Deep Purple fut
(reste) l'un des dinosaures du hard-rock, une des trois figures de proue qui, à
l'extrême bout des 60's et au début des 70's, posèrent les bases d'un genre
naissant et promu à un avenir, 50 ans plus tard, toujours en écriture.
Trois groupes fabuleux officiaient alors: Deep Purple, Led Zeppelin
& Black Sabbath. Des aficionados
presque exclusifs défendaient mordicus son favori. Je fus longtemps "deeppurple-maniac"
avant de les abandonner pour une passion presque exclusive pour le Dirigeable de Plomb. Faute à
l'instabilité constante du Pourpre
Profond, à ses changements de caps, de membres, à son histoire sans fin,
diluée en coups de maître, coups de poker et coups d'épée dans l'eau.
Je croisais, pour la première fois, le chemin du Deep Purple avec "In Rock" en 1970. Le groupe était à son zénith. Suivirent en studio "Fireball", "Machine Head" et "Who do we think we are" en 1973.
Seul le dernier opus cité est ici chroniqué. Un choix
hommage se serait plus judicieusement porté sur un des trois autres, des chefs
d'oeuvres incontestés. Mais ce syndrome Deep
Purple qui fit de la carrière du groupe un incessant va-et-vient entre le
meilleur et le pire me pousse à mettre en avant la première rupture que connut
le combo.
"Who do we think
we are" est un demi-échec, une demi réussite. C'est le produit d'un
rock business qui proportionne les égos au-delà du raisonnable.
Ce qui frappe l'auditeur dès la première écoute et
s'incruste durablement (du moins pour ceux qui ont connu le Pourpre avant 1973), est le fait de
rester sur sa faim, privé de ses attentes, de constater que rien n'est aussi
inspiré, complexe, travaillé et sophistiqué que dans les autres albums de la MK2*.
On y ressent de l'inabouti, du vite fait presque mal fait,
du laissé pour compte, du "çà-ira-bien-comme-çà-pour-l'instant". On
pressent des fonds de tiroirs masqués alors qu'il n'en est rien: ce n'est qu'un
disque prévu, contractuel, aux compos bâties pour l'occasion, mais gâché car
bâclé, largué des fondamentaux du groupe abandonnés dans l'urgence, livré à la
va-vite comme un minimum syndical (presque une insulte faite aux fans).
Il n'y a pas il n'y a plus d'envie et le tout ressemble à
une débâcle (en finir au plus vite). Les plages sont simples, minimalistes sans
ou peu d'overdubs surajoutés qui auraient fait la différence. L'album n'a pas
été livré trop tôt, sous-produit en conséquence au mixage pour gagner du temps,
il est sorti sous une forme trop épurée, il y manque l'amour du travail bien
fait si prégnant sur les albums précédents ("In rock", "Machine
Head" & "Fireball",
"Made in Japan" en annexe
live).
Les refrains sont pourtant entêtants, les instruments sont
là, individuellement à un bon niveau, mais si peu ensemble, en groupe digne de
ce nom, axé vers un zénith commun que le groupe ne peut et ne cherche plus à
atteindre. Deep Purple n'a plus de
cohésion interne, de ciment liant, de cause commune. Et pourtant il y avait
matière, les bonnes intentions étaient là, mais le rendez-vous sera manqué, les
acteurs sont venus projets séparés inconciliables en tête, egos en bandoulière.
La collaboration fut minimale. Chacun
est reparti déçu, mais conscient, fataliste et soulagé par le split à venir à
court terme. "Who do we think we are" marque le
glas de la MK2. Le titre de l'album ("Que
pensez-vous que nous sommes ?") n'est pas là pour rien, il fait écho au
"Who do you think they are"
de la critique pro lassée de ce combat des chefs. Les égos se sont affrontés:
c'est l'éternelle maladie du Pourpre
Profond, celle qui érode, mine, brise et reconstruit ses acteurs, sans
cesse.
En fait, en 1973, en souterrain, rampent des dissensions
internes, fortes, profondes et durables qui font que les membres du groupe, en
deux clans constitués, ne se supportent plus. Ritchie Blackmore et Ian
Paice d'une part, le reste du groupe de l'autre (Ian Gillan en électron libre). S'y rajoute la sape de fatigue de
tournées interminables. Ainsi donc, ce qu'il reste des souvenir de séances
d'enregistrement est la volonté d'en finir au plus vite, de s'éloigner du
marasme ambiant, pour que naissent des projets séparés.
Phoenix renaissant de ses cendres, le line-up du MK2 revint en 1984 avec "Perfect Strangers" avant
d'imploser à nouveau plus tard. Eternel recommencement.
* Le groupe, tout du long de sa longue histoire, connut une
valse ininterrompue de changements de personnel, rien n'a jamais été vraiment
stable, des départs, des retours inattendus, des arrivées de pointures du rock.
Chaque période est classifiée en Mark (de 1 à 8 semble t'il).
Deep Purple - My Woman from Tokyo
Face 1
01 Woman from Tokyo – 5:48
02 Mary Long – 4:23
03 Super Trouper – 2:54
04 Smooth Dancer – 4:08
Face 2
05 Rat Bat Blue – 5:23
06 Place in Line – 6:29
07 Our Lady – 5:12
Ritchie Blackmore : guitare
Ian Gillan : chant
Roger Glover : basse
Jon Lord : orgue Hammond B3, piano
Ian Paice : batterie
Face 1
01 Woman from Tokyo – 5:48
02 Mary Long – 4:23
03 Super Trouper – 2:54
04 Smooth Dancer – 4:08
Face 2
05 Rat Bat Blue – 5:23
06 Place in Line – 6:29
07 Our Lady – 5:12
Ritchie Blackmore : guitare
Ian Gillan : chant
Roger Glover : basse
Jon Lord : orgue Hammond B3, piano
Ian Paice : batterie
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