Là, sous mes
yeux, par désir de baigner dans un jus d’époque, le roman s’ouvre en version de
première parution ; celle originale, en reliure d’éditeur et jaquette photo N&B. Le tout naquit aux "Presses de la
Cité" en 1954. De l’eau sous les ponts, des décennies.. ! D’autres
que moi, plus âgés, ont touché, lu et apprécié ce même livre d’occasion. 70 ans
plus tard la magie n’opère plus, le témoignage autobiographique embarqué a
perdu de son actualité. La thématique centrale a suivi des centaines de chemins
semblables.
La une de
couv : la nuit, le froid, la pluie, les éclats de lune sur le pavé
luisant, les taches blafardes des réverbères sur les façades des sombres immeubles
aux volets clos, les lettres au néon des enseignes … le titre laisse entrevoir « Messieurs
les Hommes » … Bienvenue dans l’univers de la pègre parisienne d’antan.
« La
loi des rues » est la suite naturelle et, semble t’il, largement autobiographique
de "Les hauts murs"
(1954). Auguste Le Breton raconte son adolescence pendant laquelle les
règles du Milieu remplacèrent celles des orphelinats, des maisons de
redressement ou de correction de son enfance. On est loin de la force
dénonciatrice des systèmes d’Assistance Publique de l'entre-deux guerres qui
éclataient au grand jour dans le premier tome. Le héros, ex-pupille de la
Nation, devenu ado, glisse vers le Milieu et n'emporte plus (ou peu) l'empathie
du lecteur ; il n’est plus ballotté par les événements mais devient responsable
de ses actes. « La loi des
Hommes » pointe du nez, l’autobiographie y perd de son intérêt. La
prose s’en ressent et fait glisser le lecteur vers l’indifférence quand le
gamin chahuté fait place au jeune adulte.
On a, tout
du long, l’impression d’évoluer dans un long métrage des 50’s ou 60’s, dans un
de ces polars ciné à la française en noir et blanc traversés des lourdes et
lentes silhouettes de Gabin ou de Ventura. On est déjà dans la série des « Rififi »
où Le Breton se lancera dans le polar noir de fiction made in France. Parfums
d’argot parisien et de verlan d’une époque offerte à la truanderie classique et
à ses codes d’honneur. Parler canaille et gouailleur. Petits truands et jolies
pépées, colt et crans d’arrêt aux lames acérées. Que de clichés… !
Paris
Montmartre, Paris-Pigalle. L’écho d’une époque…. qui a fait son temps.
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