A 14 ans, en 1969, je suis revenu un jour à la maison avec
cet album sous le bras via le prêt d'une médiathèque d'entreprise. Il fut
peut-être le premier LP à me conduire irrémédiablement sur les chemins du rock.
La télé variétés de l'époque, source presque exclusive de divertissements
musicaux, c'était Maritie et Gilbert Carpentier et leurs shows omniprésents; la
lucarne à paillettes noires et blanches brassait déjà une cohorte de
déjà-dinosaures chanteurs francophones, sans cesse s'acoquinant l'un l'autre pour squatter les programmes.
Qui, pas moi du moins, pour penser alors qu'il existait autre chose, d'autres mondes musicaux, d'autres sons venus d'outre-manche et d'outre-atlantique..? Je n'écoutais pas la radio où pourtant quelques menus barrages se levaient peu à peu.
Qui, pas moi du moins, pour penser alors qu'il existait autre chose, d'autres mondes musicaux, d'autres sons venus d'outre-manche et d'outre-atlantique..? Je n'écoutais pas la radio où pourtant quelques menus barrages se levaient peu à peu.
En médiathèque ce fut un choix d'écoute résultant du simple hasard, le fruit d'une curiosité insatiable qui me poussa itou à la même
époque dans les bras de la SF. Je me souviens avoir le même jour "essayé" un LP de Thélonious Monk, je cherchais donc du jazz qu'on entrevoyait tard le soir dans la lucarne TV, d'où l'attrait intuitif probable pour les cuivres de la pochette. Le double-vinyl de Chicago fut sorti du bac de prêt, la
galette noire tourna sur la platine familiale (mono)...et dès la première
écoute ("don't judge a book by the cover") ce fut la surprise totale, la grande claque, la maousse, The Big Secousse, celle qui terrasse, qui met KO, qui
en redemande encore et toujours..!
"Chicago Transit
Authority # 1" ou comment ouvrir sa vie au rock, durant les 50 ans qui suivirent. Un avant, un après: cet album comme un marqueur temporel.
Les quatre faces avaient, à mes oreilles toutes neuves, une
énergie phénoménale, un punch incroyable, loin de la guimauve télévisuelle alors diffusée. Ce me fut alors, un son et un genre encore jamais entendu, une nouveauté bourrée d'énergie, un souffle posé sur les tympans, un mur
sonore à décoder pour le comprendre peu à peu, pour l'apprécier encore plus. C'est
avec ce disque que J'ai appris à vraiment différencier les divers instruments,
à passer sans cesse de l'un à l'autre sans perdre le chemin général. C'est sans
lui, rendu à la médiathèque, que j'ai fouillé ailleurs, sous d'autres noms
d'artistes et groupes pour retrouver cet instant de bonheur sonore: il y eut des
raretés oubliées (Ekseption), des devenus grand-pères du blues (John Mayall) et
enfin des usines à gaz (Led Zeppelin..et consorts) qui me refilèrent une fièvre
jamais éteinte depuis.
Cette guitare de Chicago, puissante, hargneuse et furieuse, qui
charcutait l'espace de ses éraillements interminables; cette section cuivrée
(trompette, trombone, saxophones) qui à l'égal de la six-cordes de Terry Kath lâchait
des riffs brefs, déchirants et percutants, cette basse ronde et ronflante. Cette
voix de rocaille, bluesy, puissante et groovante..!
Dans la foulée de ce premier opus mythique, typé jazz-rock-progressif (la balance penche du côté du second) mâtiné
Big Band s'égraina une multitude de 33 tours
puis de CDs qui incrustèrent le groupe dans un succès commercial pérenne. Néanmoins,
et bien avant la mort accidentelle de Terry Kath* en 1978, Chicago Transit
Authority (devenu plus sobrement Chicago) s'enlisa peu à peu , à mon goût, dans
un versant chamallow-rock FM, perdit son explosivité d'où, à mon sens, il ne
subsista pas grand chose. Mais d'autres amateurs sont d'un autre avis que je
trouve respectable. Pour eux, les 4 premiers albums (3 double, 1 quadruple) n'étaient que prémisses d'une carrière qui allait commencer plus tard. A mon sens, ma réticence n'était pas que le groupe avait déjà tout dit mais plutôt qu'il empruntait d'autres chemins qu'y n'étaient plus miens.
N'empêche, sans ce disque, rien n'aurait été pareil (ou presque) me
concernant. Sans lui, j'aurais vécu une uchronie sonore sans doute provisoire qui m'aurait poussé sur les mêmes sentiers rock, tôt ou tard via un autre coup de foudre. En 1969, par exemple, il y eut le "Let It Bleed" des Rolling Stones, le 2 du Zep et (à une année près) le "In Rock" de Deep Purple et l'album éponyme de Black Sabbath. La convergence des parallèles n'était qu'une question de temps.
Maintenant, que reste t'il de cet album au bout de tant d'années..? Je ne sais pas. Je l'ai tant aimé, je ne suis plus objectif.
Maintenant, que reste t'il de cet album au bout de tant d'années..? Je ne sais pas. Je l'ai tant aimé, je ne suis plus objectif.
NB: l'intégralité de cet album de Chicago est écoutable via divers
liens "You Tube".
CF "les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa
vie", le présent disque s'y trouve.
* le premier guitariste du groupe du groupe décéda, prétend t'on, d'un sort funeste à la roulette russe.
Chicago Transit Authority - Chicago Transit Authority (1969)
Face A
01. Introduction Terry Kath 6:35
02. Does Anybody Really Know What Time It Is? (en) Robert Lamm 4:36
03. Beginnings Robert
Lamm 7:54
Face B
04. Questions 67 and 68 Robert Lamm 5:02
05. Listen Robert
Lamm 3:21
06. Poem 58 Robert
Lamm 8:37
Face C
07. Free from Guitar Terry Kath 6:47
08. South California Purples Robert Lamm 6:11
09. I'm a Man Steve
Winwood/James Miller 7:39
Face D
10. Prologue, August 29, 1968 James William Guercio 0:57
11. Someday (August 29, 1968) James Pankow/Robert Lamm 4:13
12. Liberation
Robert Lamm,
claviers, chant, chœurs
Terry Kath,
guitare, chant, chœurs
Peter Cetera,
basse, chant, chœurs
Daniel Seraphine,
batterie
Lee Loughnane,
trompette, chœurs
James Pankow,
trombone
Walter Parazaider,
saxophones, chœurs
1972. Cinquième album du très prolifique Chicago ( le "Transit Authority" a disparu du générique), le groupe reste le champion toutes catégories de ce que l'on nomma le brass-rock (Blood, Sweat & Tears, The Flock ... etc). L'opus est précédé, le long de trois courtes années seulement, de trois double albums en studio et d'un quadruple en live. Les cuivres sont toujours aussi éclatants, clinquants, balancés à grands coups de punchs swinguants. Certaines compos prennent goût au miel à venir, mais c'est encore supportable. Terry Kath est toujours là, la roulette russe c'est pour plus tard; son style se sniffe plein riffs et soli inspirés.
RépondreSupprimerBref le tout ne se noie pas encore dans la guimauve bien collante. Mais çà va viendre, prenez pas peur. Chicago va perdre ses ors et se camoufler dans le marshmallow. Là je kiffe encore, le plaisir est toujours là, profite, çà va pas durer..!
https://www.youtube.com/watch?v=qCrgrGsBlr0&list=PLGr1IYuG8WwtAFPS-fzVHB5q_yynkFz-z&index=6