LettMotif Ed. 2019
J’ai revisionné il y a peu avec nostalgie « Cinema
Paradiso » (1988, P. Noiret, J. Perrin et B. Fossey), retrouvant de ce
fait, après l’avoir oublié, l’étonnant final où l’on comprend que le vieux projectionniste
collectionnait … les baisers de cinéma. Quand certains ciné-addicts s’acharnent
à collectionner les vieilles affiches de films; les photos officielles de hall
d’entrée, celles sur papier glacé qui attiraient mes yeux d’enfant plus que les
babas au rhum derrière les devantures des pâtisseries; les autographes de stars;
les claps de fin … comment s’étonner que d’autres fassent fixette sur les
répliques de films.
Le 7ème art: la puissance d’évocation des
images, la force des mots.
Les répliques de films : un art littéraire à part entière,
des phrases en grappes s’entrechoquant au rythme des images. Ou l’inverse. Ou
le tout mélangé, les unes servant les autres quand tous les éléments qui concourent
au succès d’un film sont d’importance.
Qui n’a jamais joué à la devinette qui défie d’accoler des
bouts de dialogues à des titres de films, à des longs-métrages visionnés des
centaines de fois ? La présente « Encyclopédie des répliques de
films » peut fonctionner sur ce principe ludique.
Sous une jolie une de couverture qui regroupe quelques objets
typiques du cinéma : du ticket d’entrée au projecteur de salle en passant
par le pop-corn et les lunettes 3D, l’ouvrage est un épais et luxueux pavé grand
format.
Les répliques ont été sélectionnées et réunies en abécédaire
thématique. Philippe Durant, l’auteur, y référence 4000 courts dialogues
offerts à l’appétit vorace du cinéphage endurci qui les dévorera d’une seule
bouchée ou à la gourmandise ponctuelle de l’amateur qui y picorera au gré de
ses envies. Il y est question de 3000
films déboulant d’un coup, tout de go, jusqu’à plus soif. Une précédente fournée
en avait déjà fourni tout autant.
Les répliques d’intérêt ont été recherchées, semble t’il, comme
autant de pierres blanches sur le long chemin caillouteux de l’Histoire du Cinéma. Les pépites ainsi retenues sont classées,
archivées et rendues au noir et blanc de la forme écrite. On sent la passion de
l’auteur pour le 7ème Art, sa patience tatillonne de géologue-acousticien
passionné. On l’entrevoit, à genoux et courbé au-dessus des pierres du chemin,
allant des premiers pas du cinéma parlant aux dernières fureurs du plus récent
blockbuster, de part tous les continents, de la superproduction aux films de série
Z. Il ausculte au stéthoscope toutes les pierres sonores que des millions de
films y ont déposés. Il cherche les répliques d’exception, celles qui sonnent
sur le tympan et déclenchent le rire, son cousin le sourire, l’étonnement, la
jubilation, la nostalgie du N&B d’antan, la tristesse du drame humain, la
colère rebelle, la misogynie du macho, l’argot du maffieux … tous les émois que
provoquent le 7ème Art, tous les personnages qu’il évoque sans cesse.
Certaines répliques permettent de retrouver les visuels d’origine
pour peu que l’on ait vu les films qui vont avec, elles nous emmènent alors en
pays de connaissance d’où ressuscitent des scènes légendaires, des acteurs et
des situations.
D’autres ouvrent l’imagination à tous les possibles quand
les titres semblent venus d’ailleurs ou sont improbables. L’auteur ratisse
large.
Quelques répliques font remonter les impressions de lecture des
recueils de Gouriot consacrées à ses « Brèves de comptoir ».
Emergent alors des rires gras issus de grivoiseries poétiques, le sourire de
tournures de phrases inattendues. L’art du dialoguiste étant de rendre vrais et
spontanés une vérité de l’instant.
L’auteur propose un étonnant voyage au pays de la pellicule,
du nitrate d’argent, des rushs, des effets spéciaux, des claps
de fin, des bruitages, des focales, des diaphragmes et des génériques ... Son
propos se centre surtout sur les bandes-son, les micros et les « Silence
on tourne » du parlant. Ce n’est pas vraiment mon monde, sinon
ponctuellement, mais au fil des pages j’ai compris pourquoi on peut y attacher
le fil d’une passion qui embarque des vies vers un ailleurs où le regard posé sur le monde se fait en cinémascope.
