Une chronique pas comme les autres. Plus une nouvelle autobiographique qu’autre chose. Une manière de remuer doucement le passé et d’écrire que c’est comme çà que les choses adviennent, sans qu’on le sache.
« Chico Magnetic Band ».
Je suis tombé sur ce vinyle à
parution. En 1971. J’étais ado. Il était, à m’attendre, dans les bacs d’une
médiathèque d’entreprise. 50 centimes de franc le prêt de 4 vinyles pour trois
semaines. Belle aubaine. Tant de choses à découvrir à une époque où le Web n’était
même pas un rêve. J’ai dû emprunter la galette de cire des dizaines de fois. Sans me lasser. Sans vraiment comprendre ce que j'avais entre les mains.
L’album fit partie des raisons
pour lesquelles j’ai toujours aimé le rock. C’est même lui qui me l’a fait
découvrir. Il ne lui aura fallu guère plus de 32 minutes sur 2 faces pour me
scotcher, me souffler dans l’oreille « Mec, tu viens d’en prendre pour
des décennies à aimer çà ; le rock t’a choppé ; démerde toi avec ce
boulet faustien ».
Bien sûr il y eut d’autres
groupes à s’y coller ; mais celui-ci est spécial. C’est une curiosité
obscure qui n’aurait jamais dû être choisi comme représentatif de ce qui alors
était nommé « Pop-Music »… et pourtant c’était bien le cas.
Comment, était t’il arrivé là ? Le rock n’était alors qu’un marché de
niche où trouver des renseignements n'était pas chose aisée (ça allait changer, et pas qu’un peu) dans le flot variétoche mainstream
qui squattait tout, de la prudente TV d’état aux ondes longues des radios …. à
l’époque c’étaient, Outre-Atlantique et à la rigueur, les Stones et les Beatles.
Même eux n’avaient pas suffi pour m’attraper. Il m’a fallu attendre le Chico
Magnetic Band. Si si.. !
Sans le savoir, ce fut aussi mon
premier contact avec le rock psychédélique comme le fut, la même année, Chicago
Transit Authority avec le brass-rock. Chico Magnetic Band était
aller pêcher ses influences du côté d’Hendrix, c’était manifeste, mais çà
je ne le comprendrai que plus tard. Même qu’il reprenait « Crosstown
traffic » en creux de sillon, c’est dire.
En plus le Chico Magnetic Band
était de par chez moi (ou presque). De Lyon, à quelques années des Ganafoul,
Factory, Killdozer, Starshooter et autres Electric
Callas à venir qui allaient donner à la Capitale des Gaules un éclat rock
jalousé par Paris.
Alors, bien sûr, au regard de son
existence éphémère et de sa discographie maigrichonne je n’ai jamais vu le
groupe sur scène. Parait pourtant que c’était hallucinant, presque fou; une
histoire de baignoire derrière le micro, une autre de casque métallique à feux d’artifices. Mais çà
c’est une autre histoire.
Quand la médiathèque analogique
de ma jeunesse s’est sabordée 25 ans plus tard pour cause de déferlante numérique,
ses vieux vinyles se sont vendus une misère, et en trois coups les gros, à qui
en voulait encore. Le Chico fut de mes premières prises. Tu parles, je
le guettais celui-là. L’était encore bon, c’était celui même qui avait tant
tourné sur ma platine, que j’avais rayé par imprudence regrettable, celui qui
symbolisait à lui tout seul ma passion. Fallait pas le louper.. !
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