Ed. Fleurus 1979
Ambiance western réitérée pour ce deuxième tome des
aventures de Jéremiah. Le
saupoudrage post-apo est toujours aussi light, on ne le rencontre qu'en
assaisonnements ponctuels et brefs. Il se traduit, par exemple, dans le
graphisme et les phylactères, par de rares éléments anachroniques, hors XIXéme
siécle et Ouest des Grands Espaces: une diligence blindée de plaques d'acier
riveté, le casque MP* que porte Kurdy,
ce propos dans la bouche du même: "Le monde est redevenu vaste depuis la Grande Lessive".
L'action se recentre façon western classique sur un désert à traverser où la
soif s'impose; des hommes, mulets et chameaux tirant derrière eux leurs ombres
comme des chapes de plomb liquéfié; l'éternel défi manichéen entre bien et mal
d'une frange à l'autre de l'humain ...
Jeremiah et Kurdy,
en tandem amical éternel, traversent, mule et cheval harassées à leurs côtés,
un profond désert de caillasses sous un soleil de plomb. Au gré d'un raccourci
qui n'a pas tenu ses promesses, ils s'égarent au milieu de nulle part. L'eau
manque. Leur chemin, au creux d'une dune, croise celui d'un agent de sécurité qui
vient d'échapper à l'attaque de son convoi de fonds. Celui-ci raconte. Quelque
part, sous le sable, attend un trésor enterré dans la précipitation; il tend
les bras à celui qui en retrouvera la piste.
Les circonstances désormais vont entremêlées les destins des
différents protagonistes en un jeu serré de mensonges et de trahisons, de
violences et de sang.
L'histoire ici contée, dans l'ombre et sur les crêtes
aiguisées des dunes, tient toute la vedette de l'épisode. Les personnages
s'effacent derrière les péripéties et les coups de théâtre, les évènement se
font vedettes. Le désert que montre le graphisme n'est plus qu'écrin sauvage à
un drame humain englué dans la convoitise qu'exacerbe l'or. Le récit est
complexe mais si habilement scénarisé et habilement proposé qu'il reste clair
de bout en bout. L'histoire est plaisante et laisse l'impression d'avoir passé
un bon moment.
Je suis très sensible au graphisme à la fois clair et
faussement froissé d'Hermann, il
empreinte à celui des premiers Moebius
tandis, qu'en filigrane, les paysages se parent de rouges, d'ocres et de jaunes
sous l'omniprésence d'un gros soleil rond éblouissant. Chaleur et fournaise, le
désert implacable se fait fournaise, haut-fourneau et sable en fusion. Gare à
celui qui, au bout de sa fatigue, à plat ventre les mains liées dans le dos, se
retrouvera du "sable plein les
dents". Le scénario s'inspire des tics et grosses ficelles du Charlier de Blueberry sans en atteindre la complexité. Dessins et textes se
retrouvent en équilibre l'un l'autre, l'un complétant l'autre, merveilleuse
osmose qui simplifie les textes et rehausse les dessins..
Une belle réussite.
Je suis venu vers Jeremiah
par désir de trouver à son contact une SF
promis par le bouche à oreille, les critiques d'antan déjà rencontrées mais que
je n'avais pas encore suivies, les traces présentes sur le Web. De la lecture
des deux premiers tomes il ressort que l'argument SF est particulièrement
léger; mais après tout quelle importance quand le tour western classique que
prend la serie n'est pas du tout déplaisant. Au contraire
*MP=Military Police
Un de mes tomes préférés de la série qui continue à s'allonger (Hermann ne doit plus être très loin du tome quarante, au rythme de quasiment un tome par an...). Ici, j'ai toujours été sensible à l'aspect poignant de la fin (Kurdy oubliera...). Clin d'oeil d'un scénario pour une aventure que Greg aurait sans doute pu écrire, moins "fantastique" (SF) que d'autres, comme vous le soulignez?
RépondreSupprimerCitation: "Un de mes tomes préférés de la série qui continue à s'allonger" >>>> Oui, aussi, me concernant. De ce que j'ai pu entrevoir du Jeremiah actuel pêche à mon goût par l'utilisation en vogue des couleurs appliquées.
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