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lundi 24 novembre 2025

Keith Richards – Mean offender (1992)

 


Vous qui viendrez sur « Mean offender » en espérant serrer la louche aux Stones de 1992, les y rencontrer en guest-stars d’un album solo du guitariste-maison, passez votre chemin. Vous n’y trouverez, seul et comme annoncé, que Keith Richards, leur gratteux rythmique de toujours, accessoirement soliste et, pour le coup, chanteur d’un soir. Les autres ne sont pas là.  On s’en passera.

A ce type de projet, c’est la deuxième fois qu’il s’y colle, le « Papy-rock-trompe-la-mort ». Il reste fidèle à ses X-Pensives Winos qu’il trimballe à l’occasion on stage et/ou en studio en période hors-stones. Out donc « Jagger-le-Lippu », « Watts-le-Flegmatique », « Wyman-le-taiseux » et « Wood-la-canaille-rigolarde ». Z’ont pas été conviés ; d’autres, moins dans la lumière, sont venus. Et ils ont bien fait.

Richards a souhaité, pour « Mean offender » après « Talk is cheap » (1988), un grain de sel différent, pimenté autre, assaisonné maison. Ça sonne comme si ce n’était pas tout à fait les Stones, sans les Stones mais avec Richards qui sonne comme il sait le faire. Bienvenue in « New-Richards-land », en son pays musical à lui tout seul, sans les autres vieux compères pour interférer/parasiter.

Que je vous dise pourquoi çà matche à donf, ce second effort en solitaire.

Ce n’est pas un album solo post-split d’un groupe en bout de course, une aventure nombriliste solitaire, un passage obligé et contraint de loin en loin pour rock-star enkysté dans un combo de légende, un one-shot calibré fin de cycle, de règne ou bouteille à la mer, histoire qu’on n’oublie pas le guitareux dans le no man’s land studio entre « Steel Wheels » (1989) et « Voodoo Lounge » (1994). Les Stones, en 92, courent toujours sur leur élan (et pourtant on ne les y pousse pas trop.. !). Richards, du troupeau à la langue tirée, tient toujours la guitare cinq cordes (il n’a peut-être pas le budget pour la sixième ?). « Mean offender » n’est, au final, qu’un humble LP studio ponctuel, qui s’essaie à autre chose histoire de voir ; c’est, pour son auteur, que du pur plaisir, et çà se sent. J’ai, au final, beaucoup d’affection souriante pour cette galette qui respire la tranquillité et gomme tout « m’as-tu-vu-en-rock-star ».

On peut passer à côté de « Mean offender » si l’on se satisfait d’une première écoute. Ne pas s’y fier, renouveler l’expérience jusqu’à ce que la sauce prenne. Ne pas s’y fier quand tout y parait simple d’intention, de composition et de production minimalistes. Ne pas s’y fier alors que basse et surtout batterie tissent une structure rythmique à minima, voiles réduites, faussement aérienne, sur laquelle viennent se greffer, se superposer quelques éléments de décorations surajoutés qui font tout le charme de l’album. Il n’y a pas d’intentions stoniennes vraiment évidentes, histoire de cloner et de laisser croire au nouveau Stones dans les bacs à disques. En fait il y a juste ce qu’il faut pour que l’auditeur se dise « C’est bien Richards aux commandes, on y trouve sa patte et çà fait du bien» ; chaque plage carbure à l’essentiel dans la magie de l’instant.

Titres à écouter en priorité : tous. Chacun son âme, sa couleur, de la ballade au rock bon teint en passant par le reggae. La track-list : un tout cohérent qui se justifie par l’équilibre entre morceaux cool et ceux plus âpres et dynamiques.

Richards, de toute façon, vendra quoi qu’il propose. Mais, là où d’autres dans la même position se sont plantés vilain sur le fil d’egos surdimensionnés, le guitariste vient en toute humilité nous proposer un album à hauteur d’homme, simple, direct et tranquille.

33 ans plus tard l’opus a gardé fraicheur et spontanéité. Il ne se montre ni daté ni désuet. La raison est à trouver dans son atypisme qui use du minimum pour plaire et convaincre.

Superbe.

"999" en illustration sonore

1     "999" (Keith Richard,Steve Jordan, Waddy Wachtel) – 5:50

2     "Wicked a2 It Seems" (Richards, Jordan, Charley Drayton) – 4:45

3     "Eileen" (Richards, Jordan) – 4:29

4     "Words of Wonder" (Richards, Jordan, Wachtel) – 6:35

5     "Yap Yap" (Richards, Jordan, Wachtel) – 4:43

6     "Bodytalks" (Richards, Jordan, Drayton, Sarah Dash) – 5:20

7     "Hate It When You Leave" (Richards, Jordan, Wachtel) – 4:59

8     "Runnin' Too Deep" (Richards, Jordan) – 3:20

9     "Will but You Won't" (Richards, Jordan) – 5:05

10  "Demon" (Richards, Jordan) – 4:45

 

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