JohnnyWinter 1969 Santa Monica Civic Auditorium (California)(photo by John Kadvany) Johnny Winter at Peconic Bay Winery in 2011 (Jay Webster file photo)
Johnny Winter a longtemps promené sur toutes les grandes scènes mondiales (et à l'approche de son décès dans des enceintes plus intimes) sa fragile et haute silhouette frêle de pantin dégingandé et étriqué, sa longue chevelure platine, son teint pâle et son regard albinos. La scène était sa vie, son sang, sa raison d'être, sa force vitale.
Il y vint encore et toujours, même sur la fin, assis devant
le micro, stetson noir posé sur un regard nu, paupières baissées, et
définitivement presque absent, éteint; son éternelle Gibson Firebird posée
telle une relique sur les genoux; sa silhouette désarticulée comme celle d'un
long insecte squelettique replié sur lui-même; la peau tendue sur des os
saillants, des veines comme des ceps de vigne torturés à fleur de peau, bras et
jambes en fins segments au bord de la fracture, zébrés de tatouages dilués sur
la mer d'un épiderme translucide. Il délivra jusqu'au bout, encore et toujours,
son blues intemporel de sa guitare magique, de ses cordes vocales affaiblies. On
sentait ses doigts devenus gourds, lourds et lents. Mais que lui reprocher..?
Il était toujours là, tout simplement là, au bout du poids de toute une vie de fatigue. N'était t'il pas le dernier dinosaure
d'une époque durant laquelle le guitar-hero tint le haut de la scène..? Ne
fallait pas profiter avant que...
Dans ses veines, sous sa peau blanche et diaphane, coulait
le même sang bleu que celui charrié sous les épidermes noirs des ramasseurs de
coton.
Il est parti en 2014, à Zurich en Suisse après un dernier
show au Cahors Festival Blues deux
jours avant. Il avait 70 ans. S'envola alors un ange albinos qui, on peut se
plaire à le croire, s'en alla taper le boeuf avec Hendrix, Muddy Waters, Elmore
James ... et consorts.
Il fut, en 2003, classé 74e sur la liste des 100 meilleurs guitaristes de tous les
temps du magazine Rolling Stone.
Sa discographie est impressionnante, foisonne de disques
éternellement bâtis sur sa conviction inébranlable de l'inaltérabilité du
blues, de sa nécessaire survie au-delà des modes. Toute la force de Winter était là, dans sa puissance à
convaincre qu'il était au service d'une musique enracinée dans l'Histoire,
qu'il n'était après tout qu'un passeur, qu'après lui d'autres encore et
toujours reprendraient le flambeau. C'était un Homme-Hommage à la musique du Diable offert. Il a consacré sa vie à
ce que vive le blues. Il a mis sur le manche de ses guitares son âme, sa
dextérité, sa vélocité de virtuose et son feeling. Sa voix (à mon sens maillon
faible), prégnante par sa puissance, n'était qu'au simple service ponctuel des
envolées lyriques de sa six-cordes.
Sa carrière est longue, il a traversé les modes sans
compromission aucune, sauf celle un temps accordée au hard-rock ambiant à
l'apex de son succès, il s'y acoquina l'espace de quelques albums mythiques
sans y perdre une goutte de ce blues charrié dans ses veines, s'appliquant à
restituer un hard-blues-rock
frénétique, rocailleux, puissant et énergique. Usé et prématurément fatigué par
des tournées harassantes érodant profondément un organisme par nature fragile,
épuisé par certaines addictions désastreuses, il se replia sagement sur des
racines blues plus traditionnelles et moins ostentatoires.
Winter sort en
1970, avec le présent disque, son premier album live. Fruit d'enregistrements
au mythique Fillmore East (New York)
et au Pirate's World, à Dania
(Floride) il clôt une première période durant laquelle le guitariste-chanteur
cherche le renom, précède une période de repli à sa santé consacrée et le
déboulé renaissance de quelques albums au hard-blues dédiés, inauguré par le
bien-nommé "Still Alive and
Well".
S'il fallait trouver un axe d'écoute au 33 tours, il est à chercher et à apprécier dans la qualité de restitution sonore exceptionnelle, mais aussi et surtout dans la complicité qu'a Winter avec Rick Derringer, le second lead guitariste. Tous deux orfèvres guitars-heroes accouplés au coeur d'une rythmique basse-batterie implacable, tressent de puissantes rythmiques enchevêtrées et des solis fragiles en duels constants de toute beauté.
"Rock n' Roll will never die"
Ci-dessous "Good Morning Schoolgirl"
FACE A
01 Good Morning Little Schoolgirl (4'35)
02 It's My Own Fault (12'14)
03 Jumpin' Jack Flash (4'26)
FACE B
04 Rock And Roll Medley (6'46) :
a) Great Balls Of Fire
b) Long Tall Sally
c) Whole Lotta Shakin' Goin' On
05 Mean Town Blues (8'59)
06 Johnny B. Goode (3'22)
Recorded
Live at:
Bill Graham's Fillmore East
Private's World - Dania, Florida
"Johnny B. Goode" & "Jumpin' Jack Flash"
mixed at Criteria Studios - Miami Beach
Bill Graham's Fillmore East
Private's World - Dania, Florida
"Johnny B. Goode" & "Jumpin' Jack Flash"
mixed at Criteria Studios - Miami Beach
Vocals,
Guitar – Johnny Winter, Rick Derringer
Vocals,
Bass – Randy Jo Hobbs
Drums –
Bobby Caldwell
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