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lundi 1 mars 2021

Laurent Cappe - L'interview autour de "Bleu"

 Le présent article fait suite naturelle à la chronique de "Bleu" de Laurent Cappe sur les //s. Il prend forme d’une petite interview virtuelle de l'auteur. Merci à Laurent d’avoir accepté.



 _La Convergence des parallèles : Pourquoi ce thème ? Comment vous en est venue l’idée ?

 _Laurent Cappe: Deux moteurs ont déclenché l’écriture : la découverte, il y déjà longtemps, de ce fait divers étrange, que j’avais noté dans un coin : l’histoire d’un français atteint, sans le savoir, d’une déficience génétique rare, qui part s’installer dans le Kentucky au 19ème siècle, et qui se marie, chose improbable, avec une femme porteuse elle aussi de cette déficience. Le résultat est qu’ils donnèrent naissance à une descendance d’enfants à la peau bleue ; Leur isolement dans les Appalaches a fait perdurer le problème pendant  près d’un siècle. L’autre élément, ce sont des cartes postales de mon village au début du 20ème siècle, qui m’ont inspiré le cadre de l’histoire. Le reste a suivi naturellement.

_La Convergence des parallèles : Vous paraissez, somme toute, posséder une vision assez optimiste de l’humain. L’homme, pour vous, est t’il bon ?

 _Laurent Cappe: Paradoxalement, non. Je pense que l’homme n’est pas « bon » par nature. J’aurais tendance à le trouver plutôt mauvais. Un arc en ciel qui irait du plutôt bon au très mauvais.  C’est d’ailleurs pour cela que je ne crois pas aux utopies, qui occultent toujours le facteur essentiel : la nature humaine. Mais l’être humain peut s’amender, progresser au fil de son existence ; Cela ne dépend pas que de lui, d’ailleurs, cela nécessite une conjonction d’évènements, de rencontres, un « alignement des planètes ». C’est ce cheminement qui m’intéresse.

_La Convergence des parallèles : Robert Laffont ed ., presque simultanément à la parution de « Bleu »,  propose en librairie, sous la plume d’Isla Morley, un roman intitulé « Le vallon des lucioles ». Son thème s’apparente au votre.

  _Laurent Cappe: Oui, et j’avoue que lorsque j’ai appris la nouvelle par une amie libraire, les bras m’en sont un peu tombés. Pas longtemps, d’ailleurs. C’est un hasard assez improbable que deux livres partant d’un même fait divers, écrits sur deux continents, paraissent presque en même temps.  Ce hasard sera-t-il heureux ou malheureux ? Je ne sais pas.

_La Convergence des parallèles : La quatre de couv de « Bleu » entérine le point d’émergence de la maladie dans le Kentucky (cf 4 de couv.), vous ne faites pas mystère d’avoir translater le fait réel dans le Nord de la France. Pourquoi ?

 _Laurent Cappe: Seul le point de départ, le fond du fait divers m’intéressait. Un mal inconnu, la peur générée par l’ignorance, le rejet de la différence. Je ne me suis d’ailleurs pas documenté beaucoup sur le cas de la famille en question, j’en suis resté aux éléments essentiels : quel était ce mal, comment en ont-ils guéris, quels étaient les symptômes ? C’est mon premier roman. Je voulais l’ancrer dans un environnement que je connais, et que j’aime, dont je pouvais imprégner les pages de mon roman. C’était rassurant, et stimulant.

_La Convergence des parallèles : Intrigué par la photo en une de couv, au terme d’une courte recherche, il s’avère que Le Village est le vôtre. Quelles réactions dans le voisinage de voir leur lieu de vie mis en avant et surtout au cœur d’une histoire autre que la sienne ?

 _Laurent Cappe: Cela génère beaucoup d’intérêt et de curiosité. Un peu de fierté aussi. Nous sommes une petite communauté de deux cent âmes, tout le monde se parle, le village possède une vraie vie, une convivialité. Celles et ceux qui le lisent cherchent à retrouver au fil des pages leur maison, une rue, à repérer les lieux, dont j’ai volontairement changé les noms. Sauf celui de l’auberge du Cornet d’Or, qui existait, et que je trouvais trop beau pour être modifié. 




 
 

_La Convergence des parallèles : «Bleu» présente une bien belle galerie de personnages touchants et vrais, comment sont t’ils nés ?

 _Laurent Cappe: au fil de l’écriture. J’ai bâti une trame, avec les personnages principaux, leur ai imaginé un passé, des parents, des interactions possibles. Je suis un homme de théâtre. Quand je m’attaque à une mise en scène, je fais un gros travail préparatoire, je me fixe un cadre très élaboré. Cela me donne une immense liberté ensuite pour saisir tout ce que le travail de création peut apporter d’inattendus. J’ai appliqué la même méthode pour l’écriture. La trame initiale m’a permis d’enclencher l’écriture, puis de me laisser porter par les personnages qui prenaient corps, trouvaient une voix, une personnalité. Des personnages secondaires sont devenus primordiaux, d’autres ont presque disparu dans le développement de l’histoire. J’ai adoré leur lâcher la bride et me laisser surprendre par ce que je leur faisais dire ou commettre.

