Terry Kath (1946-1978): guitariste-compositeur-chanteur US, fondateur de Chicago Transit Authority (1969), présent sur les 11 premiers albums du combo. Décédé dans des circonstances accidentelles troubles, le groupe continua sans lui. Largement sous estimé, il se classe néanmoins parmi les meilleurs de sa génération par ceux s'égarant à l'écoute de la singularité de Chicago. Le combo eut une trajectoire atypique glissant d'un jazz-rock brutal à une quasi "variétoche" douceâtre et mollassonne (mais très commerciale) aux antipodes de ses débuts (de quoi, dans les deux cas, l'isoler/l'ostraciser du mainstream rock).
L'essentiel le concernant file sur les quatre premiers albums; la suite le montre plus discret, concis et bref, parcimonieux et trop ponctuellement sur les devants d'une rythmique allégée/écrémée. On l'y guette impatiemment, l'y attend, oublieux de ce que le groupe propose en parallèle. Les notes-guitare-fleuve d'antan perdent du gras et deviennent mignardises gourmandes. On dirait que Kath cherche à s'effacer alors qu'on ne lui demande que d’être un guitar-hero (il en a tous les attraits charismatiques).
I,II, III et IV (Live at Carnegie Hall) montrent beaucoup de hargne et de saignant dans son jeu. Il avait un son agressif, tonique et furibard, rapide et inspiré. Tout du puncheur sur son ring, force rythmique et vitesse d'exécution soliste. Il était le fil rouge de Chicago, celui par qui, paradoxalement pour un combo essentiellement cuivré, tout venait, vivait, subsistait et renaissait dans une inspiration sans cesse renouvelée, la fougue et la vitalité. On aurait pu le croire égaré dans le brass-rock cuivré de Chicago; il y avait pourtant une singularité à la guitare indispensable au projet, au cœur d'une curiosité cuivrée rare aux confins perdus entre rock et jazz.
Chicago tenait sa réputation de l'attirail multi-cuivré qui le composait mais devait son assise à la virulence de son guitariste qui faisait cousiner le combo avec le rock. Contre toute attente il en était le maillon fort, le guitariste pourtant oublié.
Sur la tempe, une balle aléatoire dans le barillet d'un colt l'a privé de réelle reconnaissance. C'était le 23 Janvier 1978.
Illustration sonore: "25 or 6 to 4"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire