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samedi 29 novembre 2025

Canned Heat – Living the blues (1968)

 



_T’as le cafard Tonton ?

_Oui. J’avoue…

_C’est l’hiver qui me fait çà, le froid, la neige, la pluie.. !

_C’est pour çà que t’écoutes du blues, aujourd’hui ?

_Un peu, mais pas que. J’aime bien çà tout simplement. J’ai toujours adoré cette musique.

_ Sur ta platine : « Canned Heat » ? « Living the blues » ?

_ Le premier c’est le nom du groupe, le second le titre de l’album. Un double LP. Cà date de 1968. L’original était en deux volumes ; ce que tu vois est une réédition en un seul.

_  « Canned Heat » çà veut dire quoi ?

_C’est de « l'alcool brut …[en boites de conserve] …destiné au chauffage mais bu, comme l'alcool à brûler, par des alcooliques désargentés qui ne peuvent se permettre rien de mieux* » (*sic)

_Merci Wikipedia.

_Ne rigoles pas. Font ce qu'y peuvent.

_Oui, passons.. !

_ « Refried Boogie » une des chansons du LP: c’est la chaleur du boogie en conserve ; çà surchauffe la tête le temps de deux faces de cire noire, soit pendant 42 minutes. Certaines de leurs pochettes montrent le produit.


_Je vois le genre.

_Mid sixties, sur la West Coast US, alors que les hippies versaient, au même endroit, dans le « psychedelic trip », fallait l'oser le gras blues blanc rustique, bien roots façon Papy-Hooker, à faire rire les noirs … Une sorte de blues-guitare électrifié en hommage aux grands maitres du genre ; ils aimaient çà et nous aussi. Et ça a marché. Les auditeurs n’étaient pas dans la Contemplation Béate de l’Univers Psyché mais dans leurs pieds qui battaient le rythme en cadence. Et dire que le groupe existe toujours et qu’il prêche encore la bonne parole du blues et du boogie.

_Les mêmes ? Sont vieux, maintenant ? Plus que toi, même, c’est dire ? Encore de la musique de vieux croutons. Du genre préhistorique.

_Oui, on avait à peine électrifié les menhirs.

-_Ca s’met pas sur 220 ces choses-là ?

_Si, à leur base y’a des prises de courant. Ils servaient d’amplis guitare.

_Tu déconnes ?

_Non, même que les dolmens c’étaient les batteries et les fémurs de dinosaures des guitares. « Carnac blues » et « Troglodyte boogie », c’est eux. Tu leur connais même une chanson. C’est sûr.

_J’suis pas archéologue.

_Si un machin de pub TV. « On the road again ». Mais pour quelle marque, j’sais plus. A propos d’archéologue, c’est presque çà les concernant ; généalogiste serait mieux pour décrypter leurs incessants line-ups …

_Tant que çà.

_Oui. Fouilla, c’est pléthore … et pas des moindres, surtout chez les gratteux, Vestine, Mandel, Wilson .. etc. Et pis la poisse , la grosse scoumoune, les décès à répétition ; les overdoses, les maladies, les accidents et tutti frutti. La foi, qu’ils avaient, je t’dis pas.. !

_N’empêche, ils ont fait poussière.

_ Hé, jeune padawan, dis pas çà, suis pas ton arrière-grand-père quand même ; Tiens-toi bien, j’ai joué, en guest-star, de la basse avec eux à Woodstock. On me voit dans le film du festival sur « Refried Boogie ». J’avais encore les cheveux qui headbangaient à grands fracas sur les amplis à donf les potentios. M’avaient remarqué en tant que requin de studio sur « Boogie Chillun » de John Lee Hooker ; j’avais remplacé HLP. Le soir même je faisais des papouilles à Grace Slick du Jefferson Airplane.

_HLP ?

_Haut le pied.

_Mytho le Tonton.

_Même qu’ils ont prié Saint-BB King et Sainte Billie Hollyday pour que je vienne. Je respirais le blues, je le vivais, le transmettais dans sa plus pure essence.

_Tout çà, c’est sûr, c’est de la fumette, oui. Tu t’inventes, te racontes, t’affabules ; l’ancêtre se shoote les deux doigts dans la prise. Des pétards plein les naseaux qu’il a, le tonton, farcis LSD. Des tampax dans les narines façon persil de cochon à l’étal du boucher. T’as eu qu’à allumer les mèches. Dis, Tantine, elle a pas dû avoir la belle vie avec toi ?.

_J’peux pas tout dire…

_Allez si dis.

_...elle m’a mis au sniffs de sachets de camomille. Cà remplace pas, crois-moi.. ! Je suis devenu un « Singe en hiver », je dors.

_Voilà t’y pas qu’y s’prend pour Jean Gabin, maintenant…

_...je préfère Belmondo , plus jeune, plus attirant, comme moi encore ; mademoiselle, à ce que j’vois, possède la référence qu’y faut.

_Bref,… A ce que j’entends : « Canned Heat » c’est des vétérans du blues blanc des 60 ‘s, des survivants du genre, des marathoniens du boogie des racines, des forçats du genre, des stakhanovistes du 12 mesures et de la note bleue. Un groupe qui bougeait les foules en tapant des pieds. J’adhère à ce blues puissant et primitif. Et que vive le boogie.

_T’as tout compris.

_... oui ; finalement, sont du genre Bigflo & Oli, voire Jul.

(Bruits de bulles de Doliprane effervescent dans un verre d’eau)


En illustration sonore: "My mistake" 


_

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