Gilles, c’est un pote de ma vie réelle. Il dessine, il peint, il expose. Et il a une patte que je lui envie.
Son créneau graphique : revisiter à sa manière les discographies de groupes rock qui ont fait l’histoire musicale du genre en proposant pour chacun, par lots de 9, certaines illustrations de leurs pochettes d’albums respectives … Elles vous rappelleront, pour la plupart, bien des souvenirs nostalgiques. Sur le fil des 53 tableaux que comporte, à ce jour, la série se déroulent lentement les années passion-rock de mecs de mon âge qui ont plongé avec goinfrerie dans la zikmu-rock & consœurs.
Ci-dessous, le 15ème de la série. A suivre pour les autres.
Status Quo, en son temps, fut l’archétype du combo rock brut de pomme, binaire et basique … Et, à juste raison, cela plaisait. Le groupe proposait un balancement musical métronomique ininterrompu. Les pieds de qui s’y laissait prendre battaient farouchement la cadence. Status Quo c’était du rentre-dedans sans fioritures ; des riffs musclés, épais et lourds, répétés et martelés jusqu'à la fin du monde ; des schémas rythmiques, frénétiques et hypnotiques, livrés en déferlantes live jusqu'à plus soif au sein d'un même morceau, d'une plage à l'autre, d'un album au suivant. Des refrains entêtants comme sortis des gorges des spectateurs d'un stade de rugby britannique. Les maitres-mots : pêche, énergie, électricité, headbanging, bonheur et sueur du corps qui danse…
Un critique rock disait d'eux qu'ils avaient boosté les ventes de manches à balai-guitare et celles des miroirs en pied. MDR. Sous les nuées de briquets allumés, les cheveux longs tournaient inlassablement autour des têtes en longues gerbes dorés ou brunes, fouettant l’air de larges gifles. Secoue ton crâne camarade, il en jaillira la bonne parole du boogie. Les membres du Quo se firent bûcherons du genre, scièrent inlassablement, lames brûlantes, guitares hurlantes, dans une masse compacte de refrains à tue-tête chantés, de riffs lourds et tranchants et de soli acérés. Status Quo sur scène devint une fête offerte à qui voulait bien communier. Le balancement emporta la foule... le mythe naquit … et perdura de tournées d’adieux en tournées d’adieux.
Un bouledogue bicéphale et hargneux orne « Dog of two head » (1971), l’album s’installe entre la vague psyché-poppy sunshine gentillette et mélodique qui porta le groupe jusqu’alors et un virage boogie teigneux, râpeux et agressif. C’est l’album aux deux visages, l’un minimaliste et minoritaire, l’autre délibéré, majoritaire et définitif. La messe est dite, la suite sera boogie à temps complet.
« Piledriver » (1972) : la photographie en une de pochette est emblématique de Status Quo. On y voit le combo à l’avant-scène où il aligne ses 2 guitaristes et son bassiste, jambes écartées, tignasses en headbanging, silhouettes clonées l’une sur l’autre. On dirait les Frères Ripolin ou un haka néo-zélandais rugbystique jubilatoire ; rien de péjoratif dans la comparaison, le cliché est mythique, la position est réitérée chaque soir de concert ; c’est l’image que le groupe veut que l’on retienne. Il en résulte un effet de cohésion qui se renforce sur la pochette d’« Hello » (1973) où l’on devine l’embossage cartonné noir sur fond noir des cinq en rappel face à leur public, puis sur « Quo » (1974) (les racines de l’arbre). Le groupe se montre les pieds bien verrouillés au sol, sûr de son fait, fidèle à son image et à ce qu’il joue et la manière dont il le joue. Le groupe est à son summum sur le versant hard de sa production.
Plus tard, avec « If you can’t stand the heat » (1978), la galette de cire noire sur la platine disque se fait plaque de cuisson incandescente sous le saphir du bras de lecture ; les chansons restent des brûlots chantés même si la musique s’y assagit quelque peu.
Sur « Whatever you want » (1979), le recto de pochette, un fier pingouin à la parade sur tapis rouge, explicite (non sans mystère résiduel) l’attente exacerbée de la foule au verso. Un parfum pictural des années 50’s voire 60’s : photo-journalistes et flashes-ampoules au magnésium, Marylin Monroe, Humphrey Bogart et Marlon Brando, micro NBC et Monsieur Loyal. Tout çà, va savoir pourquoi ? Je ne possède pas les références.
A l’image de l’album « rockin’ all over the world » (1977), «Just supposin’ » (1980) et « Never too late » (1981) utilisent, dans des tons bleutés, la thématique de l’Espace.
La pochette de « In the army now » (1986) rappelle un cliché photographique célèbre de la seconde guerre mondiale (Iwo Jima) qui lui-même inspira «Conquest» de Uriah Heep en 1980.
Et, pour finir, qui pour se souvenir de l’extatique intro parlée présentant le groupe sur « Live » (1977) ? Le rock, quelque part, c’est çà : une envie de partage et le Quo, en ce domaine, savait y faire … all night long. (cf le lien ci-dessous)
… Et en illustration musicale, « Junior’s wailing"