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lundi 20 janvier 2020

Soie - Alessandro Baricco




Folio n°3570 (1997) (édition 2018)

Quelques petits mots brefs concernant cette novella.

Normalement je n'aurai jamais du la lire, le genre auquel elle semble s'apparenter n'étant pas dans mes habitudes de lecture. Je suis sorti de ma zone de confort et ne regrette pas l'expérience: un coup de sonde aventureux s'est transformé en coup de foudre.

"Soie" m'est venu via une boite à lire. Je l'ai pris au vu de sa tranche peu épaisse, de ses 142 pages seulement, de ses 65 brefs chapitres à grosse police 20 environ. Il me fallait du vite lu à la suite d'une lecture exigeante.
De plus, des échos positifs à son sujet m'étaient parvenus, ce fut donc, aussi, une lecture de curiosité.

La quatrième de couverture me semble parfaite. Elle est ce que contient le livre. Quelques phrases bien choisies montrent un cadre temporel (1860), deux espaces géographiques (Japon et Vivarais). On y annonce des vers à soie perdus, des voyages périlleux vers un lointain et méconnu Orient, l'amour et la guerre, la lenteur des choses et des êtres ...

Cette 4 de couv ne parle pas du reste, d'une double mise en abîme qui attend, comme aux aguets, sans coup de griffes mais via une sensualité qui sent peut-être la vengeance. Elle fait l'impasse sur l'essentiel, cet art narratif de l'auteur qui m'a scotché et séduit. L'auteur mène ses mots au combat, offre des phrases au punch incroyable où les faits seuls prennent le dessus, en économie des sentiments. Le tout est fluide et rapide, comme une eau claire qui coule, comme la soie fuyant entre les doigts

L'auteur élude les ressentis, montre les faits seuls, demande au lecteur d'extrapoler sur cette base. La magie s'opère, le peu de mots dévoilé s'avère en suffisance, l'empathie pour les personnages monte à la surface des phrases. J'adore. J'ai l'impression d'un exercice narratif délibéré, visant à l'économie de mots tout en sauvegardant les psychologies des personnages. C'est réussi et instructif: sous mes yeux ce que je ne parviens pas à faire.

J'avais une antipathie lointaine pour les novellas éditées seules, j'y voyais un moyen éditorial facile. J'avais tord. Depuis peu quelques exemples m'ont prouvé le contraire: "Inconnu à cette adresse", "Le joueur d'échecs", "Unica" d'Elise Fontenaille ... Il suffit de la qualité. Et "Soie" l'a et mérite son succès et son statut d'ouvrage culte.

17 commentaires:

  1. Cette lecture m'avait tapé dans l'oeil aussi... du coup apès j'ai lu, du même auteur, " Novecento: pianiste", mais qui m'avait moins touchée.
    Avec "Soie", je m'étais fait la réflexion que ce récit aurait pu être écrit par un auteur asiatique, japonais en particulier...forme épurée de l'écriture, sans fioritures.

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    1. "... forme épurée, sans fioritures."

      Quand les (grands) écrivains italiens empruntent cette voie, je trouve qu'ils y excellent
      (je pense notamment à Primo Levi et Dino Buzzati).

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    2. ah, je ne connais pas ces auteurs, Jim.. je vais voir ça de plus près ;-)

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    3. Le premier c'est "Si c'est un homme" que je n'ai pas lu mais que j'ai en P.A.L.. Le second c'est le mythique "Le K", célèbre recueil de nouvelles où l'Imaginaire se situe en bonne place dans un cortège d'une cinquantaine d'histoires. Ma lecture remonte à loin (peut-être au lycée ?), tout est flou mais subsiste un bon souvenir général.

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    4. Dino Buzzati, c'est aussi Le désert des Tartares (en PAL).
      Jim, j'aurais pas pensé accolé Primo Levi avec Baricco, J'ai lu Si c'est un homme, mais en garde peu de souvenirs (ça date) quand à L'autre, je suis fan. Tous ses écrits n'ont pas cette forme épurée mais son style est un régal.
      Cheyenne, Novecento: pianiste est un de mes romans préférés et je suis étonné qu'il t'ait moins touché.

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    5. _ Nicolas : « (...) j'aurais pas pensé accolé Primo Levi avec Baricco. »

      Je citais juste des auteurs italiens qui m’avait plu par leur styles, souvent faussement simples, toujours élégants.

      En fait, je connais assez peu l’œuvre de Levi. Pour ce qui est de Buzzati, par contre, si je n’ai pas encore lu, non plus, Le désert des Tartares, j’adore ses contes (parmi ses recueils ses recueils, ce n’est pas le célèbre "K" qui m’a le plus marqué, je lui préférai "L’écroulement de la Baliverna" voire "Le rêve de l’escalier").

