps de retard sur lui et les forces de l'ombre;
_croiser le fer avec des sœurs en cornette rigolotes dans une clinique où il marche sur la pointe des pieds et se garde de parler haut et fort;
_tirer de sa poche, sans savoir d'où il est venu, un bout de papier plié mentionnant "Par pitié, demandez à voir la malade du 15";
_penser à cette belle endormie malade qu'il ne voit jamais dans sa chambre fermée à double tour;
_déboucher sur un profil criminel proche de celui d'un serial killer...
_faire la connaissance d'un plat de moules qui passe mal;
_se rattraper avec de nombreux petits blancs secs aux comptoirs des bistrots de passage. Du coup l'épisode thermal de "Maigret à Vichy" (1968) venant éditorialement après celui des "Vacances" (1948) trouve sa pleine et entière justification médicale au secours du foie meurtri du Commissaire (mdr)
_s'essayer en vain à comprendre les règles du bridge.


Ce que j'en pense: franchement je n'en sais rien tant ma lecture fut parasitée par l'ombre sosie de celle qui a précédé. Pour schématiser: Vichy a effacé les Sables-d'Olonne dans une atmosphère de déjà-ressenti proche d'une relecture banale. Je préfère l'épisode vichyssois, il me semble y avoir trouver plus d'humour, mais rien ne m'est sûr.
Qu'on se rassure, cet épisode est dans la bonne moyenne du cycle. Mon ressenti mitigé n'étant ici que la résultante d'une confrontation accidentelle et malvenue de deux récits de même parfum. Dans d'autres circonstances j'y aurai pris le plaisir habituel.
Toujours est-il que les mots simples de Simenon posés sur des personnalités et des sentiments compliqués me confortent dans l'idée que l'auteur est un grand, qu'il ne faut surtout pas le réduire à des romans banalement populaires.

Les Sables-d'Olonne - Le Remblai dans les années 1950

12 commentaires:

  1. Bon, grâce à toi on sait maintenant qu' il ne faut pas lire ces deux titres à la suite :-D

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    1. ... et qu'aussi, Nicolas a peut-être raison de pointer le fait, si j'ai bien compris son propos, que Simenon est moins libre en Maigret qu'en roman "dur", que ses inspirations peuvent se répéter dans le cadre fermé d’enquêtes policières classiques.

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    2. oui, il a raison je crois :-D ça parait logique.

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    3. Maigret ne peut pas s'insérer dans tous les cadres narratifs imaginés par son auteur. Ceux, qu'en romans "durs", Simenon a bien du écrire en utilisant le je narratif par exemple.
      Je vois mal, chez un auteur voisin, de renom moindre à juste titre, San-Antonio se glisser dans la peau de certains de ses héros en one-shots.

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    4. La bévue ne vient pas de toi qui lit les romans du recueil à la suite. Je pensais que dans cette collection tous les titres était dans leur ordre formel de chronologie. Les mettre côte à côte est voué à décevoir.
      En se replaçant dans le contexte de sorties annuelles ou bisannuelles, un lecteur ne verra pas le schéma revenir si c'est au bout de 5-6 tomes soit 3-4 ans. Les lecteurs du futur que nous sommes prennent plus de risques en les sélectionnant au hasard.
      Et tu as raison, tu as bien compris mon propos Alvin.

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    5. La collection, via une annonce pub sur la Toile avait présenté l'assemblage comme regroupant le meilleur de Simenon, de ses Maigret et de ses "romans durs". Quant à l'ordre chronologique je pense que ce ne fut pas l'angle retenu.

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    6. Si j'ai bien vu, c'est le tome 12 de ses meilleurs. Ils sont un peu moins meilleur et il reste moins de choix éditorial. En tous cas, mettre 2 romans avec la même trame, c'est une faute de leur part. À se demander s'ils ont lu les romans. En interne, il y a personne qui s'est dit que ça pouvait être maladroit?

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    7. Oui, c'est énorme. Ma réaction m'a surpris à tel point que je me suis demandé si je n'avais pas eu la berlue. Polars-Urbains vient de chroniquer "Les vacances de Maigret" et enquillera avec "Maigret à Vichy". Je suis très curieux de sa façon de voir les choses.

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  2. Disons que par sa bévue, l'éditeur a mis en lumière que ces deux romans avaient la même construction et le même type de scénario, soulignant ainsi que l'auteur ne se renouvelait pas toujours...
    Mais il est vrai que c'est dommage de gâcher le plaisir du lecteur.

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    1. A ma connaissance la collection comporte 12 volumes de 5 romans. Ce qui laisse incomplets à la fois les la série des Maigret et celle des "romans durs". Ce n'est donc qu'une sélection basée sur des critères que l'avant-propos ne met pas en avant. Ce doublon me laisse dubitatif: est t'il délibéré ou malencontreux ? Il me restera sans doute énigme. C'est d'autant plus dommage que lus séparément (et à distance) ils tiennent tous deux la route.

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    2. c'est d'autant plus excusable s'il y a 20 ans entre les 2 tomes.

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    3. Et ma préférence va vers le plus ancien, celui de Vichy; j'y trouve plus de sens dans l'intention de décrire un Maigret qui s'ennuie sans se l'avouer , sans trop le montrer aux autres. Le Commissaire s'y montre plus humain dans ses défauts, dans ses manquements. L'écriture est me semble t'il plus habile dans son concision et son efficacité.

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