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vendredi 13 mars 2020

Du sable plein les dents - Jeremiah n°2 - Hermann



Ed. Fleurus 1979

Ambiance western réitérée pour ce deuxième tome des aventures de Jéremiah. Le saupoudrage post-apo est toujours aussi light, on ne le rencontre qu'en assaisonnements ponctuels et brefs. Il se traduit, par exemple, dans le graphisme et les phylactères, par de rares éléments anachroniques, hors XIXéme siécle et Ouest des Grands Espaces: une diligence blindée de plaques d'acier riveté, le casque MP* que porte Kurdy, ce propos dans la bouche du même: "Le monde est redevenu vaste depuis la Grande Lessive". L'action se recentre façon western classique sur un désert à traverser où la soif s'impose; des hommes, mulets et chameaux tirant derrière eux leurs ombres comme des chapes de plomb liquéfié; l'éternel défi manichéen entre bien et mal d'une frange à l'autre de l'humain ...

Jeremiah et Kurdy, en tandem amical éternel, traversent, mule et cheval harassées à leurs côtés, un profond désert de caillasses sous un soleil de plomb. Au gré d'un raccourci qui n'a pas tenu ses promesses, ils s'égarent au milieu de nulle part. L'eau manque. Leur chemin, au creux d'une dune, croise celui d'un agent de sécurité qui vient d'échapper à l'attaque de son convoi de fonds. Celui-ci raconte. Quelque part, sous le sable, attend un trésor enterré dans la précipitation; il tend les bras à celui qui en retrouvera la piste.

Les circonstances désormais vont entremêlées les destins des différents protagonistes en un jeu serré de mensonges et de trahisons, de violences et de sang.

L'histoire ici contée, dans l'ombre et sur les crêtes aiguisées des dunes, tient toute la vedette de l'épisode. Les personnages s'effacent derrière les péripéties et les coups de théâtre, les évènement se font vedettes. Le désert que montre le graphisme n'est plus qu'écrin sauvage à un drame humain englué dans la convoitise qu'exacerbe l'or. Le récit est complexe mais si habilement scénarisé et habilement proposé qu'il reste clair de bout en bout. L'histoire est plaisante et laisse l'impression d'avoir passé un bon moment.

Je suis très sensible au graphisme à la fois clair et faussement froissé d'Hermann, il empreinte à celui des premiers Moebius tandis, qu'en filigrane, les paysages se parent de rouges, d'ocres et de jaunes sous l'omniprésence d'un gros soleil rond éblouissant. Chaleur et fournaise, le désert implacable se fait fournaise, haut-fourneau et sable en fusion. Gare à celui qui, au bout de sa fatigue, à plat ventre les mains liées dans le dos, se retrouvera du "sable plein les dents". Le scénario s'inspire des tics et grosses ficelles du Charlier de Blueberry sans en atteindre la complexité. Dessins et textes se retrouvent en équilibre l'un l'autre, l'un complétant l'autre, merveilleuse osmose qui simplifie les textes et rehausse les dessins..

Une belle réussite.

Je suis venu vers Jeremiah par désir de trouver à son contact une SF promis par le bouche à oreille, les critiques d'antan déjà rencontrées mais que je n'avais pas encore suivies, les traces présentes sur le Web. De la lecture des deux premiers tomes il ressort que l'argument SF est particulièrement léger; mais après tout quelle importance quand le tour western classique que prend la serie n'est pas du tout déplaisant. Au contraire

*MP=Military Police


 

2 commentaires:

  1. Un de mes tomes préférés de la série qui continue à s'allonger (Hermann ne doit plus être très loin du tome quarante, au rythme de quasiment un tome par an...). Ici, j'ai toujours été sensible à l'aspect poignant de la fin (Kurdy oubliera...). Clin d'oeil d'un scénario pour une aventure que Greg aurait sans doute pu écrire, moins "fantastique" (SF) que d'autres, comme vous le soulignez?

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    1. Citation: "Un de mes tomes préférés de la série qui continue à s'allonger" >>>> Oui, aussi, me concernant. De ce que j'ai pu entrevoir du Jeremiah actuel pêche à mon goût par l'utilisation en vogue des couleurs appliquées.

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