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  2. La sobriété des moyens employés a été effectivement le catalyseur du coup de foudre. Mystérieusement, c'est ce que je recherche actuellement dans mes lectures. Je la trouve en filigrane de Manchette et Simenon que je lis beaucoup dans cet esprit. L'Orient, pourquoi pas, mais il me faudrait des titres et auteurs, c'est pour moi un territoire littérairement totalement inexploré. :-)
    J'ai un auteur SF chinois en vue: Liu Cixun avec "Le problème à trois corps" (que j'ai acheté) mais je ne suis pas sûr d'y trouver ce que j'ai rencontré avec "Soie".

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    1. J'avais trouvé "Le problème à trois corps" tout simplement incroyable !
      Un conseil cependant : ne pas lire la quatrième de couverture, l'éditeur français divulgâche un peu trop l'histoire...
      nb : je ne connais pas "soie", mais au vu cette l'analyse, les romans de Cixin Liu sont très différents.

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    2. Je remets mon message ici, car j'avais oublié de m'identifier.

      J'avais trouvé "Le problème à trois corps" tout simplement incroyable !
      Un conseil cependant : ne pas lire la quatrième de couverture, l'éditeur français divulgâche un peu trop l'histoire...
      nb : je ne connais pas "soie", mais au vue cette l'analyse, les romans de Cixin Liu sont très différents.

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    3. J'ai effectivement lu la 4 de couv, mais elle a disparu de ma mémoire. Je n'y reviendrai donc pas. Lisant une page au hasard, ce n'est effectivement pas la prose de "soie". Deux genres différents qui ne peuvent rivaliser.

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    4. Cet auteur m'intéresse aussi. Mais je ne crois pas que les auteurs asiatiques de genre (sf ou polar) soit dans le style de leur homologue "contemporain" plus lent, plus en retenu, en réserve et esthète. J'ai peur qu'il ne soit contaminé par la redoutable efficacité de l"entertainement" à l'américaine.

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    5. j'essaie encore...
      A noter que le livre de Liu n'est que le premier volet d'une trilogie, certes très "hype" (voir sa moisson de prix) mais qui pioche un peu trop dans tout le stock commun du genre et qui coche un peu toutes les cases. Une sorte d'Hypérion des années 201X.
      S

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    6. Il est paru dans une collection récente où de nouveaux noms apparaissent (à l'exception me concernant de Howey, Kim Stanley Robinson, Lars Kepler (polars), Zamiatine, Lafferty). Qu'en pense tu ?

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  3. les Liu (ou les Cixin) sont le truc qui marche en ce moment, les Corey (un pseudo de deux écrivains de franchise) est un pur NSO à la Peter F. Hamilton qui a été adapté sur Netflix, les Howey sont un pour succès commercial de l'autopublication qui recycle des thèmes datant des presque 70 ans, le truc finlandais est une sorte de novelization, les rééditions sont dispensables (on trouve les originaux aisément), les Boone ressemblent à Peur sur le lac de TF1, le reste forme une collection à la fois "branchouille" de part son choix d'auteurs internationaux qui réinventent la SF dans leur coin et au succès garanti avec des locomotives comme Howey ou Corey (et sûrement aussi Liu).
    Il est d'ailleurs très intéressant de voir quels titres sont repris chez Babel (ces trois auteurs, oh surprise !).
    Pur commentaire venimeux de ma part (méchante je suis), on n'attendait pas moins d'une maison d'édition dirigée par une éphémère ministre de la Culture qui traine un certain nombre de casseroles.

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    1. J'étais sûr que tu n'allais pas louper la casserole...!
      Quel titre pourrait être le plus intéressant ? J'aime bien le look des Babel Noir (simili Actes Noir mais en plus petit, celui des Babel (Exofictions) aussi.
      Regardant ceux que je connaissais, au moins de nom, je viens de voir , via noosfere, que "Tous à Estrevin" PPSF et "autobiographie d'une machine ktistèque" A&D + Exofixtions: c'est la même chose..? J'ai toujours été attiré par ce titre étrange. Ne possédant pas les deux derniers j'aurais pu me rabattre sur le PPSF..!

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    2. >>Regardant ceux que je connaissais, au moins de nom, je viens de voir , via noosfere, que "Tous à Estrevin" PPSF et "autobiographie d'une machine ktistèque" A&D + Exofixtions: c'est la même chose..?

      because le titre complet du Lafferty est Arrive at Easterwine: The Autobiography of a Ktistec Machine.

      >>Quel titre pourrait être le plus intéressant ?

      Les plus SF sont les Corey (il y en quand même 8 tomes assez longs) et les Liu (mais pas super originaux comme dit précédemment). Le KSR est du pur KSR mais a l'avantage d'être un stand-alone.

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