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vendredi 16 août 2024

Espion, lève-toi ! - George Markstein

 

Série Noire, Gallimard Ed., n°1737 (1979)

 

En pleine Guerre Froide, à Londres, Michael Golli, un agent secret made in CCCP, soviétique et dormant, est « réveillé » au bout de sept ans d’autarcie, de silence et d’immersion solitaire totale dans la société anglaise. « Sous-marin » en hibernation volontaire, il est subitement réactivé par son « control » (lire supérieur hiérarchique à peine moins espion clandestin que lui) à qui il devra, retour sur investissement oblige, obéir aux ordres, quels qu’ils soient. Question de vie ou de mort.

Le problème est que la crédible taupe infiltrée qu’il est devenu, celle aux couleurs de muraille, se voit confronté à deux « controls » à sa remontée en surface. De là à se faire manipuler et retourner sa veste sans le vouloir, il n’y a qu’un pas que l’auteur franchit avec jubilation dans le déroulé de son scénario. Quand le premier "control", preuves à l’appui, se revendique seul habilité, l’autre en fait autant ; il y a forcément un traitre mais lequel ? Pile ou face, les vies de Michaël et de sa compagne dépendent d’un choix judicieux mais, au final, à l’aveugle ...

Pour densifier encore plus l’intrigue chaque « control » réclame à Michael  Golli l’assassinat de l’autre au nom de sa fidélité promise à une cause et une nation. Le jeu de dupes commence. Il va se montrer diaboliquement complexe (trop même ?), déroutant et dérangeant. Michael Goffi se perd dans la vase du « qui est qui ? » ; çà c’est son job de personnage, tant pis pour lui. Le lecteur tente l’empathie et s’englue parfois (et même souvent) à son tour dans les pièges de visages masqués qui ne sont que rarement le reflet de ce qu’ils cachent. L’épilogue est assez foutraque, accroché à une mise en abime que l’on a cru, à tort, impossible à émerger  

CE QUE J’EN PENSE : Déception lecture close. Le tout est brumeux et, à mon sens, amputé d’intérêts légitimement espérés mais trop évanescents quand tout va trop vite (le bouquin est court) et que se perdent en route des nœuds d’intrigue essentiels. Le pitch est pour le moins alléchant mais le tout ronronne de sommeil retenu quand le fil d’Ariane, que l'on peine à remonter, se brise. 

Yves Boisset s’est essayé à l’adaptation en 82, elle se montre très libre et brillante avec Ventura, Piccoli et Cremer.

 


2 commentaires:

  1. Le film d'Yves Boisset (revu il n'y a pas très longtemps) est très noir et déborde de coups tordus (services secrets...!).
    Ce billet me donne envie de découvrir le livre que je n'ai jamais lu.
    J'ai ainsi eu récemment l'opportunité de lire pour la première fois Le trou, de José Giovanni, en "série noire", alors que j'avais vu et revu, au fil des ans, le film que Jacques Becker en avait tiré.
    Livre en premier, film en premier... des approches différentes? Qu'en pensez-vous, en général et en particulier?
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    Réponses
    1. @tadloiducine, citation "Livre en premier, film en premier... " >>>

      Oh la, complexe que tout cela.

      1 - Là pour le coup, concernant "Espion, lève toi", je n'ai pas revu le film de Boisset récemment, ma mémoire n'en a conservé que de nombreuses scènes marquantes qui sont absentes du roman. Et inversement. Je ne sais même plus si les épilogues sont identiques. Curieuse impression de lire puis voir quelques fois, à ce petit jeu, deux récits différents, parallèles.

      2 - Je lis généralement le roman en premier, voit le(s) film(s) en second(s), voire m'intéresse à la BD si elle existe, recherche l'hypothétique adaptation radiophonique d'antan stockée sur (You tube). Ma lecture actuelle par exemple ("120, rue de la gare" de Léo Malet) coure sur quatre supports, le roman en Omnibus, la BD signée Tardi, le film dont on ne peut voir que de maigres bouts sur "You Tube" et une adaptation radio sur You Tube toujours. Les regards portés sont tous différents et il est source de surprises de s'y intéresser. Maintenant, on pourrait même tout lire et écouter dans la simultanéité (faut voir..!)

      3 - Pourquoi ? Mon intérêt se porte classiquement sur le bouquin lui-même sur lequel je pose mon ressenti, mes coups de coeur , mon indifférence ou ma détestation, c'est selon. S'y ajoutent l'art et la manière d'autres regards qui ont entrevu des choses que j'ai laissé s'échapper, porté de l'importance sur des détails que je n'ai fait qu'effleurer.

      4 - "Le trou" de Giovanni. Je ne connais pas l'auteur (et pourtant il est connu et a apporté son poids au Polar Noir) Le film laisse émerger de très vagues souvenirs. J'y viendrai à l'occasion. J'ai des manques en "noir", il me faut les boucher.

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