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vendredi 10 novembre 2023

The Black Crowes - The southern harmony and musical companion (1992)

 

Nous sommes en 1992. « The southern harmony and musical companion » est le second album de The Black Crowes, un quintet +/- sextet US (guitars x2, bass, drums & vocals) à l’énergie pour le moins débordante, aux couleurs et racines rock très prononcées et attachantes.

_ « Vous avez beau dire, y’a pas seulement que de la pomme, y’a aut’ chose … çà serait pas des fois de la betterave ?

_Y’en a aussi.. ! »

Convoquer Michel Audiard, Jean Lefebvre et « Les tontons flingueurs » pour une chronique rock, n’est-ce pas un brin incongru ? Oui, mais pas tant que çà. Je m’explique…

J’ai souvent eu l’impression, en écoutant The Black Crowes (1990-2015/2020- ?), de remonter le temps et d’y (re)trouver le goût spécial d’un groupe oublié. «… çà serait pas… » les Faces (1969-1975) : un combo reconnu pour ses shows enfiévrés, chaotiques et explosifs, des londoniens rigolards, braillards, fêtards et joyeusement avinés. L’influence de Stewart/Wood & Cie sur The Black Crowes est manifeste. Musicalement la ressemblance est évidente dès l’écoute du premier titre (« Sting me »). La même voix bastringue que celle de Rod Stewart, éraillée, âpre, lourde et rugueuse, les mêmes beuglantes d’outre-tombe arrachées à des cordes vocales rouillées. Aux guitares, le même sens du riff béton, de la rythmique de plomb et du solo aiguisé. On se remémore Ron Wood, un bottleneck fiévreux à l’index courant sur les cordes, ses éclairs rythmiques en slide, ses interventions acides, suraiguës, tranchantes et lancinantes. Basse et batterie : le même beat, les mêmes rondeurs en tempos rapides ou lents (The Faces/The Black Crows ont un goût commun prononcé pour les ballades). Quant aux looks vestimentaires, les deux combos, comparés l’un à l’autre, affichent le même style à quelques décennies d’intervalle (Back to the future), ce qui accentue encore les ressemblances.

«… y’a pas seulement que » … les Faces à l’honneur des influences du groupe, « …y’a » encore « aut’ chose… Ce serait pas … » The Rolling Stones.

On peut entrevoir chez The Black Crowes des influences signées Jagger/Richards & Cie de la grande époque 69-71 (avec Mick Taylor), dans la structure générale des chansons, dans l’ambiance qui en ressort. Les deux groupes obtiennent le même rendu dense et foisonnant en usant des mêmes trucs et astuces sur le fil de lourdes rythmiques cousines, d’attaques solistes rentre-dedans. Alors, The Black Crowes, un ersatz des Stones ? Cela me semble moins évident que pour les Faces. La voix reptilienne et sensuelle de Jagger n’est pas au rendez-vous (on est plus proche de celle de Rod Stewart) ; les stridences chuck-berriennes de Keith Richards sont absentes. Reste que la dentelle de notes offert par Taylor se retrouve dans les soli saignants des deux lead-guitars des Black Crowes ; les chœurs féminins soul/gospel et les nappes de piano scintillantes n’auraient pas été reniés par Jagger/Richards & Co.

«… y’a pas seulement que » les Faces et les Stones à l’honneur des influences du groupe, « …y’a » encore et encore « aut’ chose… Ce serait pas … » … le Southern rock.

Certains ont entrevu chez The Black Crowes une touche «sudiste» très marquée. Géographiquement çà se tient, ils sont après tout d’Atlanta, Georgie. Mais la comparaison, à mon sens, s’arrête là : c’est du blues-rock à deux guitares, basta point final, lorgnant sur les classiques seventies hard-rockeuses. Mais peut-être existe-t-il une explication à cette perception ? On ne retrouve pas les tonalités typiques des guitares sudistes, celles façon Allman Brothers Band ou Lynyrd Skynyrd. Mais, teintées hard-blues classique, elles n’en sont pas moins omniprésentes, foisonnantes, maitresses du jeu, joueuses, entrelacées, emmêlées, compactes et bétonnées en rythmiques communes, virulentes et bavardes en soli séparés ou croisés. Elles tissent, sur les plages dures, une structure sonore épaisse, compacte et drue. Ce n’est que dans leur densité que le mimétisme sudiste s’applique. Au final The Black Crowes est un twin guitars’s band mais à sa façon, sur le fil de tonalités guitares plus teintés hard que southern rock.

« y’a aut’ chose … çà serait pas »… Led Zeppelin.

Par la suite, pour brouiller les pistes, affichant Led Zeppelin à titre d’influence, The Black Crowes s’acoquina avec Jimmy Page le temps d’une tournée et d’un live furibard où l’on retrouve une ribambelle de titres led zeppeliniens. Plus qu’une curiosité…

Au final, on ne peut parler de plagiats mais d’influences très marquées et revendiquées, d’hommages appuyés, d’une volonté de reprendre à zéro la magie d’un temps révolu.

« The southern harmony and musical companion » est, en outre, le genre d’opus qui a bénéficié d’un mixage plus que correct. Cà foisonne, çà déborde, tout plein de notes partout qui se bousculent et s’entassent. Tout n’est pas perçu dès la première écoute. Il convient de poser l’oreille plusieurs fois sur la galette noire pour y déceler tour à tour des subtilités qui ne se dévoilent que peu à peu (par exemple ces courts lambeaux de gratte mixés en retrait sur la plupart des titres, surlignant le riff principal d’arabesques discrètes).

Chapeau bas …

… en illustration sonore : « TheBlack Crowes – Sting me »

  1. Sting Me – 4:39
  2. Remedy – 5:22
  3. Thorn In My Pride – 6:03
  4. Bad Luck Blue Eyes Goodbye – 6:29
  5. Sometimes Salvation – 4:47
  6. Hotel Illness – 3:59
  7. Black Moon Creeping – 4:59
  8. No Speak No Slave – 4:01
  9. My Morning Song – 6:14
  10. Time Will Tell – 4:06
  • Chris Robinson: chant, harmonica, percussions
  • Rich Robinson: guitares
  • Johnny Colt: basse
  • Steve Gorman: batterie, percussions
  • Marc Ford: guitares, guitare solo
  • Ed Hawkysch: claviers, piano, piano électrique

+: Barbara et Joy: chœurs; Chris Trujillo: congas

 







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