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vendredi 22 avril 2022

Dr. Feelgood - Stupidity (1976)


 

Mid-seventies (à la louche, un peu avant, un peu après) le Pub-rock et le Punk se trouvent un point de convergence au-delà de leurs dissemblances. Leurs raisons d’être empruntent alors un chemin similaire (ou presque).

Paradoxale miscibilité ? Non. Pas franchement.

Les deux agitent des pieds de nez moqueurs, ironiques, parallèles et croisés à l’encontre d’un rock-mainstream (désormais) rock-bizz à donf le tiroir-caisse, peu à peu mité par un consumérisme galopant, opportuniste et télécommandé. Au menu, en commun aux deux genres, une recette simple : retrouver en live l’énergie primale du rock, renouer avec l’adrénaline de la scène, s’électrocuter les deux doigts dans la prise, pousser les watts pour des décibels sous amphètes ... comme avant, comme il y a deux décennies.

En fer de lance du pub-rock vint le bon Doctor au chevet d’un rock devenu bien mou, comme anesthésié. Il vit les symptômes : l’elect-rock-ardiogramme plat, l’hypotension orthostatique via, entre autres, un rock progressif gras du bide et mou du genou. Il posa son diagnostic et proposa traitement : de l’adrénaline dans la musicaïne ambiante.

« Dr Feelgood » prend son nom dans l’argot : le terme homonyme cible l’héroïne (et/ou un certain toubib célèbre peu regardant sur ses prescriptions et leurs destinations). « Stupidity » est l’un des fleurons live du pub-rock britannique. Nous sommes en 1976.

Le groupe sur scène : une zique toute en pulsations fébriles, en brefs soubresauts saccadés, en impulsions métronomiques serrées, une musique tachycarde et trépidante, pulsative et épileptique, comme trempée dans l’urgence et la lave incandescente. C’est la renaissance d’un rock’n’roll  cimenté de rhythm’n’blues, le rock mou s’y retrouve une virginité …

Armez les défibrillateurs, on va vous secouer les ventricules ; ne laissez pas vos pacemakers au vestiaire, ils seront, post-show, garants d’un retour cardiaque à la normale.

« Dr Feelgood » délivre, sans prescription médicale, dès backstage quitté et amplis connectés, des potions sur-vitaminées, des cocktails overclockés, des morceaux pimentés, brefs, exécutés dans l’urgence, trempés dans la nitro. Il ne se complique pas la tâche, va à l’essentiel, sort les grosses ficelles d’un rock minimaliste mâtiné de rythm’n’blues hargneux. Se passant de diversité de tempos, toujours debout sur les pédales, il se fait rockambule fragile sur un mince fil tendu entre le public et lui. Cà passe ou çà casse. Et çà passe … toujours et encore.

Ce n’est, pour emporter l’enthousiasme qu’une question de conviction. Ce que propose le groupe est simplissime. Un défaut ? Non, une qualité ! Un crédo, une profession de foi à partir desquels il créera sa réputation, sa longue carrière, ce pour quoi il est toujours « still alive and well », précédé d’une belle réputation de groupe de scène par excellence.

Sa popularité provient essentiellement de la juxtaposition/cohabitation charismatique du guitariste et du chanteur. Le line-up de base de 76 est le suivant: guitare, basse, batterie, chant + harmonica.

Wilko Johnson, en rythmique presque exclusive gifle ses cordes en aller-retours frénétiques. Ses soli ne sont souvent que des scories aléatoires arrachées aux riffs en cours, des extrasystoles qui s’effritent et se désagrègent avant de renaitre. Wilko Johnson, en riffeur mitraillette rare, fébrile et saccadé, hyper-actif, pulsatile et tachycarde. Wilko Johnson en soli brefs, incisifs et acérés, comme posés sur le tranchant d’un rasoir. Wilko, sur scène, en mannequin dégingandé, en robot humain, sans cesse d’avant en arrière, comme retenu par un élastique. Des riffs secs, récurés jusqu’à l’os, sans sophistication aucune si ce n’est d’une implacable régularité ; des riffs au fleuret moucheté, comme s’acharnant sur le plastron d’un adversaire à distance ; des solis en brèves étincelles d’électricité lancées dans le noir devant la scène.

 

Son compère, à la voix, Lee Brilleaux : du rentre-dedans vocal sur des refrains bourrins et entrainants, une colère froide en écho au regard féroce du guitariste. Un binôme concis dans l’efficacité. Une belle réussite.

Une section rhythmique irréprochable et implacable, taillée dans le béton.

Quatre énergumènes à l’arrache, quatre costards étriqués à l’ancienne à défaut des boursouflures hippies alors en cours, des coiffures à la Stones du début des 60’s. Un regard sur le passé.

« Quoi de neuf, Doctor ? » En avril 2022, le groupe tourne toujours. Aucun des membres du line-up d’origine n’est plus du combo … rien que le nom subsiste, comme une marque de fabrique. Et pourtant la même sève, la même lave coulent encore et toujours des amplis chauffés à blanc.

Rock’n’Roll will never die.

Illustration sonore: roxette 

Illustration video: Going Back Home 

Line-up :

Guitar, Vocals –Wilko Johnson

Vocals, Guitar [Slide], Harmonica – Lee Brilleaux

Bass – John B. Sparks

Drums, Backing Vocals – The Big Figure (John Martin)

 

Titres :

01.          I'm Talking About You     

02.          Twenty Yards Behind       

03.          Stupidity              

04.          All Through The City       

05.          I'm a Man            

06.          Walking the Dog

07.          She Does It Right               

08.          Going Back Home            

09.          I Don't Mind        

10.          Back in the Night               

11.          I'm a Hog for you Baby    

12.          Checkin' Up on My Baby

13.          Roxette

 




 

2 commentaires:

  1. J'oubliais: il existe un excellent boxset (4CDs) intitulé "Lee Brilleaux, Rock'n'roll Gentleman, his musical journey with Dr Feelgood, 1974-1994" qui est une excellente compilation du groupe. Elle date de 2017 et présente 92 chansons qui reflètent bien la carrière du groupe.

    https://rockthebonnie.files.wordpress.com/2017/05/lee-brilleaux.jpg

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    Réponses
    1. Tournée en France en octobre 2022 (site officiel dixit): Brest, Marseille, Saint-Aghaton (?), Hérouville, Concarneau, Le Thor (?).

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