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dimanche 5 décembre 2021

Le crime parfait – Peter James

 


Pocket n°15004 (2013)

 

Peter James : un nom qui m’était inconnu. Plaisir de la découverte.

Dès « Le crime parfait » cueilli, il y a peu et en fruit du hasard, dans la boite à livres municipale, son auteur n’a cessé de me susurrer à l’oreille, d’une voix venue de je ne sais où : « Tu ne m’as jamais lu et pourtant, toi et moi, on se connait presque. Tu m’as déjà frôlé. Chez toi. Si si .. ! J’y demeure depuis tant d’années. Dans l’attente. Ma présence t’effleure sans que tu ne la perçoives. Je t’attendais ». Etonnante sensation d’une présence fantomatique … à moins que la malice des choses ne rationnalise le mystère. Explications à venir ...

« Le crime parfait » : une novella. Une lecture éclair. L’affaire de peu de temps. D’une nuit d’insomnie, par exemple. Faible épaisseur du livre, en maigres millimètres comptés. Une grosse centaine de pages. Une police typo pour astigmate privé de lunettes. Une vingtaine de brefs chapitres. Des dialogues vifs et abondants, en renvois à la ligne prématurés. Fait rare, une douzaine de pages vierges gaspillées en queue de volume (impératifs techniques de conception, sans nul doute ?). Elles sont abandonnées de toute prose, comme si l’auteur avait laissé le soin au lecteur d’y écrire ce qu’une fin ouverte laissait entrevoir. Pas si ouverte que çà, pressentais-je avant lecture, dans la mesure où un « crime parfait » romanesque ne l’est souvent que « presque », où la dernière page tournée se referme brutalement et définitivement sur les protagonistes, retours de manivelle oblige.

«Le Crime parfait ». Le titre parle de lui-même. Un thème bateau en littérature policière. Souvent ludique et intellectuellement jubilatoire. Une peau de banane, tout autant, parfois. Ce n’est pas le cas ici. Les ingrédients nécessairement au menu, sont présents et correctement agencés. Un cadre où les instincts meurtriers mijotent avant explosion (ici un couple marié). Un scénario criminel supposé infaillible. Une lente montée en pression des acrimonies. Une attente patiente de l’instant propice. Une mise en œuvre selon les plans (ou presque). Un grain de sable enrayant la belle mécanique. Une lente et inexorable dégringolade, au gré d’une enquête policière qui dissèque tout peu à peu (L’inspecteur Colombo semble au générique).

La 4 de couv affine la variation choisie du « crime parfait ». Tant y sont possibles. « … Chacun de leur côté, Victor et Joan se préparent une petite surprise …[ ]… le couple s'affaire. Cyanure pour l'un, hyperglycémie fatale pour l'autre. Deux crimes parfaits.»

Peter James échouerait dans la nouveauté, se frôlant de trop près, par exemple, à « L’inconnu du nord express » de Patricia Highsmith, si sa thématique embarquée n’usait pas de meurtres prémédités INVOLONTAIREMENT croisés. L’auteur se singularise vite, usant d’un mix réussi d’humour souvent noir, de gimmicks du roman de procédure policière, du thriller serré et tendu, du polar dans l’interaction glauque et haineuse des protagonistes entre eux … Souvenez-vous des recueils « Alfred Hitchcock présente », de ces histoires à l’immoralité totale, des atmosphères poisseuses qui y régnaient, de cette malchance systématiquement accrochée aux basques des criminels à l’œuvre. « Crime parfait » de Peter James se pose dans le moule des histoires que Hitchcock compilait. Ses auteurs venaient souvent de la SF et … du Fantastique contemporain.

Et c’est ici que je rejoins mon propos de départ, ce ressenti de « déjà lu ».

Je me suis fait la réflexion que nombre de fins de chapitres, en mise en abime intermédiaires oblige, empruntaient aux tics d’un certain Fantastique, celui classique d’apparitions où se mêlent fantômes et objets en lévitation. James s‘y montre particulièrement efficace, dans la suggestion de visions nées du stress et des remords. Ne pourrait t’il endosser un habit d’auteur du genre ?

Et, j’ai compris que c’était fait depuis longtemps en retrouvant sur mes rayonnages, par le plus pur des hasards, au rang des « pense-bêtes » oubliés depuis longtemps, deux Bragelonne/Milady, « Possession » et « Rêves mortels », signés de son nom. Malice des choses au rencard, se rappelant au bon souvenir de qui les néglige depuis belle lurette.

Rendez-vous est pris.

 


1989 et 1988 en VO

9 commentaires:

  1. Ma foi, ta chro me donne envie de le découvrir aussi, cet auteur.. les deux que tu as sont aussi des novellas ?
    J'ai déjà vu son nom en balayant du regard les livres sur les rayonnages des magasins, mais jamais acheté encore.

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    1. Non. Ce sont des romans. Respectivement 473 et 413 pages. Les 4 de couv les apparentent clairement au Fantastique (c'est elles qui avaient du m'attirer à l'achat (d'occasion)*).
      _Les rêves de l’héroïne peuvent t'ils tuer quelqu'un d'autre dans la vraie vie, pour le premier ?
      _Post-mortem, essayer de revenir "d'Ailleurs" est t'il possible ? Sur des photos, des écrans de PC ... etc , pour le second ?

      J'ai envie de pousser plus avant concernant cet auteur.

      * Et puis cohabite aussi une confusion, issue d'homonymie de prénoms, avec Peter Watts (jamais lu, mais conseillé de ci de la).

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    2. tes 4ièmes de couv me donnent trop envie de les lire !!!

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    3. pourtant pas super bien notés sur Babélio tes deux romans..mais bon, ça ne veut rien dire; les goûts et les couleurs, hein!

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    4. Je cite:

      _Possession: "Fabian Hightower a été tué dans un accident de voiture en France.C'est du moins ce que la police annonce à sa mère, Alex. Mais elle ne peut pas y croire : elle a vu Fabian le matin même dans sa chambre. Fabian ne peut pas être mort.Après les funérailles, l'imagination d'Alex commence à lui jouer des tours. Le visage de son fils apparaît sur des photographies qu'elle vient juste de développer, un message de lui s'inscrit sur son écran d'ordinateur, des événements encore plus étranges et effrayants surviennent.Terrorisée, Alex fait appel à un médium qui lui annonce que Fabian veut revenir et qu'il lui cachait un sombre secret..."

      _Rêves mortels: "Les rêves peuvent-ils tuer ? La dernière fois que Sam a fait un tel rêve, elle avait sept ans... et cette nuit-là, ses parents sont morts. Vingt-cinq ans plus tard, les cauchemars de Sam sont de retour, et ils se réalisent de nouveau : viols, meurtres, accidents horribles... Elle est prête à tout pour qu'ils cessent. Mais psychiatres et médiums n'arrivent pas à l'aider. Personne ne croit à son histoire.Sam ne sait pas ce qui lui arrive : hallucinations, prémonitions, réincarnations ? En tout cas, elle est seule pour affronter ces rêves mortels..."

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    5. @Cheyenne, citation: "pourtant pas super bien notés sur Babélio tes deux romans..mais bon, ça ne veut rien dire; les goûts et les couleurs, hein!" >>>>>> Plus généralement, l'éditeur n'est pas choyé dans le fandom SFFF.

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    6. Y'a comme de l'allergie, même. J'en ai peu: quelques Peter F. Hamilton, des Richard Morgan ("Carbone modifié" et ses suites), Karen Traviss, Ken McLeod ... et surtout une grosse antho sur le NSO (New Space Opera) et "Reconstitué" de Sean Williams (les deux derniers me tentent, mais va savoir..?)

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  2. L'illustration colle bien au contenu: la peinture au rouleau et le bleu de Prusse. Je ne spolie rien, c'est fourni par l'éditeur ..! MDR.

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  3. Je connaissais le nom mais, ni lu ni acquis. Et je ne sais pas si ma PAL gargantuesque est pour quelque chose dans mon manque de curiosité envers cet auteur..

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