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mardi 25 juin 2019

Hex - Thomas Olde Heuvelt


 

Stephen King, à propos de HEX, en recto de couverture, livre son ressenti (ou fait effort marketing) en oubliant ses propres thèmes et backgrounds de prédilection, ce sur quoi lui-même a déjà écrit, posé son empreinte et fait référence.
Je le cite: "Brillant et totalement original".
Original ?
Original quand un jeune auteur exploite un arrière-plan déjà exploré par le Maître lui-même ?
Dans HEX, en effet, un décor "à la manière de King" peu à peu s'implante:
_une petite ville US, semi campagnarde, suffisamment isolée et autarcique pour absorber en secret un huis clos horrifique né d'un dramatique passé collectif; et affronter une Apocalypse païenne peu à peu en gestation.

"Quiconque né en ce lieu est condamné à y rester jusqu’à la mort.
Quiconque y vient n’en repart jamais."


_un échantillonnage d'habitants représentatif de l' "Extérieur" (de cette Grande Amérique et de son mode de vie que sait si bien décrire King);
_une famille typique nouvellement établie, père mère deux garçons, à l'aise dans son argent et bien aimante les uns des autres;
_le chien de famille, doudou de tous, indispensable compagnon des chemins creux, qui ne va pas tarder à mourir, première victime de ce que lui seul perçoit au-delà des ombres;
_des ados aventureux, inconscients et naïfs, affrontant la malédiction locale et la monstruosité qui va avec ... jusqu'à déclencher la suite logique d'événements désastreux.
Tout çà sent le King et ses tics: pas la nouveauté. Les ingrédients communs se multiplient, la ressemblance est frappante. C'est le background classique dans lequel mijotent les monstres, les malédictions et les personnages du Patron.

Mes lectures récentes m'avaient apporté il y a peu "Le Signal". J'y avais rencontré des schémas géographiques, sociétaux et fantastiques classiques du Maître. Le pavé de Chattam, délibérément abordé comme un hommage à King est parfait dans ses intentions et sa réalisation. HEX sous une ossature fantastique semblable aurait été de trop si ce n'est que le roman parait "propre comme un sou neuf", les grosses ficelles agissent par magie sur des ressorts à peine sortis d'usine. Le grand miracle du roman est d'offrir un contenu novateur dans un contenant convenu, l'éclat du neuf sur la patine de l'ancien. Même si tout du long de la lecture King a semblé m'accompagner en filigrane, la patte de Thomas Olde Heuvelt à su s'imposer et emporter ma curiosité grandissante. Curieux phénomène que celui-ci...!

Alors quoi, où réside donc l'originalité de HEX ? A mon ressenti, à mon humble expérience du genre, ce roman s'ouvre, se remplit et se clôt sur une succession de trouvailles scénaristiques étonnantes, singulières et intrigantes; greffées sur un squelette de roman dans le style de King. Le "déjà-lu" s'efface, ne peut décevoir et fait place à l'éclat du neuf, au regard nouveau des mots sur les choses. La promesse à l'affiche est tenue: King a raison, l'auteur est original.

La 4 de couverture alléchante essaie de convaincre en ce sens, mise ses pions en annonçant de jeunes carottes dans le vieux pot des meilleures soupes. En effet: comment résister à la manière dont y est présenté Katherine van Wyler, en monstre tranquille loin de l'archétype brutal qui jaillit de l'ombre ?:

" Black Spring est hantée par une sorcière, dont les yeux et la bouche sont cousus. Aveugle et réduite au silence, elle rôde dans les rues et entre chez les gens comme bon lui semble, restant parfois au chevet des enfants des nuits entières. Les habitants s’y sont tellement habitués qu’il leur arrive d’oublier sa présence."

Comment résister à ne pas en savoir plus sur la ligne de défense humaine face aux pouvoirs latents de la sorcière ? Elle est étonnante, empruntant entre autres aux technologies de pointe: informatique et téléphonie ?

L'auteur, Thomas Olde Heuvelt, est jeune, néerlandais d'origine, naturalisé américain. Hex est son premier roman (çà promet tant dans le style d'écriture que dans la manière d'aborder les thèmes). L'ouvrage a subi une trajectoire éditoriale étonnante. Initialement paru aux Pays-bas et situant son action là-bas, il fut réécrit pour s'adosser à une petite ville américaine. Curieuse entreprise qui, si elle était restée en l'état, aurait pu dépayser le roman de l'empreinte typique que King lui impose. La fin a été modifiée, affinée, dixit dans la subtilité; je ne l'ai pas vu venir, elle m'est tombée sur les épaules ..et çà secoue..

En conclusion: s'inscrire dans la lignée des oeuvres de King c'est suivre un marché éditorial porteur d'un beau succès à venir (peut-être même ici déjà en place, le roman est sorti en France en 2017), s'en démarquer suffisamment une promesse de l'auteur à son lecteur, celle d'autres romans tout aussi efficaces et originaux.

PS:

Il y a, avec HEX, matière à adaptation cinématographique, J'ai revécu certaines scènes, la nuit venue, sommeil en mode "pause", sur l'écran de mes paupières baissées ... qui ne sont, fort heureusement, pas cousues, je n'ai eu de cesse de m'en assurer.








3 commentaires:

  1. je ne comprends pas très bien où réside l'originalité du roman...peut-être par petites touches? parce que globalement c'est du déjà vu, me semble-t-il..

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    1. C'est Katherine aux yeux cousus qui fait la différence. Sa seule présence tranquille semble tout pervertir, les hommes eux-mêmes de part leurs actes et paroles semblent les seuls acteurs de l'Apocalypse en préparation, ils actionnent un retour de manivelle du passé qui va les foudroyer. Il y a un peu de l'attitude du méchant dans Bazaar de King qui l'air de rien...

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