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vendredi 7 décembre 2018

Poil aux oreilles

Poil aux oreilles




Tu t'es promis, en homme de décisions, de passer aux Pompes Funèbres, de signer au plus tôt ton contrat funéraire. Oui il s'est passé quelque chose. Le document stipulera que.. sera de telle sorte qu'au nez et à la barbe de la camarde tu ... Tu paieras en conséquence mais ce que tu redoutes tant ne se...

Mais n'allons pas trop vite, tu te dois d'expliquer.

Devenu vieux et chauve, ce qui te reste de vie laisse abondamment pousser, au creux de tes oreilles, une p***** de pilosité de jungle tropicale. On dirait deux buissons ébouriffés de poils hirsutes longs et tortillés, deux clignotants velus accrochés aux flancs d'une vieille charrette qui revient des foins d'été, deux cache-oreilles en piquants jaunis de vieux porc-epic...

C'est injuste et dégradant ce double foisonnement de paille en regain, ces bogues jaunies de châtaignes explosées. Tu n'es plus ce que tu as été, longue chevelure au vent sous le regard envoûté des filles à tes pieds. Quelle disgrâce que ce glissement chevelu bilatéral. Cela te désespère d'y voir comme deux plaques tectoniques au sommet d'un œuf à la coque, désertant l'apex, débaroulant du pôle nord vers les versants temporaux. Ton crâne encaisse désormais les chocs comme une maison de paille un tir d'obus; les poils auriculaires sont drus, bruns, bien dressés, fiers et bien visibles. Ils y sont si serrés, comme des mailles de velcro, que tu les soupçonnes de t'avoir rendu presque sourd. On dirait deux énormes boules Quies en étoupe de chanvre jaunâtre.

Non contente de t'offrir deux vieux hérissons crevés dans les oreilles, deux boules de cette paille de fer que ta femme utilisait pour la vaisselle, l'age, le grand, celui du 3ème, t'offre des mains qui tremblent. Désormais vieux pépère parkinsonien tu ne peux plus te raser sans te couper. Et les oreilles çà saignent.Tu as cherché à t'épiler. Mais tu entends, posé sur le tympan, le cri déchirant du poil arraché.

Et cette c***e de belle fille de te taquiner... de te dire qu'elle pourrait les sublimer aux bigoudis tes buissons ardents, les shampouiner aux œufs, les frisotter au fer... 

Y'a même eu quelqu'un de bien intentionné pour te dire que les poils çà continuaient de pousser une fois la viande froide au fond du cercueil...

C'était donc çà la raison: une manière pré-funéraire de te préparer à l'au-delà, à ses modes capillaires d'outre-tombe.

Et ben non, cela ne sera pas: bisque ! bisque ! rage !, demain tu tireras la nique à la mort et à ses coutumes.

Au nez et à la barbe de la Grande Faucheuse tu te feras incinérer, cramer, roussir le poil.
C'est dit..!
Elle n'aura rien à se mettre sous la lame.
Non mais !

PS: ce petit délire capillaire (pour le fun) a été également mis en ligne de manière à participer  au "défi littéraire de novembre 2018" sur Babelio. Le thème était "Au nez et à la barbe". Merci au site et félicitation au gagnant et participants.

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