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samedi 3 octobre 2020

Afromerica – Jeremiah 07 - Hermann (BD)

 


Novedi Ed. (1982)

 

"Afromerica", 7ème épisode de la série, est sorti en 1982.

L'opus précédent : "La secte", gagnait en graphisme ce qu'il perdait au niveau du scénario, montrait un léger déséquilibre entre un texte à mon sens faiblard et des dessins magnifiques et omniprésents. Hermann resserre ici les boulons autour d'une histoire qui a du poids, se montre conséquente et étoffée. Quelques personnages, du moins plus qu'à l'ordinaire, loin d'être secondaires, sont mis à contribution dans des rôles importants; leurs intentions opposées ramifient et diversifient les possibles du scénario qui peu à peu se déroule dans toute sa complexité. Ce qui est raconté tient la route, passionne, s'impose avec intérêt; mais la complexité du tout engendre un nombre conséquent de phylactères bien remplis. Exposer la situation a du obliger au sacrifice de la place laissée au dessin qui, néanmoins, s'en tire plutôt pas mal, mais avec moins de lyrisme graphique qu'à l'ordinaire.

Dans sa volonté de renaissance, le scénariste-dessinateur revient aux bases de la série, à son idée de départ, aux origines du monde post-cataclysmique qui l'occupe depuis 3 ans. A savoir un conflit interracial entre noirs et blancs qui a dégénéré jusqu'à l'usage immodéré du nucléaire guerrier. La Terre a été laissé à une "Grande Lessive" (si bien nommée) où les survivants, au cœur d'une nature qui reprend ses droits, cherchent leur simple survie ou des schémas de reconstruction au service d'un monde qu'ils veulent autre.

Le problème central demeure racial, malgré les années écoulées, qui, dans le fatras des jours d'Après, aurait du paraître si aisément contournable ...

Chaque camp, depuis la catastrophe, s'est posé géographiquement à bonne distance l'un de l'autre, dans un calme et une indifférence réciproque, en repli sur soi autarcique, dans son propre modèle de société rêvée peu à peu recrée. Existe t'il toujours, dans l'optique d'une réconciliation, une place pour, au-delà d'une simple différence de couleur de peau, des modèles de vie divergents ?

Les temps paraissent, néanmoins, aux yeux de certains, désormais propices à une paix peut-être fragile mais enfin envisageable. Blancs et noirs tout proches d'enfin se serrer la main, en oubli du passé ? Une ombre au tableau persiste néanmoins: chaque clan est noyauté et vérolé, au plus près des deux pouvoirs centraux, par des cercles d'influences extrémistes d'égales importances. La Guerre plutôt que la Paix. Pour l'un, c'est "Survival", groupe suprématiste blanc; pour l'autre "Afromerica".

Les circonstances vont faire, et c'est tout le sujet de l'épisode, que Jeremiah et Kurdy devront, fruits du hasard et des rencontres, émissaire pour l'un et otage pour l'autre, démêler une situation où des forces amies s'opposent et d'autres, ennemies se rejoignent. Sauveront t'ils leurs peaux sur un échiquier où les pièces des uns et des autres avancent difficilement à découvert ou en intentions cachées ?

L'empreinte western sur la BD est moins prégnante qu'à l'ordinaire, les vignettes oublient quelque peu les standards visuels du genre, elles se privent volontiers de révolvers et les chevaux ne sont plus si omniprésents. Les décors se montrent plus africains (thème oblige), l'urbanisme emprunte les formes d'un autre continent, les Grandes Plaines US prennent des allures de savane ...

"Afromerica" est peut-être à mon sens le meilleur des Jérémiah jusqu'ici lus. Il agglomère autour d'un thème fort (qui au regard de certains événements d'actualité perd son aspect d'anticipation) des qualités graphiques et scénaristiques qui me semblent indéniables.

Mention spéciale à Mungalia, l'homme aux guépards, qui donne à certaines vignettes un graphisme d'anthologie.





 

2 commentaires:

  1. Tu commences à m'intriguer avec ces Jeremiah-des... ^^


    PS : l'illustration de couverture de cet album m'évoque une "idée noire" de Franquin : https://i.img.mu/B0ut5.jpg

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    Réponses
    1. MDR. Il y a encore 31 tomes à la traîne de ce 7ème. Mais d'ici à les trouver: de l'eau sous les ponts il se passera.
      Jeremiah ne peut que t'attirer, je te connais, il y a une empreinte ciné très forte dans la manière graphique d'Hermann
      Étonnamment cette structure labyrinthique visible sur la 1 de couverture et sur une des images extraites n'a pas d'influence vraie sur le récit. Peut-être n'est ce qu'une protection contre les envahisseurs à l'image d'un pont-levis ou d'une douve remplie d'eau...?
      Ah Franquin et ses "Idées noires" il me faudrait y revenir.

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