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mercredi 15 janvier 2025

Tendre Violette 03 Malmaison – Jean-Claude Servais + Gérard Dewamme (BD)

 

   
Réédition Casterman (1986) + Prépublication du premier épisode/6 dans le mensuel (A Suivre) n°66 (1985)

« Malmaison » est un roman graphique signé Jean-Claude Servais (dessins) et Gérard Dewanne (scénario). C’est le 3ème tome (sur 7) d’une série BD titrée « Tendre Violette ». Il fut, à l’origine, disponible en pré-publication N&B sous forme de feuilleton dans le mensuel (A Suivre) du n°66 au n°71, puis en album original (1984) chez Casterman dans la collection « romans (A Suivre) ».  Les rééditions seront (judicieusement ?) colorisées. Le noir et blanc possède le charme essentiel du travail graphique brut initial. La couleur resserre le regard sur les centres d’intérêt ; la lecture s’en trouve certes facilitée mais perd le charme de l’intention première.

Lecture faite, pour la présente chronique, via deux supports : une réédition de 1986, presque l’original, et le recueil n°12 du magazine (A SUIVRE) qui contint, de mois en mois, l’intégralité-feuilleton des 6 prépublications. Les deux versions sont en N&B…

Graphiquement, le ton est au grand spectacle, panoramique le plus souvent ; c’est une ode à la campagne du début XXème siècle ; la nature telle que dessinée par Servais s’y impose dans toute sa splendeur ; je suis très sensible au style de Servais qui nous plonge avec bonheur (presque sérénité) dans tous les détails de chaque vignette. Quant aux humains croqués, visages souvent en gros plans, ils parlent souvent d’eux-mêmes sans phylactère associé ; on y lit des pensées qui n’ont pas besoin d’explications, des tourments qui n’attendent que d’être exacerbés. Regards pénétrants, intrigants, énigmatiques, habités par une folie latente ou le désir de vengeance qui ne dit pas son nom, terrorisés par ce qui guette dans l’ombre au cœur de croyances ancestrales surgies de la nuit des temps. A l’opposé : faciès heureux et bienveillants, tendres et amoureux, en accord avec une vie simple. La dichotomie bien/mal est prononcée bien que certains personnages avancent masqués de l’un vers l’autre… la tragédie se dénoue entre ombre et lumière.

Les auteurs de la BD, à l’issue du diptyque inaugural (« Julien » puis « La Cochette), nous avaient, sans trop nous étonner, laissés sur des espoirs d’une suite. Le scénario embarqué comportait, semble t’il, des trous intentionnels où pouvaient s’insérer des éléments à suivre. Servais et Dewanne re-convoquent donc l’héroïne (bientôt enceinte) ; Lucye la guérisseuse et accoucheuse, intrigante et mystérieuse, ouverte aux choses de l’au-delà et aux moyens de les convoquer ou de les repousser ; Bourguignon le beau tailleur de pierre itinérant revenu d’Italie avec une passion pour la photographie (trois de ses clichés ramènent au tirage les fantômes d’un drame au bord du lac et au pied de l’abbaye proche). S’insèrent dans l’intrigue des personnages nouveaux : un médecin ténébreux, son valet à tout faire, nabot disgracieux au comportement trouble et malveillant, un haï de tous.

Philtres ancestraux sans nul doute magiques, tisanes curieuses aux recettes étonnantes, spiritisme obscur entre lumière et obscurité, silhouettes humaines en réduction dansant dans les flammes d’un feu de cheminée … tout folâtre dans un Fantastique léger proche de celui du XIXème siècle campagnard.  

Dominée par une grossesse compliquée, Violette perd son rôle principal et subit les événements ; les nouveaux venus, autour d’elle, s’agitent et imposent leurs ambitions malveillantes ou protectrices, tissent une atmosphère tendue et mystérieuse.

Qui pour suivre la grossesse ? Le toubib et son intriguant valet nain, ou la guérisseuse Lucye ? Deux conceptions opposées de la médecine, côte à côte, face à face, en ennemis éternels, KOs à points comptés. Le bébé nait … Qui, des deux, ou ensemble, à son propre profit, pour espérer en Violette enceinte un vecteur maléfique ? Il y a un parfum d’« Un bébé pour Rosemary » d’Ira Levin dans les prémisses et la conclusion du drame en cours.

… La suite appartient au récit… et révèle bien des surprises.

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