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dimanche 13 juillet 2025

Tintin et moi, entretiens avec Hergé – Hergé, Numa Sadoul

 

Ed. Moulinsart Casterman (2025)

En pays de BD, Hergé fut, mais nul ne l’ignore, le papa-dessins et le papa-mots de Tintin. Il fut un créateur discret et pudique dans l’ombre de sa créature, une silhouette en retrait, presque en filigrane ; un homme peu disert, mystérieux et introspectif qui, enfin, de 1971 à 1975, s’est accepté pleine lumière sous les questions d’un jeune chroniqueur BD, critique émérite en devenir. La présente somme d’interviews, accompagnées d’illustrations pleine page peu connues, est menée par Numa Sadoul, future figure d’importance de la BD ; elle s’étale de 1971 à 1975, année de sa parution. L’objet entre mes mains (paru en 2025) est le fac-similé de la première édition. Le lecteur se trouve à mi-chemin de la création des « Picaros » ; il ne peut y être question de « L’Alph-Art » posthume (on en perçoit l’ombre à venir quand Hergé s’épanche avec passion sur l’Art Moderne).

Je ne suis pas tintinomaniac (il s’en est fallu de peu). Je l’ai lu et le lit encore de temps à autre. Le héros de papier, sur le fil de 24 albums mythiques, a tendrement accompagné comme autant de rêves éveillés mon enfance puis mon adolescence, et par bouffées nostalgiques occasionnelles, mon âge adulte. Je suis venu à « Tintin et moi ; Entretiens avec Hergé » dans le but de raviver mes souvenirs de la série et d’en apprendre davantage sur un auteur qui m’a semblé, par intuition, se cacher derrière le personnage qu’il a créé et le background qu’il a engendré.

Je découvre…

C’est, en somme, un portrait d'Hergé par Hergé qui nous est, ici, présenté. Peu à peu se révèle une riche vie intérieure en accord avec une œuvre foisonnante, une autobiographie sincère nourrie d’anecdotes surprenantes le plus souvent amusantes. Ce qui fâche mais s’explique n’est que peu édulcoré pour peu que le respect soit de mise. Les questions sont habilement ciblées, directes et conduisent Hergé à retrouver son passé d’homme en son temps et celui d’artiste en perpétuelles évolutions graphique et scénaristique ; elles tissent un rapport convivial propice à la confiance, engendrent des réponses sincères. C’est un habile travail, sans doute un modèle du genre. Deux hommes face à face, quelques fois dans la confidence réciproque, l’amitué.  Etonnant et passionnant.

Sur le fil de questions/réponses à bâtons rompus, l’ouvrage laisse défiler Tintin d’album en album, de 1930 à 1976, du Pays des Soviets à celui des Picaros (en oubliant L’ Alph-Art posthume dont il ne peut être question ici). C’est 5 décennies d’aventures au crible des souvenirs, de par le monde et sur la Lune, des centaines de planches, de bulles, vignettes, onomatopées et personnages secondaires hissés eux aussi et à leur tour au rang de célébrités…. De croquis au crayon-mine, plumes et pinceaux, rognures de gomme et mises à l’Encre de Chine, couleurs appliquées : Tintin est la magie d’un « worldbuilding » foisonnant qui a enchanté quelques générations successives de lecteurs fidèles. « Tintin et moi, entretiens avec Hergé » se situe au point de convergences de toutes les parallèles que l’auteur mis en place pour notre plus grand plaisir.

Hergé, à l’ombre de son héros mais sous les sunlights magiques d’une interview réussie car bien menée, avait des choses à dire. Loin de sa réputation d’homme secret, c’était un être bavard et intarissable pour peu que les circonstances s’y prêtent. Sur le fil d’une vie et d’une carrière passionnelle centrée 9ème art à qui il a tout donné et qui lui a tout rendu, Hergé se montra fier du trajet accompli. On peut comprendre…

Merci Babelio, Masse Critique, les auteurs et les éditions Moulinsart Casterman.

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