 


_La Convergence des parallèles : Une suite possible ? En cours ? Souhaitable ? Un one-shot définitif ?

_Laurent Cappe: Pas de suite prévue. Mais il ne faut jamais dire jamais. Cela m’étonnerait, je n’aime pas revenir sur un travail achevé. Je ne reviens jamais sur un spectacle créé par exemple. Je passe à autre chose. Il devrait en être de même pour l’écriture. Mais c’est un nouveau domaine que j’explore, donc je préfère ne pas être catégorique.

_La Convergence des parallèles : Pourquoi écrire ?

_Laurent Cappe: J’ai toujours eu besoin de m’exprimer ; j’ai choisi un métier qui m'a permis de le faire, même si ce fut la plupart du temps avec les mots des autres ; j’ai néanmoins écrit régulièrement pour le théâtre, mais c’est une autre histoire, une autre discipline. La fiction, le roman, c’était pour moi grimper l’Himalaya. Je suis un lecteur frénétique, depuis l’enfance. J’ai tant de respect pour les grands auteurs, qu’il me semblait impossible d’oser m’attaquer au roman. C’est très français. Je crois que les anglo-saxons ont moins de complexes par rapport à l’écriture. Mais je mourrais d’envie d’essayer. Enfin raconter mes histoires, pas celles des autres ; savoir si j’en étais capable. Cela demande du temps et de la disponibilité d’esprit, un rythme, une méthode. Comme pour beaucoup, la pandémie, les confinements m’ont fourni une possibilité « tombée du ciel » de tenter l’aventure. C’était l’occasion ou jamais de savoir…

_La Convergence des parallèles : Un premier roman. Quels espoirs ? Quelles craintes ?

_Laurent Cappe: La crainte de décevoir, évidemment. Que je n’aie rien à raconter, ou du moins, que ce que je raconte ne rencontre aucun écho auprès des lectrices et des lecteurs. C’est un investissement personnel très fort, très conséquent, sur un plan émotionnel aussi, et l’absence d’écho peut être terrible. Par mon métier, j’ai l’habitude de la critique. Mais la critique d’un spectacle peut avoir des motifs multiples : le jeu, le texte, la lumière, cela permet de se cacher derrière son petit doigt. Là, dans l’écriture, il n’y a pas de filtre : c’est vous et le lecteur. Point. L’espoir d’être lu. Par le plus grand nombre possible. Et après, qui sait ? Publier, c’est avoir l’espoir. 

_La Convergence des parallèles : D'autres projets de romans ?

_Laurent Cappe: Oui, c’est déjà en cours. Je me suis lancé dans la rédaction d’un autre roman, qui ne se base pas sur un fait divers. Il prend ses racines à la fois dans le monde d’après la pandémie, (je ne crois pas au « monde d’après » ), et aussi dans le passé. Il parlera des mondes qui s’effacent, de l’illusion de nos existences et de la puissance de la fiction.

_La Convergence des parallèles : Merci, Laurent, de vous être prêté au jeu des questions et des réponses. Vous avez des choses à dire et la manière de les dire, çà se sent ...

Ps: les photos me sont venues de Laurent Cappe. 

 

9 commentaires:

  1. Bravo pour cette interview! Du coup j'ai aussi envie de connaitre le futur roman de l'auteur !

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  2. Très chouette cette interview !
    Et c'est super de mettre ainsi un avant un nouvel auteur.

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    1. Cà à été en plus spontané, bref, efficace. Je renouvèlerai (si çà se re-présente).

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  3. "Robert Laffont ed ., presque simultanément à la parution de « Bleu », propose en librairie, sous la plume d’Isla Morley, un roman intitulé « Le vallon des lucioles »."

    Ah oui !
    (j'avais vu ça sur le blog de Cheyenne...)

    Sacrée coïncidence pour une étonnante maladie !

    https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/histoire-cabinet-curiosites-etrange-famille-peau-bleue-85927/


    PS : une autre façon d’"attraper" la peau bleue :

    https://www.cnews.fr/monde/2013-09-25/paul-karason-le-vrai-grand-schtroumpf-est-mort-562934

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    1. Merci Jim pour les deux liens qui confirment bien ce que j'avais trouvé sur wikipedia autour de ce syndrome étonnant qui a deux causes; l'une innée, la mé ... (quelque chose) et l'autre acquise par intoxication accidentelle (ou pas).

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    2. Jim, tu as vu quoi sur min blog? j'ai fini de lire " Le vallon des lucioles" hier soir seulement, et je n'ai même pas encore réfléchi à chro :-D

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    3. Jim, c'est sur le mien. MDR.
      https://laconvergenceparalleles.blogspot.com/2021/02/le-vallon-des-lucioles-isla-morlay.html

      Apparemment tu voyages dans le futur en bon Sf-addict que tu es. Tu anticipes..!
      MDR

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  4. Oups ! ^^

    C'était ici ; ce sera là-bas...

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