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jeudi 4 août 2022

Les autres – Georges Simenon

 

Réédition en Livre de Poche n° ()


Réédition en Editions France Loisirs, Omnibus "Georges Simenon) n°1 (2015)

 

Bienvenue chez les Huet, une famille d’importance, dont le grand oncle, Antoine, vient de se suicider (allez savoir pourquoi ?, même si peut-être …). C’était un juriste de 72 ans, émérite et reconnu, un notable influent en ville et même au-delà, un homme semble t’il riche au-delà des espérances de chacun des héritiers potentiels. Antoine est décéder sans enfants. Colette, sa veuve, nymphomane notoire et un tantinet psychiatrique, va-t-elle rafler la mise malgré la promesse testamentaire de son mari de ne faire hériter que les « vrais » Huet ? Antoine était le patriarche d’une famille toute à sa dévotion. Ses neveux et nièces en abondance, leurs enfants, jusqu’alors sous le poids d’un seul et même homme s’interrogent désormais sur la nouvelle donne induite par sa disparition. Chacun pour soi ou unité familiale reconduite ?

Du mardi, veille de la Toussaint, au jeudi qui suit ; d’un suicide à un enterrement et l’ouverture d’un testament, les espoirs et calculs de chacun, tandis qu’en « Je narratif » un neveu (Blaise) regarde tout çà d’un drôle d’air, qui loin d’être spéculatif et ironique, s’apparente à l’indifférence fataliste ; il semble avoir un compte à régler avec sa propre existence, un dilemme qui apparente sa vie à celle d’Antoine …. Aux mêmes causes les mêmes effets ?

Il y a Lucien, le neveu il y a peu dénoncé comme résistant, revenu de Buchenwald à la Libération. Profondément croyant il serait prêt à pardonner si seulement ... ;

il y a Blaise, petit professeur aux Beaux-Arts, un être falot qui se sait trompé par sa femme mais que cela indiffère presque ;

Il y a Edouard, le petit neveu, le vilain petit canard de la famille, celui que l’on annonce de retour en ville (après si longtemps), désormais quasi clochard, jadis portant beau, ex chéri de ses dames, celui que tout le monde a connu des projets irréalisables plein la tête et qui à chaque fois s’est cassé la gueule. C’est celui qui, penaud, revient vers sa femme, Marie, qu’il a quitté mais qui l’aime encore. C’est, pour la famille, le squelette dans le placard.

Et puis, il y a « Les autres », tous ceux qui, familiaux ou satellitaires, perdus de vus ou depuis toujours présents, pique-assiettes ou amis sincères, gravitent en périphérie de la famille en deuil, aux aguets du notaire qui à quelques jours de là ouvrira une certaine lettre …

La suite appartient au récit.

«Les autres » est un « roman dur » atypique. Simenon y accroit considérablement le nombre habituel de ses personnages. Le roman traine, ainsi, jusqu’à mi-parcours, avant de démarrer vraiment, à cause du patient descriptif généalogique nécessaire. J’ai toujours été chagriné, au jeu du « qui-est-qui », par ses arborescences familiales foisonnantes où je m’égare facilement. J’y perds, dès le début, presque par anticipation résignée, un fil d’Ariane qui m’est, personnellement, bien trop fragile. Le Grand Arbre de la famille Huet m’est trop touffu, complexe et ramifié. C’est pourtant l’assise du livre ; c’est par cette structure même que se construit le drame. Cela m’a gâté la lecture. 

Mais …

Il n’en reste pas moins, qu’à son habitude, la prose souple de Simenon cible à cœur, se fait sans concession d’un milieu aux entrailles cachées appelées à émerger, même si au final la vie y reprend (presque) comme avant.

Plus psychologique que policier, « Les autres » emprunte sans conteste, le sillon commun d’une littérature générale de qualité. C’est en ce sens, qu’au final et au-delà d’une attente policière qui n’est pas venue, j’en ai beaucoup apprécié la manière d’habiller le thème, d’exploiter les ressorts d’intrigue, de dresser les portraits aiguisés de personnages attachants ou détestables (les derniers sont peu nombreux), de bâtir les bons et mauvais moments d’une famille, somme toute, comme tant d’autres.

1 commentaire:

  1. Je suis comme toi quand il commence à y avoir trop de personnages, je lâche prise et perd forcement des éléments, des liens, des tensions importantes.

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