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jeudi 2 novembre 2023

John Mayall – Memories (1971)

 


             

John Mayall est né en 1933. Still alive and well, 90 ans plus tard, au compteur de 2023… ! Son dernier album studio, «The Sun Is Shining Down », date de 2022 et montre, une nouvelle fois, un musicien fidèle à ses racines blues. Une pléthore d’opus l’a précédé. Parmi eux, « Memories » (1971), sujet du jour.

Mayall, c’est le grand’pa blanc du British Blues des années 60’s. Au-delà, même si progressivement il a adouci son propos d’un zeste de jazz, son empreinte blues a perduré au rythme d’albums constants en qualité, modestes mais honnêtes d’intention, fidèles aux couleurs bleues de ses débuts.

Ses qualités d’instrumentiste somme toute assez limité mais multiforme (guitariste, harmoniciste, claviériste …etc), sa voix joyeuse, attachante, moelleuse et entrainante (il y a du Jimmy Reed** en elle) et ses talents d’auteur-compositeur lui ont permis de traverser les décennies sans guère de faiblesses. Il n’a jamais visé la Lune, se contentant de faire de son mieux ce dont il était capable, confiant à ses line-up magiques, triés sur le volet, ce qu’il ne pouvait atteindre lui-même.

Mayall  est connu pour son amour immodéré du blues noir qu’il a humblement restitué à l’usage des blancs (J .B. Lenoir*** et Jimmy Reed semblent ses influences majeures). Ce positionnement obstinément affiché et revendiqué en a fait un personnage historique modeste, sincère, intègre et authentique sur le fil logique d’une carrière exemplaire et attachante, remarquablement longue et prolifique.

Ses Bluesbreakers, le groupe attaché à son nom, furent le point de ralliement et la pépinière féconde de la scène rock-blues de la Perfide Albion des 60’s et 70’s (par la suite itou, mais version US). Ils ont vu en leur sein transiter le futur gratin du genre : Eric Clapton (Yardbirds), Mick Taylor (Rolling Stones), Peter Green & John McVie (Fleetwood Mac), Aynsley Dunbar, Dick Heckstall-Smith (Colosseum), Andy Fraser (Free), Larry Taylor, Harvey Mandel … etc, la liste parait sans fin. Mayall eut toujours ce p***** de flair sniffant la fine fleur des époques successives qu’il a traversées, s’acoquinant à de belles brochettes de musiciens émérites mis au service de ses compos personnelles (et des reprises de standards blues). Bien peu d’instrumentistes anglais peuvent se targuer de ne rien lui devoir … comme lui ne peut zapper ceux qui l’ont fait.

Son arbre de vie professionnel (ci-joint) révèle ceux avec qui il a joué et les groupes, autres que le sien, auxquels ils participèrent. L’arborescence est impressionnante quand, quel que soit l’endroit où se pose le regard, on trouve un nom ou un groupe qui … fit parler de lui. Une généalogie musicale explosive s'étale sous les yeux, emblématique d’une époque. Les Bluesbreakers furent un berceau d’où maints soleils jaillirent au service d’une galaxie de groupes divers, millésimés dans l’Histoire du Rock.

Mayall  avec « Memories » (1971), œuvre dans l’optique d’un album autobiographique intimiste, humble et discret. C’est lui, minot, ado et jeune adulte sur la double pochette du LP ; on y a l’impression paradoxale, en N&B amateur, d’un autre temps, vieillot, sépia et désuet, confié à une musique moderne et dynamique, en accord avec son temps. C’est beau ; j’ai toujours été attaché à cet opus qui ne fait pas dans l’esbroufe mais dans la sincérité.

Mayall, dans son intention introspective, rompt un temps avec ses Bluesbreakers, rétrécit son line-up au strict nécessaire* L’intention première, la conception, la réalisation et l’écoute semblent nourries d’une eau tranquille et sereine. Le merveilleux feeling atypique qui règne tout du long des plages est dû à l’absence totale de batterie. Ce qui, en rock où le tandem basse/batterie est primordial, une quasi constante, relève ici d’un sacré challenge quand il s’agit de le relever, de combler le manque d’une manière ou d’une autre. « Memories » est un disque performance qui d’un moins fait un plus. L’impasse sur la batterie nous offre une tournure étonnamment languide, restitue une ambiance bienheureuse, moelleuse et comme étirée dans un temps paisible et calme, une insouciance de jeunesse commune à nous tous avant que ne survienne…

J’adore… smiley « cœur ».

Morceaux à écouter en priorité : tous.

A1
Memories
A2
Wish I Knew A Woman
A3
The City
A4
Home In A Tree
A5
Separate Ways
B1
The Fighting Line
B2
Grandad
B3
Back From Korea
B4
Nobody Cares
B5
Play The Harp

Illustration sonore: " John Mayall - Wish j knew a woman"».

*Larry Taylor - bass / Jerry McGee - lead guitar, sitar, steel guitar / John Mayall - twelve-string guitar, harmonica, piano, rhythm guitar.

** Jimmy Reed - Shame shame shame

*** J.B. Lenoir - talk to your daughter



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