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mercredi 25 octobre 2023

L’Orange Mécanique (le roman) – Anthony Burgess (1962)

 Réédition Livre de Poche n°5017

        Le pitch est connu : « L’Orange mécanique » suit l’existence violente, chaotique, tragico-truculante, speed et angoissante d’Alex, un adolescent de 15 ans des 60’s britanniques. Auto proclamé « Humble Narrateur et Martyr », il nous offre son journal intime, truffé de néologismes inventés pour la circonstance par Burgess; ils se révèlent amusants, inspirés, constitutifs d’une néo-langue criante de crédibilité, le "nadsat" des teenagers. Le tout forme un OLNI* SF d'anticipation, dystopique et uchronique qui mérite le détour ; tout le charme du roman repose sur sa singularité de forme plus que de fond.

Bonne lecture à qui se laissera tenter ..! Il y laissera des rires, de la colère et des désillusions.

Le pathétique héros, sous la plume en « je narratif » d’Anthony Burgess, est un jeune bad-boy urbain sur lequel personne désormais n’a de prise (pas plus sa famille que son éducateur). Sur le fil d’une double vie : l’une nocturne comme acteur masqué d’hyper-violences gratuites commis en bandes errantes organisées ; l’autre diurne, faussement et hypocritement moulée sur la norme sociétale, Alex ne pense qu’à détruire et se détruire, « toltchocker » (bastonner) qui lui déplait, violer et voler …  tuer au passage sans remords ni regrets, tout en se « bisdonskant comme un bezoumni » (se marrer comme un fou) ? Bref, rien de neuf à l’orée de nos années 2020, si ce n’est qu’ici nous ne sommes encore qu’aux débuts des encore sereines 60’s … Les activités nocturnes d’Alex (et d’une centaine d’autres « maltchickkicaïds » de son acabit), sont dédiées à ses « drougs » (copains), à la « dratse » (bagarre) et aux « dedans-dehors des familles » non consentis avec des « dévotchkas » aux mamelus « groundnés »**. Les multiples délits et crimes en bandes détruisent peu à peu un système social dépassé, à deux doigts du précipice mais qui va imaginer le pire pour soigner ses brebis égarées.

Arrêté, jugé et condamné, il suit volontairement (pour prix d’une libération anticipée) un programme carcéral, scientifique et révolutionnaire, sensé le libérer de ses pulsions violentes. Visionnages forcés ad nauseum de scènes ciné ultra-violentes empruntées à l’actualité, à l’Histoire et/ou à la fiction ; et ce jusqu’à vomir d’overdose, se montrer incapable de frapper autrui, de rendre les coups, de répondre aux insultes, de se révolter … de simplement protester, de mettre en doute l’ordre social. La dystopie est en marche, l'enfer est pavé de bonnes intentions …

La phase de rédemption ne se déroulera pas, bien entendu, comme prévu … cher payé que tout cela.

Le monde décrit dans « L’Orange mécanique » est le nôtre sans l’être tout à fait. Certaines divergences diffuses émergent et en font, tour à tour un conte satyrique tragico-comique, une uchronie soft car peu différenciée, la juxtaposition d'univers parallèles de faible proximité, une contre-utopie et/ou une anticipation à court terme. De plus, de manière fondamentale : est-ce de la littérature générale ou de la Science-Fiction ?

La robotisation psychologique de l’humain via des moyens scientifiques en thème principal, une néo-langue omniprésente et crédible : deux éléments qui tendent le propos d’auteur vers une SF dystopique cousine de « 1984 » et de sa novlangue. Mais tout est relatif : on est loin d’Orwell, même si l’intention première, réussie dans son rendu, ramène un roman culte embelli par la sortie concomitante du film de Kubrik (1972). 

Le background est diffus, sa présence est néanmoins capitale, explique les déviances embarquées des ados qui s’y agitent. L’arrière-plan est urbain type : de grands HLMs de banlieue ; des familles boulot/dodo ; un désespoir d’existences monotones et résignées, ramenées à la simple survie ; une jeunesse accrochée à la violence gratuite comme seul et unique défouloir. Un gouvernement à l’agonie, incapable de faire face au problème. La néo-langue embarquée en « Je narratif » est le « nadsat » à l’usage des teenagers. Elle est loin dans sa forme, mais proche dans ses intentions de fond, du parler actuel de banlieue. « La haine », le film, accouplé à la lecture d’« Orange mécanique », remonte en mémoire via son évocation sans fard de la banlieue. Le parallèle est tentant. Si ce n’est que Mathieu Kassovitz surligne le présent et que Burgess n’évoque qu’un futur hypothétique en gestation (et peut-être plus dramatique encore). Ainsi, manifestement, pour l’époque de parution originale (1962), le roman se montre aussi d’intention anticipatoire.

