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samedi 5 juin 2021

Minneapolis, capitale du Funk – Illidge, Tabu & Laxton

 

Les Humanoïdes Associés, première édition 2021

Les humanoïdes Associés, haut-fief de l’édition BD hexagonale, nous propose, tout frais tout beau, en ce mois de mai 2021 « Minneapolis, capitale du Funk . En une de couverture se laisse deviner la silhouette légendaire de Prince, de profil face au micro, en cadrage gros plan ; elle nous est montrée en ombre chinoise mauve (tu m’étonnes. !) devant le limbe diffus et couleur lilas (bien entendu) d’un light-spot de scène braqué sur lui ; on y perçoit ses petites bouclettes serrées et tourbillonnantes, sa lippe caractéristique et son nez reconnaissable entre mille. Car c’est de Prince dont il s’agit ici en propos central, même si on ne l’y croise que très sporadiquement dans le défilé des vignettes (comme en rebond par la bande, indispensablement en marge, omniprésent en background musical) ; la BD se fait, sans trop le montrer, tribute-BD le concernant, hommage graphique aux couleurs sonores qu’il a laissées derrière lui, au-delà de son décès en 2016.

Quand, jadis, au collège et au lycée, noyé sous l’ennui de certains cours, je dessinais dans la marge de mes notes de classe des guitares électriques, des Fender, des Gibson, des triple-croches posées sur l’arc-en-ciel ; quand d’autres rêvaient de motos ou de silhouettes de footballeurs shootant dans la lucarne, je ne savais pas encore que j’allais consacrer à la musique, sans être fichu d’en bien jouer correctement, une bonne part de mes hobbys. Mais, pour tout vous dire, le but de cet avant-propos est de me dédouaner par avance de toute grosse bêtise assénée sur le funk (axe central de la BD ici chroniquée) ; je ne connais que fort peu le genre, pas plus que la soul et le rhythm n’ blues. Je ne suis guère éclectique dans mes choix, mon âme est profondément blues, à donf, depuis des décennies. Et comme : « Tout vient de là, tout vient du blues » je me suis dit que cette BD ferait quand même mon affaire. Je ne regrette pas cette intuition qui m’a poussé vers elle, j’y ai compris des choses, beaucoup de choses. Blues de fond donc, rock de forme, mon chemin suit Johnny Winter, Robert Johnson, Joe Bonamassa, Stevie Ray Vaughan … etc, mais aussi Jimi Hendrix qui, quelque part, cousine avec Prince. Curieux par la bande et à minima d’autres univers musicaux, de ce qui a agité le rock et consorts par le passé et que j’ai loupé, de ce qui galope sur les tympans des cages à miel des nouvelles générations, je rencontre vraiment Prince aujourd’hui sur le fil de cette BD, au-delà des sempiternels papas funk des 70’s. Je viens de sortir le bien trop esseulé triple CD « Emancipation » de ma discothèque, c’est le moment ou jamais d’enfin m’entendre avec lui. Prince m’était seulement, jusqu’à présent, qu’un très grand talent guitare, bluesy de forme ; alors, qu’au final il était bien plus que çà.

Prince, à l’issue des 70’s, draina de concerts en albums, un son spécifique : le Minneapolis Sound ; il en fut l’initiateur dont de nombreux groupes dans son sillage prendront exemple. Cette mouvance musicale fut un brassage de sous-genres à succès, agglutinés en grappes, un pot-pourri ingénieux mâtiné de rock, de pop, de new-wave, de RnB et surtout de funk. Ce courant fit tache d’huile, sous l’impulsion de son charisme de bête de scène et de studio.

« Minneapolis, capitale du Funk » suit l’itinéraire imaginaire d’un groupe funk, Starchild, dans le sillage de Prince. Des premières répètes au split, via le succès sous l’égide du maitre puis de l’émancipation de son influence.

Minneapolis est à 80 % blanche et le rock y règne en maitre, Theresa, jeune femme noire, en leader bientôt charismatique, cherche à y imposer son funk, y mettra toute sa conviction et son âme. Starchild, son groupe : sept musiciens et musiciennes, blancs, noirs ensemble, comme en un melting-pot nécessaire et indispensable ; sept instrumentistes venus de sphères musicales différentes (Le « gratteux », blanc, chevelu filasse, issu du hard ; celui à la guitare-synthé, celle aux claviers, les deux en écho à la New Wave ; le noir au rond groove de la basse ; Theresa à la six-cordes flamboyante et volubile …etc).

De la démo sur K7 aux premiers pressages sur vinyle ; des répètes qui se cherchent au single en studio prêté par un pote ; de la première scène à l’entrevue avec Prince ; des battles-groups en duels, incertains et suicidaires, au nom en haut de l’affiche. Sept destins jusqu’au bout de la route, sur le fil des aléas inéluctables : la reformation d’après le split car « seule la musique compte »

Les phylactères sont rapides précis et directs, les dessins des vignettes (quelques fois, pour une pleine efficacité, en double-pages) drainent bien les émotions scéniques. Un souci tout particulier a été porté à la mise en couleurs, elle est impeccable (c’est ce qui saute aux yeux de prime abord). Un appendice graphique vous attend dans les dernières pages : on y voit, pour certains dessins, les études graphiques de personnages non retenus pour la version finale et des esquisses avortées/abandonnées de la une de couv. En postface : un bonus-portrait de Prince, de Minneapolis et de l’influence du Kid sur sa descendance musicale.

Maintenant que dire pour conclure, si ce n’est que le background sonore d’ « Emancipation » tout du long de la rédaction de cette chronique, a fait ressurgir ma première impression à réception de la BD, celle de ces magnifiques couleurs, celles-là mêmes, multiples, variées et gaies qui essaiment la musique du Kid de Minneapolis.

Merci aux Les Humanoïdes Associés, Babelio et Masse Critique.


 

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