J’ai ressenti, ces temps-ci, l’envie de revenir vers CharlElie Couture . Ça faisait bien longtemps…
C’est la faute à ce temps de novembre de bonne heure revenu, humide, frisquet et tristounet qui me replonge, à son opposé, dans les grosses chaleurs bienheureuses d’il y a peu, en écho d’un été trop tôt perdu, gommé de ces jours brûlants.
« Quand il fait chaud il fait chaud. On a envie de l’eau, envie de l’eau, ôh ôh ôh ».
Une voix qui nasille, trainasse et s'alanguit ; une musique qui vit, explose et surprend. Des lyrics tout mous tout bêtes, marmonnés, étouffés, étirés façon marshmallows mollassons … et pourtant si rieurs, bienheureux, assagis et reposés. Quelques notes cristallines au piano et à guitare sèche, basse et batterie qui sautillent. C’est beau, c’est simple, c’est humble.
A chaque fois c’est pareil : sortir ce vinyle-là, toujours ce quatrième album plus qu’un autre, le poser sur la platine disque, accepter que ces 10 p***** de chansons de rien squattent mon espace-temps, et tournent, tournent, tournent à l'envie ; cet album me bouffe le temps sans qu’il n’y ait rien de perdu à l’écouter, à le goûter, à le savourer.
La patte atypique de CharlElie posée sur la musique, entre variété française, rock, blues et jazz m’a toujours fasciné, intrigué, emballé. J’écoute peu de chanteurs de chez nous, mais lui si. De plus, son personnage intriguant, tout aussi singulier, hors sentiers battus, crane-miroir et barbiche-coton, turlututu chapeau pointu, voix de canard et "poèmes rock"... J'adore. Et puis, ses lyrics tels des dizaines de clichés polaroids jetés sur scène, au pied du micro, comme autant d’instantanés de vies figées dans l’instant.
« Derrière le parking qu'est désert la nuit
À côté de la voie ferrée dans une impasse étroite
Il y a un p'tit bar au papier peint jaunâtre
Papier peint jaunâtre
Le vin pique la gorge et le pain des sandwiches est plus mou qu'une éponge
Bien plus mou qu'une éponge. » Le loup dans la bergerie
« Poèmes rock » porte bien son nom, comme si en deux mots, de l’un vers l’autre attiré, Couture battait la cadence entre poésie tranquille et énergie. On y trouve un déphasage entre l’intention et l’action, le fond et la forme. L’apparente placidité que renvoie le chanteur se gomme sur des orchestrations rock détonantes. Cette dichotomie se creuse lors de concerts pour le moins toniques …
L’album, sorti en 1981, fait le difficile pari de ne pas s’acoquiner aux nappes de synthés alors à la mode, celles-là même qui allaient noyer le rock une décennie durant. Couture s’impose un parfum instrumental suranné inspiré et fécond: piano, guitare, basse + batterie … Certaines chansons me font penser musicalement à du JJ Cale (que j’adore) : cool attitude, vocaux en laidback serein, mi chanté mi parlé.
Couture c'est tout mou tout doux roudoudou mais çà swingue grave le loup. J'adore.
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