Les halls d’immeubles sont peints de gigantesques fresques de travailleurs nus glorifiant le Petit Peuple. Doit t’on entrevoir ici une uchronie soviétique enclavée à minima dans la dystopie imaginée par Burgess ? (ce n’est qu’une hypothèse, je n’ai pas de certitudes) ?

 Le "nadsat" emprunte aux bidouillages de mots français mixés, malaxés et enchevêtrés (« cancerette » pour cigarette ; « tictocard » pour cœur ; « conficonfiote » pour confiture … etc !) ; mais aussi, surtout et étonnamment, au slave (« babouchka », « bolchoï », « devotchka » … etc). Les néologismes sont très nombreux, presque omniprésents, nécessitent un glossaire (curieusement incomplet ?) auquel se référer, inondent progressivement tout (une page au hasard, passé les 2/3 du roman, serait incompréhensible sans l’apprentissage progressif porté à celles qui ont précédées). Il y faut l’implication ludique totale du lecteur ; décrypter devient de plus en plus facile jusqu’à rendre la lecture rapide et aisée, fluide et tranquille. C’est en ce sens que « L’Orange mécanique » se montre un OLNI* addictif, le lecteur se souviendra longtemps de l'expérience linguistique proposée.

Le roman parait pour la première fois en France, en 1972, chez Robert Laffont dans la collection grand format « Pavillons », hybride de littérature générale et de Science-Fiction. Ce ne sera ni le premier ni le dernier ouvrage SF de qualité à s’échapper du ghetto du genre, à voisiner au plus près de la littérature blanche, ce pour des raisons de rentabilité potentielle plus marquée en territoire neutre et d’autant plus immédiates qu’il y eut, la même année, concomitance temporelle de parution avec l’adaptation ciné de Kubrick. Cette dernière va assurer un succès éditorial pérenne au roman mais lui voler la vedette via le statut de chef d’œuvre attribué au long métrage. Il faut bien l’avouer, le roman est moins bon que le film devenu culte, cas rare dans un monde SF où, d’ordinaire, l’imaginaire s’accouple plus facilement aux mots qu’aux images. Alors : Sf ou pas ? Nul éditeur n’a jamais vraiment tranché. Les parutions poche ultérieures (Livre de poche, Pocket & France loisirs…) ne le sortiront jamais de l’ambiguïté de genre initiale. Et puis, après tout, qu’elle importance ? Quand la soupe est bonne ; pourquoi cataloguer, accoler une étiquette « mauvais genres » non souhaitée à l’origine par l’écrivain ?

Le roman se veut-il en outre (?) une extrapolation des violents affrontements de rue entre jeunes bandes rivales de « mods » et de « rockers » du début (jusqu’au milieu) des 60’s en Grande-Bretagne, de l’impact du phénomène sur la société adulte d’alors qui, craintive, apeurée et renfermée, craignait que le phénomène n’impacte gravement son existence tranquille et rangée. On peut, pour imager l'analogie, retrouver dans le roman, un écho du code vestimentaire des mods (habits immaculés, cravates minces …) et des rockers (blousons cuir à écussons et épinglettes, foulard blanc, jeans, tee-shirt …) dans celui des « drougs » d’Alex (les masques porcins, entre autres). De la même manière, les musiques favorites de chaque clan (modern jazz, rhythm and blues, ska et soul pour les « mods » ; rock n’ roll pour les autres) se rapprochant de celle incongrue, classique, Beethoven, Mozart et consorts, encensée par Alex met de l’eau au moulin d’une hypothèse pas si farfelue et infondée que çà.

 Et puis, au final, est-ce que tout cela ne serait pas une vengeance de l’auteur à l’encontre de ces voyous londoniens qui agressèrent sexuellement son épouse un soir ? Elle en mourut à court terme. Auquel cas, toute l’empathie ressentie par le lecteur à l’égard d’Alex, tout l’humour sarcastique accordé à son « Je narratif » ne doivent t’ils pas lui revenir comme un bolchoï boomerang bézoumni plein gulliver et rote krovvinants**.

