Fleuve Noir Spécial-Police n°1278 (1976)
1976. « La
haine dans les veines », signé Jean Mazarin, parait aux Editions
du Fleuve Noir, dans la collection « Spécial-Police » (1949-1987).
Le roman sort sous le n°1278 (la collection en comptera 2075). Depuis ses
débuts Michel Gourdon en assure les illustrations couleurs de façade (en
FN-Espionnage, il fera dans le N&B exclusif). Son règne prend fin
deux ans plus tard, en 1978 ; de mornes photos-montages le remplacent en
unes de couv ; mon intérêt pour la collection cesse. A mon sens, les FN-SP
sans Gourdon c’est comme les vieux FN-Anticipation sans Brantome.
Tout est dans l’emballage, le reste, ça se discute.
Des
auteurs-maison travaillèrent, presque exclusivement, pour la collection Spécial-Police.
Les mêmes, toujours, une cinquantaine (guère plus), à revenir, sans cesse au
menu. Des préférences s’imposèrent au goût de chaque lecteur. Perso : F. Dard,
G.J. Arnaud, A. Lay, A. Page… etc. Les qualités, les défauts de chacun, tour à
tour. Je prends le premier, je laisse le suivant, je teste le troisième. Une
constante néanmoins : j’oublie ; c’était du roman de gare, vite acheté
et vite lu, presque à usage unique, du genre à n’être que rarement réédité. Et
pourtant : j’avoue, je suis collectionneur, au rythme nostalgique d’une
époque révolue et que ne vivront plus les maisons d’éditions.
Jean
Mazarin fut l’un des poulains du Fleuve. Je l’ai croisé quelques
fois, jadis, en FN-Anticipation sur le fil de petits romans de SF lus
sans déplaisir. Y revenir, en 2025, dans le cadre d’un roman policier m’a tenté.
Il aura fallu une BAL, le susnommé Michel Gourdon en couvrante (comme d’hab,
un joli minois féminin, cette fois-ci celui d’une blonde comme on les aimait durant
les 70’s), quelque chose d’une lecture de plage pour boucher un trou entre deux
lectures plus conséquentes.
La France des
70’s est au programme ; celle pompidolienne, morne et autarcique, tristement
conservatrice (du Chabrol, on dirait presque du Chabrol.. !) ; celle post-soixante-huitarde,
ouvrière ou estudiantine, à bouffer du bourgeois et à rêver d’utopie. Tout est
dans le contraste sociétal. Des barres-HLM de banlieue d’une part. Une grasse demeure
bourgeoise de l’autre, tout en major d’hommes et femmes de chambre.
Classiquement : un promoteur immobilier rapace et véreux en quête du grand
coup de haut standing ; sa belle épouse, son ex-secrétaire opportuniste,
bientôt assassinée ; sa fille, une belle plante, un rien dépravé, le grain
de sable type. Le prof de techno à la tête d’un comité de défense, un rien
provocateur, en garant fragile d’un site naturel menacé d’implantation
immobilière d’un nouveau genre. Un commissaire presque comme un autre, un rien
décalé, un brin anticonformiste qui, entre deux eaux, fera son chemin vers la
vérité.
Au final, sur
ce schéma d’oppositions, un roman d’une autre époque (mais cela a-t-il vraiment
changé ?) ; celle où face à face, se jouent deux conceptions de vie.
Un petit
roman perdu. Et retrouvé. Un bouquin policier à la française d’une certaine
époque…. tandis que s’américanisait la « Série Noire ». Deux
conceptions de la littérature policière. Une place pour chacune.
Fruit du hasard, ma lecture en cours, "Avant d'aller dormir" (2014), de S.J. Watson chez Sonatine Editeur sonne comme l'un de ses petits bouquins de gare dont le Fleuve Noir Special Police s'était fait le fer de lance (rien de péjoratif dans le propos); si ce n'est que le roman anglais s'étire ,bavard, en petite police informatique, sur plus de 300 pages (un pavé, en fait). J'ai, le lisant, l'impression de parcourir un de ses polars mineurs dits à la française des 50's, 60's et 70's comme on les concevait alors (hors Série Noire). Très curieuse impression (mais loin d'être rédhibitoire)..!
RépondreSupprimerJ'aime bien le ton de cet article, avec un peu de prise de distance, et la bonne définition du roman de gare: de la lecture "de consommation" (pour s'occuper le temps d'un trajet, quitte à l'abandonné arrivé à destination), de la lecture unique, et un titre qui, lui-même, ne sera sans doute jamais réédité... Des collections "à parution régulière", avec des auteurs "attitrés" qui produisaient "à la chaîne"... Vos considérations sur la couverture, "produit d'appel", sont intéressantes aussi.
RépondreSupprimerLes "Anticipations", j'en ai découvert quelques-uns à l'occasion de mon "challenge marsien", je crois que je n'en avais jamais lu avant.Comme j'aime bien farfouiller chez les bouquinistes, en séries policières, je peux à l'occasion être attiré par un titre parce que j'en ai vu l'adaptation au cinéma (Le Breton, Simonin...). Après, ils ne s'éternisent pas dans mes rayonnages (bibliothèques partagées eau boites à livres). Transmission...
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Roland C. Wagner fut le dernier à écrire pour le Fleuve Noir Anticipation (n°2001) avant que la collection ne s'éteigne. Tout ce qu'il fut, de son empreinte farouche sur le fandom SF hexagonal à ses productions nées de son savoir du genre, de ses talents d'écriture et de conteur, le furent sous l'ombre tutélaire du FNA qui marqua sa vie. On raconte qu'il était capable de faire "remonter" de sa mémoire un auteur et un titre d'un blind-test ayant pour support le catalogue du FNA.
SupprimerJe collectionne le FNA parce que c'est mon enfance et mon adolescence, mes premiers pas dans le genre, même si maintenant certains auteurs ne "passeraient" pas dans ma perception de la vie politique. Ils ne sont pas si difficiles que çà à trouver, les tirages étaient fabuleux, passaient sans problème les seuils de rentabilité.
Comparativement, son inverse, le CLA (Club du Livre 'Anticipation) me laisse presque indifférent malgré son luxe embarqué, ses tirages limités ... la surestimation que l'on a sans doute de lui.
Ci dessous une chro en lien, issue des //s, où le titre et l'auteur du roman ne sont que prétextes à revenir sur l'histoire du FNA, principalement dans sa partie médiane, post Brantonne et période bleue (de Sante-Croix).
Supprimerhttps://laconvergenceparalleles.blogspot.com/2018/09/rhino-dominique-douay.html