Vous qui viendrez sur « Mean offender » en espérant serrer
la louche aux Stones de 1992, les y rencontrer en guest-stars d’un album
solo du guitariste-maison, passez votre chemin. Vous n’y trouverez, seul et comme
annoncé, que Keith Richards, leur gratteux rythmique de toujours,
accessoirement soliste et, pour le coup, chanteur d’un soir. Les autres ne sont
pas là. On s’en passera.
A ce type de projet, c’est la
deuxième fois qu’il s’y colle, le « Papy-rock-trompe-la-mort ».
Il reste fidèle à ses X-Pensives Winos qu’il trimballe à l’occasion on
stage et/ou en studio en période hors-stones. Out donc « Jagger-le-Lippu »,
« Watts-le-Flegmatique », « Wyman-le-taiseux »
et « Wood-la-canaille-rigolarde ». Z’ont pas été conviés ;
d’autres, moins dans la lumière, sont venus. Et ils ont bien fait.
Richards a souhaité, pour
« Mean offender » après « Talk is cheap » (1988),
un grain de sel différent, pimenté autre, assaisonné maison. Ça sonne comme si ce
n’était pas tout à fait les Stones, sans les Stones mais avec Richards
qui sonne comme il sait le faire. Bienvenue in « New-Richards-land »,
en son pays musical à lui tout seul, sans les autres vieux compères pour
interférer/parasiter.
Que je vous dise pourquoi çà
matche à donf, ce second effort en solitaire.
Ce n’est pas un album solo
post-split d’un groupe en bout de course, une aventure nombriliste solitaire,
un passage obligé et contraint de loin en loin pour rock-star enkysté dans un
combo de légende, un one-shot calibré fin de cycle, de règne ou bouteille à la
mer, histoire qu’on n’oublie pas le guitareux dans le no man’s land studio
entre « Steel Wheels » (1989) et « Voodoo Lounge »
(1994). Les Stones, en 92, courent toujours sur leur élan (et pourtant
on ne les y pousse pas trop.. !). Richards, du troupeau à la langue
tirée, tient toujours la guitare cinq cordes (il n’a peut-être pas le budget
pour la sixième ?). « Mean offender » n’est, au final,
qu’un humble LP studio ponctuel, qui s’essaie à autre chose histoire de voir ;
c’est, pour son auteur, que du pur plaisir, et çà se sent. J’ai, au final,
beaucoup d’affection souriante pour cette galette qui respire la tranquillité
et gomme tout « m’as-tu-vu-en-rock-star ».
On peut passer à côté de « Mean
offender » si l’on se satisfait d’une première écoute. Ne pas s’y
fier, renouveler l’expérience jusqu’à ce que la sauce prenne. Ne pas s’y fier quand tout y parait simple
d’intention, de composition et de production minimalistes. Ne pas s’y fier alors
que basse et surtout batterie tissent une structure rythmique à minima, voiles
réduites, faussement aérienne, sur laquelle viennent se greffer, se superposer quelques
éléments de décorations surajoutés qui font tout le charme de l’album. Il n’y a
pas d’intentions stoniennes vraiment évidentes, histoire de cloner et de
laisser croire au nouveau Stones dans les bacs à disques. En fait il y a
juste ce qu’il faut pour que l’auditeur se dise « C’est bien Richards
aux commandes, on y trouve sa patte et çà fait du bien» ; chaque
plage carbure à l’essentiel dans la magie de l’instant.
Titres à écouter en priorité :
tous. Chacun son âme, sa couleur, de la ballade au rock bon teint en passant par
le reggae. La track-list : un tout cohérent qui se justifie par l’équilibre
entre morceaux cool et ceux plus âpres et dynamiques.
Richards, de toute façon,
vendra quoi qu’il propose. Mais, là où d’autres dans la même position se sont plantés
vilain sur le fil d’egos surdimensionnés, le guitariste vient en toute humilité
nous proposer un album à hauteur d’homme, simple, direct et tranquille.
33 ans plus tard l’opus a gardé fraicheur
et spontanéité. Il ne se montre ni daté ni désuet. La raison est à trouver dans
son atypisme qui use du minimum pour plaire et convaincre.
Superbe.
1
"999" (Keith Richard,Steve
Jordan, Waddy Wachtel) – 5:50
2
"Wicked a2 It Seems"
(Richards, Jordan, Charley Drayton) – 4:45
3
"Eileen" (Richards,
Jordan) – 4:29
4
"Words of Wonder"
(Richards, Jordan, Wachtel) – 6:35
5
"Yap Yap" (Richards,
Jordan, Wachtel) – 4:43
6
"Bodytalks" (Richards,
Jordan, Drayton, Sarah Dash) – 5:20
7
"Hate It When You Leave"
(Richards, Jordan, Wachtel) – 4:59
8
"Runnin' Too Deep"
(Richards, Jordan) – 3:20
9
"Will but You Won't"
(Richards, Jordan) – 5:05
10
"Demon" (Richards,
Jordan) – 4:45
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