Accueil

Accueil
Retour à l'Accueil

dimanche 4 août 2024

Weather Report – Weather Report (1971)

 

CBS 1971 (ici réédition CD chez Columbia, 1991)

 

En 1971, l’éponyme premier album de Weather Report fait écho au bourgeonnement séminal offert par Miles Davis, un an plus tôt, avec le double-LP « Bitches Brew ». Rien d’étonnant : Joe Zawinul (piano, electric piano) et Wayne Shorter (tenor & soprano saxophones), faisaient partie du line-up magique recruté par le trompettiste ; les deux brillants musiciens ont retenu la recette du Maitre et l’ont appliquée à leur nouveau projet entre semi-improvisations et recherche d’atmosphères novatrices jazzyformes et progressives. Ainsi, inspiré d’un modèle de jazz-fusion inauguré par Miles Davis qui pioche jazz et revisite rock, Weather Report, l’album, offre l’impression d’un héritage anthume. Certes moins foisonnant, bouillonnant et touffu, plus éthéré, logique, construit, pensé et réfléchi, il présente des morceaux courts et captivants et raffinés, à l’inverse de ceux de « Bitches Brew « qui puisaient leur hypnotisme ambiant sur la longueur.

Durant 37’27’’ seulement (c’est court pour un LP, mais la brièveté aura le mérite de l’essentiel et du meilleur des sessions d’enregistrements) le combo embarque un line-up où seuls Zawinul et Shorter officieront le temps des trois premiers opus et imposeront leur manière (Weather Report, J sing the body electric et Sweetnighters). Il y a, ainsi, trilogie inaugurale ; après ce sera autre chose, des saveurs différentes prévaudront ; certains affirmeront même que cette première mouture porte seule la légitimité du nom du groupe. Et pourtant, Jaco Pastorius, entre autres, le successeur de Miroslav Vitus à la basse ce n’est pas rien, loin de là.

01 « Milky way » (« La Voie Lactée ») ouvre l’album ; c’est une courte structure instrumentale minimaliste de 2’20 qui évoque le vide spatial tendu entre les étoiles, les quasars, les pulsars, les nébuleuses, les comètes … toute une atmosphère astronomique voire science-fictive comme trois ans plus tôt « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrik en proposa en première plage de BOF avec « Ouverture atmospheres »). La pochette de couverture de Weather Report lui fait écho : c’est une superbe photographie qui évoque les galaxies, une constellation … peut-être la Voie Lactée en rebond du titre choisi pour le morceau. La SF littéraire, alors, bat son plein et le titre du second opus de Weather Report semble s’inspirer d’un recueil de Ray Bradbury (« J sing the body electric », je chante le corps électrique en Présence du Futur (1969 aux USA)).

02 « Umbrellas » suit, le titre semble offert, en effets solos appuyés, aux splendides lignes de basse électrique tranchantes puis ronflantes de Miroslav Vitus ; en filigrane les autres instrumentistes tissent en background une ambiance toujours aussi science-fictive. Ainsi, entre les astres filent des météorites sonores, s’ébauche une conversation de toute beauté de comète à comètes, d’un astre à l’autre. Le meilleur titre de l’album.

03 « Seventh Arrow » : Plus déstructuré, Le re-meilleur titre de l’album (encore..!). Des bribes de free-jazz qui, sur le fil d’écoutes réitérées, s’imprègnent de logique et de cohérence. Le morceau de bravoure de l’album, potentiellement utilisable en live via les soli qui peuvent s’y ancrer ou les impros s’y greffer.

04 « Orange Lady » : le plus aérien, planant et éthéré des titres proposés ici. Une mélodie souple et tranquille dont l’auditeur s’imprègne facilement. Chaque intervenant se fond avec tranquillité et confiance dans le jeu chatoyant des autres. Du pur bonheur à l’état sonore. Effet planant garanti. Je me souviens d’une anecdote portant à sourire. Art Farmer affirma qu’à son sens « Weather Report is cloudy » (« La météo est nuageuse »). Au-delà de la boutade et du double sens évident je retiens l’évocation d’un nuage sur lequel rêve le groupe, ici au gré d’alizés sereins et tranquilles. Oui, la métaphore d’un cumulus d’été s’impose, blanc, lent et majestueux, sur l’horizon immobile d’un après-midi d’été.

