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vendredi 20 septembre 2024

Gilles n°02 Pink Floyd

 

Gilles, c’est un pote de ma vie réelle. Il dessine, il peint, il expose. Et il a une patte que je lui envie.

Son créneau graphique : revisiter à sa manière les discographies de groupes rock qui ont fait l’histoire musicale du genre en proposant pour chacun, par lots de 9, certaines illustrations de leurs pochettes d’albums respectives … Elles vous rappelleront, pour la plupart, bien des souvenirs nostalgiques. Sur le fil des 53 tableaux que comporte, à ce jour, la série se déroulent lentement les années passion-rock de mecs de mon âge qui ont plongé avec goinfrerie dans la zikmu-rock & consoeurs.

Ci-dedans, le second de la série. A suivre pour les autres.

Pink Floyd s’est efforcé, d’album en album, à des visuels de qualité. D’une pochette à la suivante, cette exigence esthétique maximale s’est doublée, à chaque fois ou presque, d’un concept graphique tout aussi mystérieux, éthéré et planant que la musique du groupe. Il en résulte, sur le fil de sa discographie, un ensemble iconographique mythique qui fait, aussi, partie de sa légende.

1 – 1976. «Animals» Au nord de Londres, un énorme cochon rose volant, nourri d’hélium, erre lentement entre les cheminées fumantes d’une imposante centrale électrique au charbon. C’est une idée de Roger Waters pour la pochette d’«Animals», l’album à venir du Pink Floyd. Ce que l’on voit en une de couverture n’est qu’une photo du site industriel, cochon inclus, pas une illustration. Les titres des chansons, «Pigs», «Dogs», «Sheeps», laissent supposer que le bassiste va user de métaphores animalières façon « Ferme des animaux » de Georges Orwell. A cette époque on retrouve le cochon en tournée, au-dessus de la scène. Un pognon de dingue.

2 - Voulez-vous jouer ? A deviner le titre d’un album du Floyd à la simple description de sa pochette. Si j’évoque un « homme à l’habit d’ampoules » ne penserez-vous pas à « A delicate sound of thunder » (1988), le second album live de Pink Floyd ? Par effet rebond, l’illustration me fait penser à « L’homme illustré » de Ray Bradbury, un auteur SF ; les tatouages mouvants que porte son personnage principal racontent tous une histoire. L’homme en habit du Floyd ne porte t’il pas autant d’ampoules que de chansons proposées ?

3 - « A momentary lapse of reason » (1987). Le seul des 9 albums ici présentés que je n’ai jamais écouté. Une pochette Ô combien mystérieuse en cinémascope hollywoodien. Une immense plage déserte vue en enfilade. Jusqu’à l’horizon, en alignements comme dolmens à Carnac, des centaines de lits d’hôpitaux vides, faits au cordeau par une nurse à coiffe blanche (c’est au verso de pochette qu’on la découvre). Un seul lit est occupé par un homme jeune en tee-shirt et bermuda. Des chevaux de frise, ou des bergers allemands, en travers de plage. On y sent une atmosphère toute britannique, aux couleurs éteintes entre aube et crépuscule d’automne. On dirait du Ballard, un auteur britannique de SF qui s’ingénia à décrire des cités détruites ou simplement désertées suite à un cataclysme ou à cause de la guerre ; des villes figées, érodées, immobiles et absentes, où l’homme effacé du décor les rend sans objet, vidées de leurs nécessités antérieures.               

4 - A l’image des blancs et lourds cumulus d’été que les rêves éveillés d’une après-midi de farniente laissent remonter à la conscience en formes concrètes, la double-pochette de Meddle (1971) ne semble qu’une abstraction graphique avec laquelle jouer. On n’y retrouve, à priori, rien de concret si ce n’est, peut-être, des ronds dans l’eau et, aléatoirement suivant l’intuition de qui la contemple, une oreille ou un nez. Elle se montre énigme sans réponse crédible. Je ne me pose même plus la question, même si je soupçonne des images superposées en filigrane l’une de l’autre ; la musique incluse est bien plus intéressante et le mystère iconographique cède la place au plaisir de l’oreille.

5 - « The wall » (1979) montre, tout naturellement, un graffiti au pinceau sur le background uniforme d’un mur de briques peintes en blanc. La simplicité même, l’efficacité en conséquence, sur le fil d’une idée maitresse évidente.

6 - La une de pochette d’«Atom Heart Mother» (1970) montre une vache normande au pré. Le cliché photographique (presque amateur) est banal. Au-delà du fait que rien sur la pochette externe ne mentionne le nom du groupe ni celui de l’album, le concept bovin retenu est pour le moins inattendu. On cherche en vain à comprendre. Mais l’idée ne choque pas dans un contexte d’époque où les membres des combos rock se faisant tous photographier en pied pour illustrer leurs albums, cherchèrent à abolir leurs frontières graphiques habituelles en innovant. La photo d’« Atom Heart Mother » eut une genèse simple et insolite. Le photographe mandaté a figé sur pellicule « quelque chose de simple » comme on le lui demandait ; il eut l’aval du groupe… et «Lulubelle» devint la vache la plus célèbre au monde.

          7 – « Wish you were here » (1975). Une pochette gigogne : un disque de cire noire dans une étui cartonné, lui-même scellé dans un emballage de cellophane, un sticker apposé sur le tout. Pour certains, l’album est le second chef d’œuvre du Floyd

 
      
   8 – 1969. En corollaire au film « More » de Barbet Schroeder sort une bande-son signée Pink Floyd. La photo de pochette, qui reprend l’affiche, est un cliché solarisé puis colorisé. Le photographe use de bleus et d’oranges vifs, métalliques et aveuglants. Le procédé est prisé des hippies. Il se fait l’écho d’une certaine époque photographique qui expérimentait la solarisation comme un étonnant moyen psychédélique mineur. J’étais friand de ces tons extrêmes que l’on trouvaient parfois en flashs graphiques brutaux dans les pages d’« Actuel ».
           « More » traite de la mouvance hippie en cette fin de décennie, couplée à son appétence pour les drogues dures.
           « More », vu par le Floyd, fut enregistré en 8 jours seulement. On y sent l’empreinte résiduelle furibarde de Barrett (même si absent car limogé) sur certains titres psyché forts en gueule (« Nile song »), des procédés musicaux déjà présents sur « A saucerful of secrets » l’album studio précédent (« Up the khyber » et ses roulements de tambours); l’influence plus doucereuse de Gilmour. 
 

9 - Au même titre que celle d’«Abbey road» des Beatles, mais à un degré moindre, la mythique une de pochette de « Dark side of the moon » a été abondement parodiée. La lumière difractée aux couleurs de l’arc-en-ciel a subi maintes variations graphiques ingénieuses, iconoclastes ou en hommage au Floyd. Une nouvelle fois le pari de ne rien écrire en une de couv est payant ; il installe l’opus entre connaisseurs. Les qualités sonores de l’album sont telles que l’audio embarqué servit longtemps de référence au choix d’une chaine HiFi ou d’un casque audio.

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