Titré, non sans raison, "Lost in Paris Blues Band" ce 16ème album de Paul Personne fait allusion à l'annulation d'une dizaine de dates, sur une période de 15 jours, de la tournée 2016 d' "Autour de la guitare" de Jean-Felix Lalanne à laquelle le guitariste participait en tant qu'invité, et au fait qu'en attendant sa reprise - back on the road, enfin - quelques musiciens anglo-saxons virtuoses, coincés dans leur hôtel parisien, s'ennuyaient ferme. Paul Personne eut l'idée de louer un studio pour y enregistrer/revisiter en collectif souple et impromptu quelques standards du blues.
En somme: quelques guest-stars blues-rock (ou venus, loin du blues, d'horizons improbables) se sont réunis autour d'un Paulo fédérateur. L'album devint un collectif éphémère qui mit en pot commun 13 reprises de standards du genre. Le projet en blitzkrieg (comment faire autrement ?), façon jams et en quasi live studio, fut bouclé dans l'envie du moment, l'improvisation amicale, le partage de feelings divers. L'ambition était louable, alléchante et pour le moins enthousiasmante; le tout tint ses promesses. Le projet relève d'un concept à l'ancienne; Paul Personne le sait et se moque de son parfum suranné. Seul lui importe le postulat de départ et le nectar qu'il peut en extraire: cette alchimie de rencontre impromptue entre un genre (le blues) et des virtuoses portés de bonne volonté. "The right men at the right place". L'idée d'un tel collectif n'est pas neuve; d'autres s'y sont essayés; souvent çà a foiré grandiose; là çà matche. La grande force du projet: tous les intervenants sont sur place, immédiatement disponibles en studio, seule l'envie du moment compte, façon jam participe qui le souhaite. Il y a quelque chose d'une session de jazz intemporelle qui apporte l'espace de brefs instants une coloration unique et homogène à l'ensemble des morceaux; on y sent une direction commune, un but à atteindre. Le maitre-mot est plaisir. C'est l'effet Paul Personne (le mec aime ce qu'il fait et donne envie d'aller dans son sens).
Tout sera bouclé en trois jours seulement, sous le signe de la spontanéité, de la virtuosité instrumentale de chacun des musiciens (le tout plus grand que la somme des parties) et du plaisir de jouer ensemble.
Certains noms d'invités ne m'étaient pas inconnus: Robben Ford, un guitariste électrique US entre jazz, rock et blues; la belge Beverly Jo Scott aux vocaux, celle qui se frotta le temps d'un album à des reprises de Janis Joplin (c'est dire..!). Deux autres musiciens que je découvrais, plus improbables via leurs domaines d'élection habituels: John Jorgenson et Bumblefoot Ron Thal. Et, enfin, l'assise rythmique de la tournée "Autour de la guitare": Francis Arnaud (drums), Kevin Reveyrand (bass).
Des chansons signées Tom Waits, Bob Seger, Willie Dixon, Janis Joplin, Howlin' Wolf, Mike Bloomfied + Nick Gravenites, Bobby & Shirley Womack, Muddy Waters, Elmore James, Bob Dylan .... etc (excusez du peu). Des titres archi-connus: "Little Red Rooster", "J don't need no doctor", "One good man", "Tell Me", "Downtown", "Fire down below", ... etc.
C'est la fête à la guitare, aux amplis chauffés à blanc, aux bends, aux pull-off, aux hammer-ons, aux glissandos de bottlenecks, à toutes ces techniques typiques du blues guitar.
La pochette a eu l'idée bienvenue de numéroter les entrées en solo de chacun, de mentionner les intervenants associés. Les soli se poussent, se bousculent, s'entrelacent, s'imbriquent l'un dans l'autre, tissent des duels d'une guitare à l'autre ... Une atmosphères de twin-guitars en parades nuptiales s'installe. Rien d'étonnant à ce que la plupart des titres se teintent d'une prégnante coloration southern rock sur laquelle s'empilent des bribes entrecroisées de solos.
Une set-list papier entrevue sur une vidéo You-Tube (un making of de l'album), laisse à penser, qu'hélas, tous les titres envisagés (enregistrés ?) ne se retrouvent pas sur le CD; il y manque rien moins que "Hoochie Coochie' Man","Power of the blues","Blues With A Feeling'","Call the Doctor","Crazy Mama","River Runs Deep", "Homework", "Sugar mama", "It takes time", "All Your love", "Double Trouble", "Homework", "J'd rather go blind", "Come in my kitchen" ... etc..
Alors, je dis çà, je dis rien mais une deuxième fournée CD avec les titres manquants ne serait t'elle pas que du bonheur ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire