Accueil

Accueil
Retour à l'Accueil

Sous des cieux étrangers - Novella n°1 - Bernacle Bill le spatial

Première des cinq novellas composant le recueil "Sous des cieux étrangers" de Lucius Shepard chez Le Belial (2010)(pages 13à110)
Retour à l'article principal





Excusez du peu: Prix Hugo, Asimov’s, Locus et Science Ficton Chronicle.
Rien que çà.
Et ces récompenses sont ô combien méritées.

Ici, nous sommes en plein territoire SF.

 « Tout cela s’est passé il n’y a pas si longtemps sur la station Solitaire, par-delà l’orbite martienne, là où sont assemblés et lancés les astronefs de reconnaissance qui s’évanouissent dans une gerbe de feu de plusieurs milliers de kilomètres de diamètre, et c’est arrivé à un homme du nom de William Stamey, mieux connu sous le sobriquet de Bernacle Bill. Une minute, rétorquerez-vous sans doute, j’ai déjà entendu cette histoire. Elle a été racontée et reracontée. À quoi bon la ressasser ? Mais qu’avez-vous vraiment entendu ? »

Une station orbitale, baptisée « Solitaire », relie une Terre mourante à un espace infini en attente de colonisation.  La surpopulation, des équilibres écologiques désastreux et l'émergence de mouvements religieux extrémistes menacent l'espèce humaine dans sa survie.
"Solitaire" constitue l’ultime espoir d’une Humanité à l’agonie, pour peu que les vaisseaux éclaireurs qui en partent reviennent avec l’espoir d’une planète habitable.

Mais des lointains, jusqu’à présent, aucune nouvelle…

« Solitaire » est, face au vide qui l’entoure, un espace clos restreint, hyper technologique, à quota humain limité et hyper-spécialisé. Pas de place pour l’inutile, pour le corps étranger.

Or Bill est un attardé mental né à bord de la Station : sa mère se sait enceinte lorsqu'elle embarque , trompe informatiquement les contrôles anténataux et accouche dans une coursive isolée. Bill va catalyser la haine de  l'équipage contraint de le garder comme inutile bouche à nourrir: brimades, violences, surnom.. tout le lot immuable offert à l'être différent.

Bill ne s’intéresse qu’aux colonies de coquillages spatiaux (semblables aux bernacles) qui tapissent la coque externe de la station. Un mal pour un bien, ils en renforcent la structure en strates épaisses superposées. Leur présence reste néanmoins un mystère...

Dans le même temps, un employé de la Sécurité est confronté à bord à la montée d’un extrémisme religieux radical et violent, venu de Terre. Son nom: "l’Inconnue Magnificence". Elle a vérolé d’obscurantisme le Berceau Nourricier (la Terre), cherche maintenant à imposer ses vues sur « Solitaire » et menace les projets de colonisation extra-planètaire.

Bill le Spatial constate que les colonies de bernacles abandonnent la coque externe, comme des rats quittant un navire elles filent en grappes de plus en plus nombreuses vers l’infini.. !

Mauvais présage.. !


Si Shepard reprend une thématique déjà utilisée par d’autres : celle de l’attardé mental au destin hors du commun, il en malaxe brillamment les ingrédients, tisse un long récit intelligent et attachant, bourré d’humanisme. Il dissèque ses personnages d’une plume douce et nostalgique ou acérée et incisive; tout dépend de la position des uns et des autres sur l’échiquier du drame qui se prépare.

Et surtout il nous offre une prose poétique d’excellente facture.
Les descriptions d’espace profond sont à couper le souffle.
Longues phrases tortueuses lorsque l’action se pose. A l’image de ce qu’un spectateur peut ressentir à la vision des lents travellings de « 2001, l’Odyssée de l’Espace » de Kubrick, elles construisent de longs paragraphes d’une beauté inoubliable.
Quand tout s'accélère: elles deviennent courtes et saccadées, se restreignent souvent aux dialogues (quelquefois d’une violence extrême) et à l’action (tout aussi décapante).

Bon voyage à vous lecteurs, à la lisière de l'Espace Profond


Retour à l'article principal

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés