Le Clapier.
Un vieux quartier stéphanois, qui possède outre son statut
urbain classique, deux particularités en échos au passé minier de la ville.
_Le puits Couriaud, un derrick de fer dressé semblable à ceux
de Germinal, séquelle d'un temps durant lequel le charbon envahissait tout de
noir et de fumée.
_Une petite gare, celle dite du Clapier, accolée à la
première ligne de chemin de fer en Europe, locaux un temps désaffectés, puis
réhabilités, désormais salle de restaurant et aussi, pour l'heure, petite et
discrète salle de concerts.
Le Ana Popovic Band y joue ce soir dans ce qui fut jadis,
vraisemblablement, la salle des pas perdus.
Nous attendions ce concert depuis longtemps, billets
réservés en poche.
Ana Popovic est née à Belgrade en 1976, c'est une chanteuse et guitariste d'origine serbe, initialement de blues mais s'ouvrant récemment, avec réussite et reconnaissance internationale, à d'autres horizons sonores.
Ce qu'Ana Popovic propose: un melting-pot Rock/Blues/Funk-Soul/Jazz
malaxés et mêlés non pas tant d'un morceau à l'autre (aucun n'est vraiment
franchement typé) mais au sein d'une même composition durant laquelle les codes
classiques des quatre genres se mélangent, s'affrontent pour un rendu qui signe
une manière, une patte, un style, un groove: le sien.
Ana est en ce sens atypique (ce que lui reconnaît la
critique) et novatrice: deux atouts qui lui confèrent tout son charme et lui
évite le déjà-entendu.
Certains voient en elle un "Jimi Hendrix au
féminin". Oui, mais pas tant dans son jeu de guitare (quoi que..!) qui lui
est vraiment propre que par sa volonté de mêler des inspirations voisines dans
le même pot. Elle jongle de l'une à l'autre. Ce que fit si bien le génial
gaucher en son temps. Ana se pose à un carrefour de genres, d'inspirations
parallèles; elle exprime à la convergence une pâte sonore nouvelle, une manière
peut-être à nulle autre pareille; elle y appose une manière qui lui est propre
et reconnaissable entre mille.
Les acteurs:
6 musiciens sur scène: batteur, bassiste + background
vocals, claviériste, trompette, saxo, guitare + lead vocals.
_La section cuivres accole au reste de la formation un son
typé Brass-rock via son punch et sa vitalité, dans un effet similaire à celui
du Chicago Transit Authority de 1969 (le premier album éponyme). Les duettistes
délivrent des riffs cuivrés brefs et puissants, des soli flamboyants.
_Omniprésence de la section rythmique: un marteleur
frénétique et lourd derrière ses peaux, couplé à son bassiste compère qui, chose devenue rare en
rock, sera de solo en cours de show. Notable intervention du cogneur en solo
offerte.
_Ponctuations rythmiques et solistes bienvenues du claviériste.
_Ana Popovic intervient abruptement à la Fender via des soli
bluesy de forme, tendus, hérissés, dignes de la guitare-heroïne qu'elle a la
réputation d'être sur le circuit. Le show est un parfait écho des titres
proposés dans l'avant-dernier album d'Ana (triple CD intitulé Trilogy:
rock/blues/jazz). Je connais mal le dernier "Like it on top",
néanmoins l'envoûtant esprit sexy soul de "slow dance" envahit la scène
à mi-parcours; ainsi via cet intermède cool transparait la belle voix chaude et sensuelle
de la chanteuse.
La dame a en outre un physique et le charme qui va avec.
Elle pourrait utiliser la séduction comme arme de conquête de son public. Il
n'en est rien: elle est dans son truc, dans la qualité de la musique qu'elle
offre, elle se veut pro jusqu'au bout des ongles et cela lui va si bien.
Belle énergie globale. Set époustouflant. Belle variété de
tons et d'ambiances. Le public ne s'y trompe pas, réclame et obtient un rappel
au terme d'une longue ovation respectueuse.
Je ne suis pas funk, je suis blues dans l'âme (et suis allé
voir le show dans cette attente); et pourtant mon compte j'ai trouvé. J'adore
ces artistes qui savent que ne pas se foutre du monde est garant de leur pérennité. Merci pour ce don qui n'est pas que pro mais relève encore de l'envie de jouer.
Long
live rock n' funk-blues, Madame.
Ps: Grand merci à 4Pat pour les clichés de scène, je suis totalement
infoutu d'obtenir des photos correctes de ce genre d'événements.
En illustration sonore, une des facettes proposées: la plus soft.
Slow dance
En illustration sonore, une des facettes proposées: la plus soft.
Slow dance
très bon billet, et belles photos :-D je ne sais pas pq, mais je m'attendais à la voir moulée dans une robe gris sombre moucheté..jsais pas pq cette idée saugrenue...
RépondreSupprimerMerci.
RépondreSupprimerLes paris courraient: robe ou pantalon..? J'ai perdu.
ah zut... j'aurais perdu aussi du coup :-D
Supprimerc'est beau comme tu parles...tu écris plutôt... on dirait un vieux jedi d'ailleurs la ressemblance est frappante.
RépondreSupprimerContent que les photos aient plu, ce sera ma maigre contribution à cette soirée que j'ai appréciée même si la sono un peu forte pour le volume de la salle (et notre proximité de la scène sans doute)nous a un peu titillé le réflexe incudo-stapédien: du coup en se bouchant les oreilles on pouvait un peu mieux comprendre son essai de communication avec une foule, ne l'oublions pas issue de la mine...Merci pour ces bons moments partagés
C'est vrai que pour nous désobstruer les cages à miel, la belle n'y est allée au Cérulyse mais au tire-bouchon et au TNT. Les cuivres plein tympans c'est un peu comme des bombes agricoles dans un paquet de biscuits, çà met les osselets en miettes.
SupprimerOutre Atlantique, quelques jours plus tard.
RépondreSupprimerUn trombone remplace une trompette.
Saxophoniste et claviériste ne sont plus les mêmes.
Les cuivres sont moins tonitruants, plus ronds, plus soft (du moins pour cette partie du show).
Un autre public pour une autre attente..?
https://www.youtube.com/watch?v=ZBOMfpbUPzk
Je savais la belle dans la promesse à son public d'un album live enregistré en France et en 2019. De ce que j'avais entendu au Clapier j'étais dans l'espoir de la mise en boite du spectacle de ce soir-là tant il y avait tout pour un live d'excellente facture. Et ben ... c'est le show du 2 nov. 2019 au Festival de Guitares d'Issoudun qui a été choisi (audio +/- video). Veinards habitants de l'Indre. Je jalouse mais j'achèterai quand même.
RépondreSupprimerhttps://img.over-blog-kiwi.com/2/57/76/78/20200609/ob_c3b83b_17105891-1-92.jpg