Tu ne pourrais pas nous recopier quelques répliques qui t'ont plu?
RépondreSupprimer"Tu ne sais pas ce que c'est d'être aveugle et d'avoir quand même peur du noir" Ray (Charles)
RépondreSupprimer"_Mais regardez_moi çà: il nage !
RépondreSupprimer_Il est pas manchot, il est aveugle."
Chamboultout
"_C'est mon métier d'obtenir des aveux ... pas la vérité"
RépondreSupprimerThe standdoff at Sparrow Creek"
"L'inconvénient d'une blessure au cul, c'est qu'on ne peut pas s'en vanter"
RépondreSupprimerLorna, la lionne du désert
J'avoue, j'ai beaucoup ri !
SupprimerMême pas honte !
"Lorna, la lionne du désert": jamais vu. On retrouve le film sous d'autres titres (La guerre du pétrole, Black Gold Dossier) et on est même pas sûr du nom du réalisateur. Dixit Nanarland
Supprimer"Pourquoi êtes-vous dans ma chambre ?
RépondreSupprimer_Parce que c'est la votre"
Sleepy Hollow
"Je parie que ton père a passé la première année de ta vie à jeter des pierres aux cigognes"
RépondreSupprimerUn jour au cirque
"Oui, nous brûlons les livres. Mais nous les gardons dans nos têtes, où personne ne peut les trouver"
RépondreSupprimerFahrenheit 451
ça doit bien " parler" aux cinéphiles tout ça ! :-D
RépondreSupprimer... que je ne suis pas trop, du moins pour des films récents. Je pense que le tome 1 m'aurait plus convaincu/convenu, sans doute plus centré sur les incontournables, les vraies vieilleries à la Gabin ("Jaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaambier, 54 rue de Poliveau, je veux 3000 francs", de Funes et Bourvil ("Vous faites du combien..?""Du comme vous"), Audiard ("Heureux soient les fêlés, ils laisseront passer la lumière") ... etc
Supprimermoi je suis définitivement pas cinéphile, ni d'avant ni de maintenant :-D
RépondreSupprimerL’équivalent livresque du bol de cacahuètes.
RépondreSupprimer« Allez ! Juste une... » ... (de longues minutes passent) ... « Bon ! Cette fois, c’est la dernière... » ^^
Au-delà du bons mots, le contexte de ces répliques comptent.
Dans ton exemple de Sleepy hollow, c’est la "demoiselle en péril" qui surprend le timoré héros...
Et hors contexte, une de mes répliques préférées entre toutes : « Noodles ! J’ai glissé... » (https://www.youtube.com/watch?v=5iERZSzyH-8) n’est guère frappante.
Jim, je n'ai pas ta passion ciné et en conséquence ta culture en ce domaine.
SupprimerIl me faut bien reconnaitre que je ne connaissais pas la plupart des références titres de ce second tome et qu'en conséquence les répliques incontournables devaient se trouver dans le premier.
Assez bizarrement, conditionnement certain, j'ai lu chaque réplique avec,très souvent en arrière pensée, la tonalité Audiard; ce qui a du transformer radicalement la réalité thématique de maints longs métrages.
En conséquence, le contexte de la plupart des éléments passe à la trappe et l'esprit focalise sur le texte brut et l'interprète à sa manière qui n'est pas forcément la bonne. Reste qu'à chaque fois cà fonctionne et que quelque chose en sort.
(Oups ! L'orthographe et la conjugaison de cette troisième phrase... Il me faut un café... ^^)
RépondreSupprimerAffectivement, le tome 1 doit être plus parlant parce que là…
RépondreSupprimertest
RépondreSupprimer1. 2. 1. 2.
SupprimerCf nouvel article..!
SupprimerJim, ce matin, essaie sans succès de nous faire passer en comm le lien suivant:
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=MoqUC9qAzKQ
Anthologique en effet... et d'un seul jet (à tel point qu'à 2mm10 on sent un peu l'impro quand Meurisse semble éclater de rire quand Marcel le Stephanois prend plus que nécessaire son temps pour lui répondre. J'ai vu le film hier sur Arte. Il était suivi d'un portrait de J.P. Melville qui le fait apparaitre un rien acariâtre, grincheux, grognon, poseur... indépendant, solitaire... etc. N'empêche j'aimais bien ce qu'il a réalisé: le présent film, le doulos, l'armée des ombres, le cercle rouge et deux hommes dans Manhattan.
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