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lundi 16 septembre 2024

The Rolling Stones – Grrr live ! (2023)

 

            

         Paru fin 2023, le dernier album studio des Stones, « Hackney Diamonds », ne semble pas s’aventurer sur des chemins novateurs. Le groupe y fait ce qu’il sait faire et le fait bien. Ce cru vinylique n’est ainsi qu’un opus de plus, semblable aux précédents, noyé dans une discographie désormais conséquente. Il n’offre qu’une continuité musicale presque rassurante et se montre, intuitivement, un brin fataliste, résigné à une évolution à minima. Faut s’y faire, les Stones ne seront, hélas plus, c’est une évidence, ce qu’ils furent à leur apogée ; ce serait les prendre pour des surhommes. En studio, on se contentera donc avec plaisir du service minimum. En live, autant laisser le groupe fouiller ses archives sonores pour en extirper les concerts d’antan qui, de leur avis, furent d’importance et dont on sera toujours preneurs.


         
C’est ce que propose les Stones avec « Grrr…Live ! » : l’intégralité audio (et vidéo) d’un concert daté de 2012, disponible dans les bacs depuis février 2023. Ce sont 2CDs/3LPs doublés d’un DVD/Blue ray relayant le visuel du show. L’album est l’un des « official bootlegs* » que le groupe sort régulièrement depuis 2011**. On y trouve d’inestimables échos disparates de leur passé scénique toutes décennies confondues. Ils ont été enregistrés lors de divers concerts, certains en des lieux d’exception (Copacabana, par exemple). La série est une initiative légitime, louable et justifiée à l’écoute de ses qualités historique et musicale. 

 « Grrr… Live » se veut l’écho live du quasi homonyme « Grrr !», l’album au gorille lippu, une compil studio de 2012. Elle fut, pour les Stones, un moyen de se rappeler à notre bon souvenir, via un énième best-of, durant une époque studio creuse entre « A Bigger band » (2005) et « Blue and lonesome » (2016). Restait à y apporter un témoignage live ; le voici 11 ans plus tard.

 

Le tout a été enregistré le 15 décembre 2012 au Prudential Center à Newark, New Jersey (USA). Les Stones y fêtaient grand train leurs 50 ans de carrière : l’occasion d’inviter en guest-stars une belle tripotée de vrais musiciens rock & consorts. La setlist reconduit, comme attendue, la classique enfilade de standards immortels ; s’y égarent pour notre plaisir des chansons de leur répertoire moins communément retenues (voire inédites en live) ; y étincellent d’autres qu’ils n’ont pas signées. Les instants-clefs du show sont ceux où des invités poussent de la voix et/ou de la guitare.

Mick Taylor, sur « Midnight Rambler » : le guitariste hausse les Stones à l’apogée de ce que son collectif montrait en 72 du temps d’« Exile… » & Co. Le titre est, à mon sens (mais j’ai toujours eu un faible subjectif pour le jeu limpide du « blondinet »), le point culminant du concert. C’est lui qui soupoudre d’une revigorante dose de bon temps jadis ces Stones de 2012. Nos jeunes années resurgissent en filigrane nostalgique. Taylor semble de retour au bercail ; son toucher si différent de celui de Keith Richards revit enfin dans le collectif ; on entend le lead-guitarist se démarquer du cinq-cordiste essentiellement rythmique. Ainsi revit la Grande Epoque des Stones pendant laquelle l’un et l’autre se différenciaient vraiment.

John Mayer et Gary Clark Jr. : la fureur de « Going Down », signé Freddie King, repris, par exemple, par Beck Bogart & Appice). 4 guitares sur scène en soli enchevêtrés. 6’27’’ de magie.

Lady Gaga avec l’incontournable « Gimme Shelter ». Sur la vidéo la chanteuse se présente, façon blondasse cigogne, comme un « bonbon krema reglisse-menthe » monté sur chaussures-échasses (cf la vidéo en hyperlien en fin de chro). Il n’en reste pas moins que le duo avec Jagger offre une version particulièrement réussie, envoutante et dynamique d’un morceau mythique. J’adore, même si Gaga, dans ses choix musicaux habituels, n’est pas ma tasse de thé.

The Black Keys. Le très sautillant standard blues « Who Do You Love » offre à trois guitaristes et deux batteurs un terrain de jeu à la hauteur de leurs talents et de leurs envies. Ce fut, jadis, un morceau repris par les Doors et Quicksilver Messenger Service pour des medleys surchauffés et percutants. The Black Keys ; un duo blues-rock que je ne connaissais pas et qui couplé aux Stones donne tout son jus. Une piste à suivre.

Bruce « The Boss » Springsteen avec « Tumbling Dice », qui lui va si bien.

Au final, un fichu bon moment, enthousiaste et énergique, je me dis qu’en 2024 l’écoute attentive de «Grrr live ! » se doit de focaliser sur le jeu à la batterie de Charlie Watts. Son décès a t’il laissé un vide dans Hackney Diamonds, le dernier album des Rolling Stones auquel il n’a pas participé ? Sa bonhommie jazz nous manque, c’est un constat à minima. Il a construit un 5ème du son des Stones via sa complicité avec ce métronome en greffon organique implanté dans son oreille interne.

En illustration sonore : The Rolling Stones & Lady Gaga - Gimme Shelter (GRRR Live)

PS : A mon sens, ressortir ces beaux concerts d’antan montre que les Stones sont en train de réussir là où Led Zeppelin a échoué en se resserrant de manière autarcique sur ses albums studio. Remastériser grand luxe ces derniers ne suffit plus quand, on le sait, des LPs pirates éblouissants rodent, en satellites, à la périphérie des copyrights, dans un no man’s land qui ne demande qu’à être élargi légalement.

Same players shoot again ... !

 

* official bootlegs : simili disques pirates officiels, cautionnés par le groupe et copyrightés dans les règles à qui de droit.

**: le premier de la série fut le mythique « Brussels Affair » de 1973 qui fut, en son temps, une sacrée référence « pirate » vendue sous le manteau et, maintenant, un live réhabilité, légitimé, copyrighté et virginalisé; son titre "Live at Leeds". Le dernier en date, « Live at the Wiltern » (2024) est chroniqué ici. Celui que je préfère est «El Mocambo 77 » .



 

 

 

 

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