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jeudi 2 mai 2024

Aquablue 01 - Nao - Cailleteau + Vatine (BD)

  

Delcourt ed (1988 réédition de 2018)

 

Aquablue est un cycle français de BDs SF originellement signé Cailleteau (scénario) et Vatine (dessins) jusqu’au tome 4 inclus. Sa première apparition date de 1988 (Delcourt Ed., prépublication dans « L’Argonaute) et court jusqu’en 2021 sur le fil de 17 tomes. Ce ne sont pas des one-shots mais un récit à suivre. Tout au plus peut-on apparemment différencier des sous-cycles (1à5 – 5à10 … etc) s’attachant au même univers.

Nao est le titre inaugural d’un planet-opera graphique au workbuilding scénaristique assez dense et suffisamment précis pour être crédible. Bienvenue sur un autre monde loin de la Terre : « Aquablue », une gigantesque bulle d’eau planétaire dans l’immensité du vide tendu entre les étoiles. Le propos est d’ampleur, le défi semble réussi. Le ton est juvénile mais les adultes y ouvriront de grands yeux étonnés. Reste que le tout semble s’être gentiment défraichi sur le fil des années qui passent (plus de 25 ans maintenant). La présente chronique ne cible que le premier tome (la suite viendra).

Dans un lointain futur, la Terre a colonisé les mondes à sa portée. A des années-lumière du Berceau, aux franges d’un désormais foisonnement planétaire, un paquebot interstellaire de tourisme fait naufrage dans un champ d’astéroïdes (Cf Titanic et son iceberg). Une barge de sauvetage recueille un rescapé, un bébé humain, Wilfrid, et son robot-nurse, Cybot ; ce dernier, va éduquer, seul, l’enfant dans l’espace huit ans durant jusqu’à ce qu’une sonde détecte un monde non recensé mais habitable. Bienvenue sur Aquablue, une planète-océane. 97% d’eau, iles et ilots en archipels; natifs humanoïdes à la peau bleue, structure sociale tribale; des us, des coutumes, des croyances dont celle en un messie-prophète à venir; Wilfrid fera l’affaire. Le préambule est classique, la suite le sera tout autant.

la suite appartient au récit.

Superbe travail même si le scénario semble à l’affut d’idées issues du passé commun de la SF. Ce n’est pas que je n’ai pas aimé (bien au contraire) mais j’ai eu une impression de « déjà-lu ». C’est, à l’œuvre, la mécanique de Dan Simmons dans « Hyperion ». De la même manière les autochtones humanoïdes d’« Aquablue » préfigurent ceux d’« Avatar » (2009).

Tout du long de ce premier tome on sent, sous forme d’hommages et sans que cela soit rédhibitoire :

_ l’influence du Dune d’Herbert : un messie-prophète émergeant, annoncé par un tissu de légendes ; un Ver des Sables, ici version Moby Dick, une simili-baleine géante déifiée ;

_ « Le nom du monde est forêt » d’Ursula K. Le Guin : la mainmise colonialiste terrienne sur les ressources d’une planète autochtone (le pillage est en cours), l’art et la manière de sous-humaniser des indigènes spoliés ;

_ Jack Vance : une planète-eau, ilienne, tout en archipels ; sa faune, sa flore, son climat tropical propice aux éclatantes couleurs chaudes et vives ; on s’y baignerait …

_ Starwars de Georges Lucas : un Cybot, robot de morphologie mécanique humanoïde proche de G-3PO; réparties verbales savoureuses et décalées incluses …

                Au final, Nao est une délicieuse parenthèse science fictive qui porte à réflexions, une porte entrebâillée sur un monde différent du nôtre mais en prise avec lui ; les vignettes regorgent de l’ébène du vide entre les étoiles, du bleu étincelant de l’océan, de la plastique merveilleuse des habitantes. 

        C’est beau et attachant, c’est l’essentiel.  RDV pour le second tome.

 


 

7 commentaires:

  1. tout cela ne nous rajeunit guère.
    J'en suis resté à la première version de ce tome 1 (celle qui a la couverture rouge !), du temps où l'album s’appelait "Aquablue".
    D'accord avec toi, c'est gentillet et sans doute précurseur de pas mal de choses ("Avatar" bien sûr).
    Je préfère Cailleteau et Vatine dans le registre parodique de "Stan Pulsar" ou "Fred et Bob".

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    1. Citation: "J'en suis resté à la première version de ce tome 1 (celle qui a la couverture rouge !) >>> Celle-ci: https://www.bedetheque.com/media/Couvertures/Couv_5525.jpg

      Citation: "Je préfère Cailleteau et Vatine dans le registre parodique de "Stan Pulsar" ou "Fred et Bob" >>>> Je ne connais mais j'ai cherché:

      https://www.bedetheque.com/media/Couvertures/Couv_8011.jpg
      https://static.fnac-static.com/multimedia/Images/FR/NR/97/40/12/1196183/1507-1/tsp20230616075055/Les-Aventures-de-Fred-et-Bob-Integrale.jpg

      On reconnait la patte du dessinateur dans la première proposition. Moins dans la seconde.

      Merci pour le comm.

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    2. Ah mais oui..! Les Flandry, chez l'Atalante ed., c'est "Agent de l'empire terrien" de Poul Anderson et la collection "La dentelle du cygne". Je reconnais que la qualité graphique des couvs semble généralement au rendez-vous. Cà change et c'est plutôt pour me plaire. J'ai peu lu Anderson (c'était en Galaxie-bis).

      Les Traquemort, itou. Je n'aurais pas parié sur des romans. Cà a la gueule de couvs de BD. J'avoue, je ne connais pas (même de nom)...! A découvrir, donc..!

      Fred et Bob: je ne déteste pas le genre. C'est souvent vite lu, vite oublié, un petit sourire entre les deux. Peut-être en ai-je même lu en médiathèque ?

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  2. Tout à fait d'accord, évidemment, avec le fait qu'Avatar rappelait quelque chose aux lecteurs d'Aquablue... entre autres références! Je l'avais écrit dans ma chronique du film.
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. http://dasola.canalblog.com/archives/2010/09/24/16833872.html

      J'ai lu quelque part (mais où ?) que les auteurs d'Aquablue étaient allés en justice face aux créateurs d'Avatar. Il semblerait que leur fut répondu qu'il y avait usage d'un fonds commun SF. Je ne prendrai pas position ...

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    2. Je te cite, parlant d'Avatar comparé à Aquablue: "Tout y est, à part que ça se passe davantage dans les airs ou la jungle que dans l'eau; mais c'est toujours une histoire de "matière première" et de consortium minier; on y retrouve (je ne pense pas dévoiler de secrets concernant l'intrigue!) des indigènes bleus, qui ont "adopté" et éduqué un humain, dont la fille du chef est amoureuse.

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    3. D'où une question supposée intéressante : "Qu'est ce que le fonds commun de la science-fiction ?" >>> Apparemment, comme avancé ici dans le second lien, ce sont des idées, des postulats imaginaires ... C'est bien flou tout çà..! alors que la SF est un royaume d'idées justement (c'est sa matière première dont tout auteur SF s'espère abondamment pourvu pour perdurer), peut-être à protéger précieusement, car, sans elles et ceux qui les ont, la SF n'existe pas.

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