 *OLNI : Objet Livresque Non Identifié

** Une seule solution : pour comprendre, lire le roman.

Le film, Stanley Kubrick (1972)

L'édition originale, Robert Laffont Ed., coll. "Pavillons" (1972)
 

 

 

16 commentaires:

  1. La chronique du film de Kubrick viendra. Il me faut retrouver le DVD. Je l'ai mais où ? Souvenir d'un excellent long métrage. Cà doit faire 20 ans que je ne l'ai pas visionné. Des images fugaces me reviennent: l'ouverture palpébrale forcée, les gouttes de collyre, l'accoutrement des zigues chapeau melon et salopette à la Pete townsend des Who ...

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    1. ... qui d'ailleurs de "Quadrophenia" fit une évocation de la période mods.

      https://m.media-amazon.com/images/I/51TG4M1ZQCL.jpg
      https://media.artsper.com/artwork/46206_1_l.jpg

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    2. Merci pour cette chronique bien fournie !

      J'avais vaguement entendu parler des Mods, dont Alex à hérité le chapeau melon, mais ça m'étais sorti de la mémoire.
      Tout comme la tragédie concernant l'épouse de Burgess. :(

      Etonnant, oui, cet argot fictif aux accents slaves.
      En pleine Guerre Froide (la crise des missiles de Cuba n'était pas loin), une dystopie se devait sans doute de tendre vers l'Est aux yeux des lecteurs anglais mais Burgess ne courrait-il pas le risque de rendre les langues slaves "cool" à leurs oreilles ?

      Je n'ai pas encore lu le roman.
      Par contre, j'ai beaucoup aimé le film de Kubrick (un de mes préférés avec Dr Folamour, Les sentiers de la gloire et Barry Lyndon).
      En fait, je crois que je l'ai aimé avant de le voir, car à l'époque de la VHS j'avais une cassette de Shining débutant par la bande-annonce d'Orange Mécanique, avec les formidables reprises de Beethoven par Wendy Carlos, et j'ai bien usé cette partie de la bande magnétique ! ^^

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    3. Citation Jim : « J'avais vaguement entendu parler des Mods, dont Alex à hérité le chapeau melon, mais ça m'était sorti de la mémoire. » >>> L’évocation m’est venue d’une réflexion de Jc sur CSF (voir la chronique de vda) qui mettait en avant l’analogie drougs/mods. Ma passion pour le rock m’a poussé à creuser plus avant : Pete Townsend des Who (groupe mod par excellence) se voit, en 68, refuser par Kubrick la réalisation de la BOF de « 2001 », ce qui le contrarie vraiment. Quelques années plus tard, peu ou prou alors que sort « L’Orange mécanique » au ciné et que le guitariste n’en signe toujours pas la musique, il s’affiche plusieurs fois sur scène en combinaison blanche intégrale et chapeau-melon. Pas rancunier le mec ? Ou alors me manquent certains détails explicatifs ?

      Citation Jim : « Etonnant, oui, cet argot fictif aux accents slaves. » >>>> C’est ici que réside tout l’intérêt du bouquin. Le reste me semble avoir pris un coup de vieux, loin d’être rédhibitoire mais doucement palpable, comme inévitable.

      Citation Jim : « En pleine Guerre Froide (la crise des missiles de Cuba n'était pas loin), une dystopie se devait sans doute de tendre vers l'Est » >>>>> Oui. Mais j’ai pris le fait comme argument uchronique ; la dystopie s’inscrivant davantage dans les conséquences sociétales de l’expérimentation proposée à Alex dans l’esprit d’un autre « meilleur des mondes ».

      Citation Jim : « Je n'ai pas encore lu le roman. » >>>> n’hésite pas, il devrait te plaire.

      Citation Jim : « En fait, je crois que je l'ai aimé avant de le voir car … » >>>>> MDR ; j’adore l’anecdote.