05+06 « Morning lake » + « Waterfall » : Deux plages qui semblent évoquer l’eau, le flux et le reflux de vagues légères à la surface d’un lac tranquille (basse + batterie), les embruns de cascades fraiches, les crépitements de l’écume au sommet des ondes (pianos en canaux droit et gauche). Délicat et inspiré

07 « Tears » : dans la continuité d’atmosphère des deux titres précédents s’insèrent des chœurs intrigants et magiques, presque féériques (Alphonzo Mouzon, le batteur). Des instrumentistes à l’ouvrage, l’auditeur se prend, tour à tour, à écouter tantôt l’un tantôt l’autre et constate la parfaite osmose qui les imbrique. Le re-re meilleur titre de l’album

08 « Eurydice » : le classicisme jazz (tendance hard-bop) refait surface. La boucle est bouclée.

Le tout est magique. J’y suis venu, hélas, sur le tard. J’ai laissé, 55 ans durant, le Lp sur voie de garage ; la première écoute avait été décevante ; depuis, aucune seconde chance accordée. Ces temps-ci, l’intention première fut de goûter au jeu de basse singulier offert par Vitus. Au-delà et au final, ce Weather Report première mouture, se montre captivant et raffiné, voire indispensable … presque joyeux et rafraichissant, comme une évidence, là où je n’entrevoyais que de l’austérité élitiste. Superbe…

 

Studio Album - 1971 - Tracks

01. Milky Way (2:33)
02. Umbrellas (3:27)
03. Seventh Arrow (5:22)
04. Orange Lady (8:43)
05. Morning Lake (4:25)
06. Waterfall (6:20)
07. Tears (3:25)
08. Eurydice (5:45)

Total Time: 37:39

 

Line-up :

- Joe Zawinul / piano, electric piano
- Wayne Shorter / tenor & soprano saxophones
- Miroslav Vitous / electric & acoustic basses
- Alphonzo Mouzon / drums, voice
- Airto Moreira / percussion

With:
- Don Alias / percussion (uncredited)
- Barbara Burton / percussion (uncredited)

En illustrations sonores, « Tears » et « Umbrellas »


 


7 commentaires:

  1. https://www.youtube.com/watch?v=2J945IslQHg
    Vs
    https://www.youtube.com/watch?v=nfkto61kHhc

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Qu'est ce que j'avais aimé Mysterious traveller (American Tango, jungle book)

      Supprimer
    2. Oui. Itou. Je suis en train de réécouter cet album (actuellement en écoute). On n'est plus dans la même mouture de line-up. On sent le Weather Report en devenir.
      Perso c'est "Black Market" que je préfère. C'est gai, joyeux, bienheureux.
      Je m'essaie, ces jours-ci, à redécouvrir une nouvelle fois WE avec "J sing the body electric". Je cherche Bradbury et ne le trouve pas (déception...) La pochette est SF mais moche (AMHA). Deux parties: face 1 déconstruite et emballée dans le free-jazz, face 2 live cohérente. Je ne parviens pas à y trouver plaisir, c'est trop complexe pour moi.

      XXXX

      Jazz-rock: j'y suis venu via Miles Davis en y cherchant les merveilleux guitaristes électriques qui l'ont toujours accompagné (Mc Laughlin, John Scoffield ...) et en allant vers d'autres (Larry Coryell, Pat Metheny, Robben Ford, Larry Carlton ...)

      Supprimer
    3. Black Market, oui tout à fait !

      Supprimer
  2. Réponses
    1. SV: désolé, je ne peux pas améliorer les choses au-delà de ce Blogger a prévu en standard ou, alors, n'ai je pas trouvé la petite case à cocher qui va bien dans les réglages.

      Supprimer

Articles les plus consultés