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jeudi 1 août 2024

Le roman noir, une histoire française – Natacha Levet (2024)

 


PUF Ed. (Presses Universitaires Françaises) 2024

 

Amateur de Mauvais Genres depuis toujours, mais très majoritairement attiré par la Science-Fiction et le Fantastique, je m’intéresse depuis quelques mois seulement au « Roman Noir». Autant dire que je n’y suis que débutant. En conséquence, mes choix de lecture le concernant sont davantage dus au hasard, aux coups de foudre issus de titres percutants, à des adaptations TV ou cinématographiques réussies de célèbres romans, aux conseils d’amateurs choppés de droite et de gauche sur le web, aux regards portés sur des auteurs reconnus par le grand public, à l’hameçonnage de 4 de couv racoleuses, à des illustrations profondément typées, à quelques collections, anciennes ou actuelles, peu à peu repérées en cœur de genre ...

… et pour la première fois un essai littéraire en écho du genre, m’ouvre ses pages et ses promesses de réflexion. C’est du costaud mais c’est passionnant …

Au printemps 2024 parait « Le roman noir, une histoire française » aux Presses Universitaires Françaises (PUF). C’est un essai dense et érudit sous la plume experte et le savoir littéraire ciblé Mauvais Genres d’une universitaire et chercheuse limougeaude, Natacha Levet. La thématique centrale est axée sur les fictions criminelles liées au Roman Noir; le territoire d’exploration en est restreint au domaine français qui en est, plus ou moins, à l’origine via son histoire et ses pratiques éditoriales.

« Le roman noir, une histoire française », repéré à sa sortie, m’est venu via Babelio, Masse Critique, l’auteure et l’éditeur ; merci à eux. L’envie d’enfin le lire fut également concomitant à une interview radio donnée par Natacha Levet, l’auteure, lors de la parution de l’ouvrage en librairie. Ce fut sur les ondes de France Culture/Mauvais Genres, le dimanche 10 mars 2024, une excellente introduction à l’essai. Je ne suis peut-être pas la cible privilégiée de ce dernier, n’étant qu’humble polar-addict de fraiche date, mais j’ai des choses, concernant le genre, à connaitre et comprendre. Ce n’est pas, à proprement parler, un ouvrage de vulgarisation mais il a fait l’affaire, disséquant ses thématiques embarquées avec passion, envie de partage et désir de transmettre les savoirs.

Natacha Levet aborde classiquement l’histoire du Roman Noir, elle est multiforme et complexe, ancrée dans son passé, installée dans son présent en attente de respectabilité et d’émancipation (si ce n’est pas déjà fait) et confiante dans son avenir. Elle aborde des territoires ramifiés mais convergents, des déclinaisons de sous-genre en sous-genres, des ancêtres lointains (les romans gothique, naturaliste, celui feuilleton du XIXème …) ou proches (le roman prolétarien de l’entre-deux guerres, le hardboiled* US des années 20’s, le récit d’énigmes ou de procédures, le néo-polar à la Manchette, le polar historique, la SF (principalement uchronique) … et bien plus encore.

L’illustration de couverture se veut, d’évidence, un hommage appuyé au polar hardboiled des premiers pas des années 20’s US ; elle montre des éléments liés au genre parfaitement codifiés ; on y voit ainsi une porte entrebâillée sur une probable scène de crime, une sombre silhouette de détective privé, son ombre portée, le révolver, le stetson et l’imper mouillé ne laissent aucun doute, à moins qu’un malfrat menaçant ne fasse aussi l’affaire … L’image proposée implique une complicité avec le lecteur quand s’inspirant de la chartre graphique des premiers « Série Noire » (Gallimard Ed.) ce dernier y reconnait le jaune bouton d’or typique, le noir profond, une certaine ressemblance de police typographique …  Tout ne sera tout du long de l’essai que racines, références, codes de reconnaissance…

… pour enfin tout savoir…

 Mais l’important, me concernant, n’est pas là ; l’essai fait le job, explique, dissèque, donne envie de pousser plus avant (une liste resserrée de lectures conseille), l’objet devient référence. Le déroulé explicatif, passionnant, m’est devenu surprenant au regard des convergences entrevues avec un autre Mauvais Genres, la SF. J’ai fait, peu à peu, l’étonnant constat d’un « déjà-lu » étonnant. Je m’explique.

Jadis, sur le fil des 60’s finissantes et 70’s débutantes, mes premiers pas SF avaient étonnamment ciblé itou le domaine français plutôt que celui anglo-saxon dominant (Pierre Pelot, Jean-Pierre Andrevon, Barjavel, les auteurs du Fleuve Noir Anticipation, ceux français du Rayon Fantastique ou du catalogue de Présence du Futur … etc).  D’une manière semblable, mes romans noirs, ces temps, en approches premières, ont visé Simenon, Boileau-Narcejac, Daeninckx, Jonquet, Manchette, Siniac …. Curieuse similitude d’angles d’attaques par-delà les décennies avec sans doute en arrière-plan l’intuition que ce qui avait cimenté une passion autrefois allait se reproduire.

Volonté de blanchir les origines sans vraiment les renier, de se noyer dans la masse de la littérature généraliste, de se soustraire à l’étiquetage générique (collections et 1 de couv neutres), de s’extirper d’un ghetto, de s’ « honorabiliser », de prétendre à la reconnaissance d’une prose de qualité et de thématiques dignes d’intérêt, en prises avec l’actualité…

Eu final un doc de référence, passionnant et indispensable pour pousser plus avant.

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