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vendredi 14 novembre 2025

Grateful Dead – Grateful Dead (1967)

 
Warner Bros Records (1967)


Au cœur des sixties US, le 10 mars 1967, sort le premier LP studio du Grateful Dead dans les bacs des disquaires. Il se pose alors sur les platines Hi-Fi en accord avec l’air du temps, à deux ans de l’apogée de Woodstock : Hippie-land, West-Coast psychédélique, Los Angeles et San Francisco, fumette, LSD et Flower Power flamboyant encore à venir.

L’opus, par nécessité financière, est enregistré en 4 jours seulement ; il s’impose à l’instinct, dans le désir, la fraicheur et l’essentiel de ce qui est possible. Dès la première écoute on le perçoit comme un prélude, ramassé et compact, aux envolées qui suivront sur le fil d’une longue carrière florissante. Son titre est classiquement et banalement éponyme. Guitares psyché et sonorités semi acides comme des éclats de ce soleil d’été qui semble éternellement surplomber la Côte Ouest. Rien de vraiment spécifique, en somme, si ce n’est que les ingrédients-type du Dead-World sont déjà bien en place. Le groupe, dès ses premiers balbutiements, se montre plus qu’en gestation de ses ambitions dans ce rock direct et percussif qui semble parfois s’offrir des instants de liberté jouissifs, de courts ébats improvisés, préludes à de belles envolées sur scène, libres et fières de toutes attaches. Certains titres phare, déjà présents dans la track-list, feront les riches heures des concerts-marathons à venir. Plaisir palpable de jouer ensemble, de constituer une famille, une tribu ; cohérence du line-up et de ses ambitions.

Les 9 titres sont courts, directs, presque ramassés (sauf un, le dernier, « Viola Lee blues » de plus de 10 minutes offerts aux délires six-cordistes improvisés). On est loin des complexes luxuriances musicales de « Anthem of the sun » et de « Oxomoxoa » et surtout des longs épanchements improvisés qui bientôt viendront et feront la marque de fabrique du groupe, sa raison de jouer. Pourtant, les gimmicks de chacun des musiciens sont déjà là, on les reconnait vite, on sent la présence de Jerry Garcia (g) à ses soli clairs, cristallins, célestes et sereins ; celle de Lesh (b) à ses notes précises toujours bien en place ; celle de Pig Pen (p+h) (à son décès le Dead perdra son sens inné du blues à l’harmonica, au piano et à l’orgue Hammond) ; de Kreutzman (d) en attente de son sosie duettiste ; et de Bob Weir (g). Tous sont déjà aux commandes d’un line-up classique. Leurs ambitions sont claires : du rock, du blues, de la country, le tout brassé en un mix reconnaissable.

Je trouve nombre de charmes à cet album humble, aisé d’abord et direct dans ses intentions, même si son intérêt n’est encore rien à côté des réalisations qui suivront, « Aoxomoxoa » et « Anthem of the sun » en tête. «First Album» marque en somme le franchissement obligé d’une frontière entre ce que, d’un côté, le line-up est capable de faire et ce qu’il rêve de construire, de l’autre.

La musique du Dead peut paraitre désuète et vieillotte, à remonte-temps inutilement nostalgique ; on peut s’y trouver addict ou à des années-lumière. Elle n’est et ne restera que ce qu’elle a toujours été, éternellement vivante, libre et vivace… et c’est très bien comme çà. Enracinée dans les genres immortels qu’elle propose et enrichie des riches et fertiles impros dont elle sait se nourrir et s’exponentialiser.

Long live Dead.

En illustration sonore



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