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    4. Je m'autocite: "Pete Townsend des Who" >>>>> de la même manière, et sensiblement à la même époque, John Bonham (à droite sur la photo), le batteur de Led Zep, semble rendre hommage à Kubrick (et à Burgess)

      https://www.tierslivre.net/spip/local/cache-vignettes/L420xH279/arton3463-c2900.jpg?1685224900

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  2. Une chose m'étonne. Certains néologismes inclus sont issus du français. Ce n'était surement pas l'intention de Burgess qui en version d'origine a du bidouiller son anglais. C'est donc, en France, un pur travail des traducteurs qui a été effectué. Merci à eux. Cà n'a pas du être évident.

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  3. J'ai, sur le Web, fouillé post-chronique, déterrant des choses étonnantes, posant questions.
    Là, il est fait mention que la femme de Burgess ne fut pas agressée par des voyous londoniens mais par des soldats déserteurs. Ce qui change la donne.
    Là, on met en avant le fait de trouver dans le roman (et surtout le film) une apologie de la violence. Pour le roman, je réfute l'accusation et élève un mur. Quant au film .... faut voir.

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    1. Pour le film, je vois mal comment on peut, au final, y voir une apologie de la violence...

      En lisant des avis sur des forums cinéma, je vois souvent la scène du meurtre-viol de la femme de l'écrivain pointée du doigt comme complaisante. La complaisance pour la violence, c'est celle de la bande d'Alex pendant leur acte, qu'ils considèrent comme un jeu. Kubrick le filme comme tel, et c'est peut-être ça qui ferait penser que cette complaisance est aussi la sienne.

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  4. Si l'on retient l'uchronie comme sous-genre embarqué (au même titre que la dystopie) on ne peut manquer une analogie étonnante avec "Le maitre du haut-château" de Dick. Dans ce dernier un écrivain-personnage rédige une uchronie dans l'uchronie sous le titre de "la sauterelle pèse lourd" (ou quelque chose d'approchant). Burgess agit de même (ou presque) avec un écrivain devant son clavier en cours d'écriture de (devinez quoi ?) "L'orange mécanique".

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  5. Arte diffusera la semaine prochaine (le mercredi 15 novembre, à 22 h 20) un documentaire sur "Orange mécanique" :

    https://www.arte.tv/fr/videos/111767-000-A/orange-mecanique-les-rouages-de-la-violence/

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    1. Merci pour le lien. Je serai devant ma TV.

      Citation: "Jusqu'à sa mort, en 1993, Anthony Burgess restera hanté par le malentendu qui a frappé son livre." >>> le roman a donc subi le même sort que le film (je ne l'ai toujours pas revu) via un procès en apologie de la violence. C'est bien dommage car, dans le roman du moins, si cette dernière est bien présente elle n'est pas actionnée par un motif gratuit mais par une volonté de mise en garde.

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  6. Salut,

    Quelques réflexions au vu du documentaire :

    _ On comprend que le jusqu'auboutisme de la première partie du roman est indispensable au développement de la seconde, laquelle contient le message principal de Burgess. La violence juvénile devait être montrée sans fard, dans toute sa laideur comme dans son pouvoir de séduction, pour que le danger que représente ce premier mal puisse justifier les extrémités du second (la violence institutionnelle), qui apparaissent déjà disproportionnées et qui sans ça ne seraient pas crédibles.

    _ Les raisons du choix du russe pour l'argot utilisé par les jeunes ne tiennent pas à ce que je pensais et c'est tant mieux car c'est plus intéressant : le voyage à l'Est, le "troisième pouvoir" de la Jeunesse, le rapprochement que l'auteur fait entre les "Teddy Boys" britanniques et les "Gars Stylés" russes...

    _ J'ignorai l'histoire de la fin originale, absente de l'édition US du roman qui servit à l'adaptation de Kubrick... Difficile maintenant de ne pas penser au film avec cette autre fin.

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    1. Le documentaire suit, dans la compréhension de l’œuvre écrite, un chemin qui ouvre plus de portes qu’il n’en ferme. Ce n’est pas une critique, mais un constat après tout logique ; sur le fil d’une œuvre polémique pouvait t’il en être autrement ? La finalité du propos initial de Burgess est guidée par la réflexion suivante : « L’idée que notre capacité à choisir puisse être limitée par une force extérieure me terrifie. Je crains que l’état ne soit prêt à s’emparer de nos cerveaux et à faire de nous de bons petits citoyens privés de libre arbitre. Autrement dit, non plus des organismes sucrés et colorés comme des oranges, mais des machines. C’est de cette crainte qu’est né mon roman »

      Jim, citation : « Les raisons du choix du russe pour l'argot utilisé par les jeunes ne tiennent pas à ce que je pensais et c'est tant mieux car c'est plus intéressant : le voyage à l'Est, le "troisième pouvoir" de la Jeunesse, le rapprochement que l'auteur fait entre les "Teddy Boys" britanniques et les "Gars Stylés" russes... » >>>>

      _Oui, l’arrière-pensée uchronique ne tient plus la route, elle était néanmoins séduisante. Nous n’avons pas à regretter d’y avoir pensé. Suivent quelques citations collectées sur le fil du docu et qui concernent l’argot anglo-russe utilisé : « Le natsat dans l’OM c’est juste de la bonne poésie », «Dans tout type d’art verbal, les mots doivent être des personnages à parts entières. Une langue est un personnage en soi », « Le langage du roman a été similaire aux paroles du rock’n’roll. Quand vous disiez Be Bop a Lula à vos parents vous aviez la même unité de langage que dans l’OM en ce sens que personne ne comprenait de quoi vous parliez, ce qui était parfait. »

      _Concernant le cousinage Droogs/Mods/Rockers évoqué dans la chro, il fallait chercher à peine plus tôt dans le temps, au rayon « Teddys Boys » des 50’s naissantes, on n’était pas loin.

      _l’universalité de la violence juvénile, de part et d’autre de blocs politiques antagonistes et peu enclins à se rencontrer, laisse à penser qu’une contre-culture commune, inédite et étonnante, bourgeonnait alors spontanément. « La jeunesse de la fin des années 50’s était tourmentée et turbulente, mécontente de la réalité d’après-guerre … [ ] … Il est naturel que les jeunes, dépourvus de responsabilités et de raisons d’être mais pas de libido brute ni d’énergie nous fournissent les meilleures images contemporaines de la barbarie en action … [ ] … Les jeunes hommes de l’OM ont un réservoir d’énergie qui ne peut être utilisé à des fins créatrices. Ils l’emploient donc à des fins destructrices. »

      Suite dans le commentaire suivant ...

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    2. Suite:

      Jim, citation : « J'ignorai l'histoire de la fin originale, absente de l'édition US du roman qui servit à l'adaptation de Kubrick... Difficile maintenant de ne pas penser au film avec cette autre fin. » >>>> Outre-manche, Alex accepte de se ranger, de se noyer dans la masse. Aux USA, il s’arrache à son conditionnement et retourne à la violence ; c’est le choix du film. J’ai lu la version US. Ainsi, de par la volonté de Burgess, l’OM est définitivement ce qu’il est : un roman sur le libre arbitre, le lecteur pouvant lui-même en choisir la fin. Et pourtant, je cite : « Après avoir lu le livre ou vu le film on se retrouve ne possession d’un vocabulaire russe minimal presque malgré nous. C’est précisément ainsi que fonctionne le lavage de cerveau ».

      D’autre part, cela explique pourquoi on tira à boulets rouge sur Kubrick, lui reprochant d’avoir inventé sa propre fin pour surajouter encore plus de violence. Kubrick en est t’il réhabilité ?

      Quant à ne pas penser à la fin alternative : çà m’aurait perturbé de voir Alex monter dans la bétaillère. Et puis, puisque, je cite : « Il y a même eu un projet d’adaptation cinématographique avec les Rolling Stones », il n’y a qu’à leur demander.

      Pour finir : Andrew Oldman (1er manager des Stones) affirme : « Le roman est devenu dans l’imaginaire collectif une sorte d’exagération cartoonesque de notre futur » ; en parallèle Burgess assène : « Hélas, nous devenons indifférents lorsque, jour après jour, les médias nous abreuvent de reportages et d’images d’une réalité violente. Je suis persuadé que ce n’est pas seulement le droit et le devoir d’un artiste de choquer s’il juge que cela est nécessaire pour faire réfléchir sérieusement sur l’humanité et son destin ».

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    3. https://pictures.abebooks.com/inventory/31587855540.jpg

      Un pastiche, une parodie, un hommage, le simple plaisir du jeu de mots laid ? Un simple effet du hasard ? Je ne sais.

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  7. Rebonsoir, lu il y a des années, j'avais aimé tout comme le film de Kubrick. Bonne soirée.

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